Les plaquettes sont prêtes pour y loger les centaines de macarons stylisés que Victor Da Silva va confectionner à l’effigie des Fêtes maritimes de Brest 2024. Créatif et intuitif, le jeune pâtissier brestois est au four et au mixeur pour peaufiner « le lancement » de son innovation pâtissière baptisée Seduce, qu’il a créée en mai dernier dans son laboratoire à Guipavas : des macarons personnalisés, cuisinés localement et décorés du logo de l’entreprise, de l’événement ou d’une photo choisie, avec des colorants alimentaires imprimés au laser. Il est le seul en Bretagne à proposer ce goodies gourmand ; et déjà les commandes affluent.
Un tel démarrage, le jeune artisan a déjà connu, il y a deux ans, lors de la création de son entreprise Pâtisserie Da Silva. « Je savais ! Depuis toujours je savais que je créerai ma pâtisserie« , lance avec détermination et un large sourire le jeune homme. « Déjà en classe de 4e, je voulais démarrer mon activité. » Elevé dans une famille d’entrepreneurs indépendants, son père est maçon, sa mère femme de ménage, Victor a appris à pâtisser avec sa grand-mère. « Je faisais déjà beaucoup de gâteaux, malgré que je préfère le salé au sucré. »
Son ambition : devenir son propre patron
La passion est nourrie par des stages volontaires et enchainés tout au long de sa scolarité. « Rien qu’au cours de mon année de 3e, j’ai sollicité et réalisé quatre stages professionnels ! » Le jeune Victor s’inscrit ensuite à l’Ifac Sup’Ifac Campus des métiers à Guipavas, pour suivre un CAP pâtissier. Il ressort diplômé, avec l’une des cinq meilleures notes de la promotion. Ces deux années suivies en apprentissage musclent sa carapace et son envie d’entreprendre. Pour calmer son impatience, il se spécialise en pâtisserie haut-de-gamme, mention supplémentaire en confiserie-chocolaterie. Qualifié, à 17 ans, au concours du meilleur apprenti de Bretagne, il obtient la quatrième place, et est repéré par le Rotary club qui l’invite à participer au concours national d’éloquence et de présentation du métier. Son baba au rhum à la mangue passion coiffé de chocolat Dulce ravit les palais du jury. « J’ai terminé premier au niveau de la France. La passion a emporté mon récit », se souvient le jeune apprenti qui aurait pu enchainer les concours et les expériences professionnelles. Mais cette perspective l’éloignait alors de son ambition : devenir son propre patron. C’est chose faite le 1er octobre 2022.
Un nouveau concept : la livraison BtoB
Agé de 18 ans, Victor Da Silva dépose les statuts de son entreprise qu’il installe, pour commencer, dans le garage de ses parents. Avec ses économies, « 2000 euros placés sur un livret A », l’entrepreneur (in)né équipe son premier labo d’un four et d’un réfrigérateur pro. La promiscuité du lieu le conduit à proposer ses pâtisseries en mode click-and-collect. Début 2023, Victor Da Silva élargit le concept à la sphère professionnelle. « J’ai démarché les restaurants locaux, en proposant de leur livrer mes gâteaux. » Plusieurs établissements brestois embraquent. Puis des collectivités et des entreprises qui sollicitent le savoir-faire du jeune pâtissier pour leurs événements. C’est ainsi que Victor Da Silva a servi son fraisier, le best-seller de sa carte, aux responsables et invités de la compagnie aérienne Volotea, lors de leur implantation à l’Aéroport de Brest Bretagne.
Fin 2023, le développement de son activité pousse Victor Da Silva à agrandir son atelier. Il trouve un local à aménager à Guipavas, « en périphérie de Brest pour rester à proximité des voies express », précise l’entrepreneur dont le business reste centré sur le triptyque commande/collecte/livraison. Le 23 décembre dernier, deux jours avant le rush de Noël, Victor Da Silva réussit à ouvrir sa boutique et à en élargir l’accès au public, le samedi uniquement. « Chaque semaine, je propose et renouvelle une douzaine de variétés de gâteaux, élaborés majoritairement à partir de produits locaux et allégés naturellement en sucre. Le jour de l’ouverture, il y avait une file d’attente d’une heure et demie ! Ce fut un très bon démarrage », raconte le jeune pâtissier, déjà connu et reconnu.
La recette de son développement
En deux ans d’exercice, l’activité bat son plein. Victor Da Silva cuisine et livre entre 1500 et 2000 pâtisseries par semaine. Le lancement de sa nouvelle marque de macarons personnalisé, Seduce, dope son développement. D’ici deux ans, l’artisan prévoit la création d’une dizaine d’emplois et l’ouverture d’autres points de vente. « L’entreprise, c’est ma vie ! », répète Victor, le visage joyeux et le sourire contagieux. « Sans mes parents, je n’en serai pas là. A leurs côtés, j’ai appris la valeur du travail, la liberté de l’organiser et l’envie d’être autonome. Ma famille reste mon modèle », avance avec assurance et une maturité quelque peu déconcertante ce primo-adulte dont le nom est apparu dans le Guide Gault&Millau, publié en juin dernier. Une reconnaissance que sa famille et ses clients sauront apprécier en retour.
