A l’origine de Blueback, ils sont deux cofondateurs : Caroline Pautard, 42 ans, ingénieur en instrumentation et un doctorat en physique nucléaire appliquée au médical et Clément Jouanneau, 38 ans, double master en biologie et droit des affaires dans le secteur des médicaments. En 2015, collègues de travail au sein de la même société ils s’intéressent à la problématique soulevée par une kinésithérapeute, en l’occurrence la sœur de Caroline.« Le muscle transversal, au niveau de la ceinture abdominale, est essentiel à travailler lors de séances de rééducation. Or ses patients n’arrivant pas à visualiser la contraction de ce muscle profond, finissaient par abandonner faute de pouvoir assimiler les bons exercices. Il faut savoir que ce muscle transversal stabilise toute la colonne vertébrale. Il est à l’origine des lombalgies. »
Une technologie brevetée
Il leur a fallu deux à trois ans de recherche et de tests pour que l’aventure se concrétise et que naisse, à Cesson-Sévigné (35) en 2018, leur dispositif médical : Le Blueback Physio. « D’un côté, le kinésithérapeute pose des électrodes ultra haute définition au niveau de la ceinture abdominale qui collectent l’activité du muscle. De l’autre côté, notre algorithme est capable de détecter l’activité du muscle transverse abdominal et de fournir en temps réel ses données sur l’application via une Bluetooth. Le patient visualise l’efficacité ou non de ses exercices. Il est en mesure de les corriger si la courbe qui s’affiche n’est pas optimale. ». Seule société au monde à proposer cette technologie, Blueback a protégé son algorithme via le dépôt de deux brevets. « Il est crypté. Nous avons passé un audit de cybersécurité pour contrôler si notre système était craquable. Le test était concluant. » Depuis son lancement, le dispositif médical a également bénéficié de 19 mises à jour. L’équipe de 10 collaborateurs vient de quitter la pépinière de Cesson-Sévigné pour s’installer à Pacé près de Rennes.
30% de l’activité à l’international
La start-up, qui a démarré la commercialisation en 2020, en France mais aussi en Europe, compte parmi ses clients des acteurs comme le Stade rennais, le centre de Clairefontaine, le PSG, le FC Nantes, les fédérations de France de Tennis, de Rugby, de cyclisme, handball féminin etc. « On cible les kinésithérapeutes, et les centres sportifs de haut niveau mais aussi les médecins spécialisés MPR. » Les premiers sont 100 000 en France, 500 000 en Europe. « Nous travaillons en direct, mais surtout avec un réseau d’une vingtaine de distributeurs spécialisés comme Sissel, à Couëron, ou Mazet médical, filiale de distribution d’Electronique du Mazet », poursuit Clément Jouanneau. Depuis cette année nous sommes également distribués au Maroc et à Hong Kong ». Accompagnée depuis ses débuts par Bretagne Commerce international, Blueback réalise 30% de son CA (non communiqué) à l’export et entend se développer aux Etats-Unis, d’ici deux ans.
Une technologie basée sur l’analyse de l’activité électrique des muscles
En 2022, Blueback a levé 1,5 million d’euros auprès de 48 acteurs dont Electronique du Mazet (45) qui conçoit et fabrique, sous la marque Mazet santé, des produits médicaux, comme Biostim dont l’utilisation peut se faire conjointement à celle du Blueback Physio. « Ensemble nous nous appuyons sur notre technologie de base à savoir la « Deep électromyographie » pour développer un nouveau dispositif, l’Inner Up, destiné à la rééducation périnéale. » Le marché ciblé est le même à savoir les kinésithérapeutes sportifs mais aussi les sages-femmes. « 20% des sportifs de haut niveau souffre d’incontinence urinaire. Ce problème touche autant les femmes que les hommes, mais chez ces derniers, le sujet reste particulièrement tabou. » En France 3 millions de personnes sont frappés d’incontinence urinaire, avec une variabilité importante selon les études.
L’appareil développé par Blueback permettra la rééducation du périnée sans sonde, grâce à une solution d’électromyographie profonde. « Notre technique est non invasive, basée là encore sur l’analyse de l’activité électrique des muscles via la pose d’électrodes en surface. » Cette technologie de pointe totalement novatrice est soutenue par la Région Bretagne qui a débloqué une avance remboursable de 230 000 euros.
A moyen terme, d’ici cinq ans, Blueback entend développer d’autres produits grand public. D’ici là, 2024 s’annonce tout aussi prometteur que 2023 avec une croissance prévue de l’ordre de 50%.
