Thereco, une entreprise costarmoricaine, occupe depuis plus de 40 ans, une place de choix dans le secteur des systèmes de chauffage et de climatisation à haute performance énergétique. Portée par France 2030, via son plan de décarbonation de l’industrie et le besoin pressant des bâtiments publics comme des centres commerciaux ou des bureaux de réduire leur facture énergétique, elle voit son carnet de commandes s’envoler. De près de 10 millions d’euros en 2022, son chiffre d’affaires devrait grimper à 12 voire 13 millions d’euros en 2023. Cette croissance inédite oblige Frédéric Huet, son dirigeant, à recruter. Au moins cinq postes sont à pourvoir immédiatement.
C’est en 1979 que Thereco voit le jour. D’abord à Paris où en collaboration avec EDF, l’entreprise met au point une pompe à chaleur à très haute efficacité énergétique, dédiée au secteur tertiaire. Le produit est breveté et en 1983, l’entreprise déménage sa production à quelques encablures de Pleudaniel dans les Côtes d’Armor, aujourd’hui siège social de l’entreprise. Très vite, Thereco se fait un nom auprès des exploitants de cinémas.
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Aujourd’hui, nous sommes leader sur ce marché. Avec nos pompes à chaleur, on chauffe et on refroidit jusqu’à 10 salles de cinéma avec l’ intégration d’un superviseur qui permet de mieux piloter la performance et le suivi des 10 machines ainsi connectés. A contrario des généralistes, on s’adapte à la configuration de chaque site (poids, acoustique ou dimension) , c’est aussi ce qui fait notre force », rapporte Frédéric Huet. De formation génie climatique, l’homme a pris la direction commerciale de l’entreprise en 2007 avant d’en devenir PDG en 2009. A l’époque, la PME compte 23 salariés, contre 49 aujourd’hui. Des clients comme Pathé, Mégarama ou UGC, lui ouvrent les portes de l’export en Europe. Outre le cinéma, elle se tourne progressivement vers les équipements collectifs, la GMS, l’industrie, et plus récemment les bureaux.
Des installations de plus en plus complexes
« Dès mon arrivée, j’ai commencé à mettre en place un service après-vente. Au fur et à mesure que le marché s’est règlementé, avec des exigences de performance énergétiques et écologiques de plus en plus complexes, nos marchés et nos gammes de produits se sont étendus.» L’entreprise, membre de la French Fab, conçoit , construit et assure la maintenance de ses installations. De plus en plus connectés, les produits sont interrogeables à distance via un site web, soit par le client utilisateur, soit par l’entreprise elle-même. Le bureau d’étude emploie treize techniciens, en charge de définir les plans et de les exécuter. Thereco se charge du montage et de la mise en service de chaque installation à savoir des carrosseries en aluminium équipées de ventilateurs, de batteries , d’échangeurs et autres compresseurs. « Récemment, nous avons investi 200 K€ dans une cabine climatique. Nous testons la réaction de nos produits dans des conditions environnementales spécifiques, telles que le chaud, le froid ou l’humidité. »
Diversification des marchés
Cette expertise alliée à un bon niveau de service lui ouvre la voie de nouveaux marchés. « On équipe presque toutes les sites de production d’algues. L’objectif est de déshumidifier l’air qui est au contact des algues pour mieux les sécher. On équipe aussi des data centers en fabriquant de l’air neuf destiné aux personnes qui travaillent à l’intérieur, etc. A chaque fois qu’il y a une complexité technique, on vient nous chercher. C’est exactement ce qui s’est passé pour la tour de bureaux de TF1. C’est un chantier de rénovation qui va durer trois ans !» La GMS est aussi un marché sur lequel Thereco est en plein développement. « Leurs installations sont souvent très énergivores. Notre technologie leur permet de réduire de 25 à 30% leur facture. Qui plus est, s’il est bien entretenu, notre produit a une durée de vie de 20 ans, voire plus.»
+20 à 30 % de croissance en 2023
Installée dans un bâtiment de 5 000 m², l’entreprise se développe sur un marché particulièrement soutenu depuis la crise en Ukraine et l’envolée des prix de l’énergie. « Depuis juillet 2022, nous sentons un phénomène d’accélération. Le Covid, la guerre en Ukraine et l’inflation galopante ont entraîné un décalage dans la prise de décision des chefs d’entreprise mais le plan France 2030 du gouvernement a provoqué un déclic. Sur les trois premiers mois de l’année , le montant de notre carnet de commandes atteint le niveau du chiffre d’affaires de l’année 2022, soit près de 10 millions d’euros. » Dans ce contexte, Frédéric Huet table sur une croissance comprise, cette année, entre 20 et 30%. Pour mieux y parvenir , il va aussi se faire accompagner par les équipes de Breizh Fab, afin d’optimiser son organisation industrielle.
Des délais de livraison multiplié par deux
Cette accélération n’est pas sans poser quelques problèmes, alors même que certains composants électriques ou frigorifiques manquent à l’appel. « Les délais de livraison sont loin d’être revenus à la normale. Ils peuvent aller de 30 à 40 semaines pour certains composants. Cela entraîne inévitablement une inflation des prix (+15%) qui vient s’ajouter à celle des matériaux que nous utilisons, à savoir l’aluminium et le cuivre ( +25%.) »
La hausse des prix a également freiné la croissance de 2022. « Nous avons cherché le bon équilibre entre chiffre d’affaires et rentabilité. 2023 doit être une borne et devrait nous permettre d’augmenter notre résultat. Aujourd’hui, la première question de nos clients porte sur les délais de livraison. Ils sont passés de 8-10 semaines à 16 semaines. La question du prix vient après. » L’autre difficulté à laquelle se heurte Thereco, comme bon nombre d’industriels, est le recrutement. « La métallurgie n’attire plus, ni l’industrie en général. Nous cherchons notamment un électricien, un frigoriste, un soudeur alu , un metteur au point. C’est un vrai défi ! C’est pourquoi nous formons les jeunes en interne», conclut le dirigeant. Le message est passé.
