Transitions

Lorient (56). La Bretagne souffle la création d’une filière de transport maritime à la voile

Le jour du départ du voilier-cargo Grain de sail pour sa 3e transatlantique, plus d'une centaine d'industriels de l'agroalimentaire et de la construction navale, entre autres, sont rassemblés à Lorient pour le lancement par la région Bretagne d'une nouvelle filière de transport maritime à propulsion par le vent. Tous les maillons semblent réunis, des chargeurs aux consommateurs en passant par les constructeurs et les opérateurs marins. Comme un écho à la COP 26 qui se tient à Glasgow, la Bretagne innove et fédère pour apporter des solutions concrètes contre le réchauffement climatique. 

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De rêveurs à pionniers, il n’y a qu’un pas (ou plutôt une décennie) que la région Bretagne a franchi en réunissant hier à Lorient les acteurs et promoteurs d’une filière émergente liée au transport maritime à propulsion vélique. Tout semble réuni pour que cette filière s’élance.

Une récente étude menée par l’agence régionale Bretagne Développement Innovation auprès des entreprises de la « Bretagne Saling Valley », orientées majoritairement vers l’industrie de la voile de compétition, révèle l’existence non seulement d’une volonté mais aussi d’une réelle capacité à étendre et adapter leur savoir-faire au transport maritime. « Sur 236 entreprises répondantes, 156 issues principalement des secteurs du naval, du nautisme ou de la voile de compétition, et localisées majoritairement dans le sud de la Bretagne, constituent cette filière émergente. Pour 55 % d’entre elles, ce nouveau marché est “prioritaire à important” pour leur développement« , rapporte Carole Bourlon, responsable Grands Programmes Structurants chez BDI.

 

« 80 entreprises sont positionnées sur la fabrication d’éléments ou de sous-ensembles de systèmes à propulsion par le vent et 61 sur l’architecture, l’ingénierie ou la modélisation de systèmes à propulsion par le vent : deux domaines de compétences qui apparaissent comme étant les points de force de la filière industrielle. On dénombre aussi déjà 19 entreprises positionnées en tant qu’armateurs et 9 affréteurs« , continue le compte-rendu de cette étude.

Passer à l’industrialisation

Plusieurs projets ont déjà pris racine en Bretagne : un temps marginalisés, ils sont devenus des réalités aujourd’hui citées au titre d’exemplarité. Ainsi le chocolatier Grain de Sail et sa flottille de voiliers-cargos bientôt constituée (le 2e bateau entre en construction quand le premier vient de reprendre la mer pour sa 3e transatlantique), ou bien la mise à l’eau de Iliens, ce catamaran servant de navette régulière entre Quiberon et Belle-île et qui clôture sa première saison avec le goût du succès : 13 300 passagers l’ont empruntée cet été. A Douarnenez, le transporteur Towt a lancé la construction de quatre navires à voile. Les Chantiers de l’Atlantique sont également fer de lance pour la réintroduction de la voile sur des navires commerciaux via le projet de paquebot Silenseas et la construction de voiles composites Solid Sail auxquels participent plusieurs entreprises bretonnes.

« On a passé un cap, les technologies sont matures et ont fait leurs preuves. Il faut désormais enclencher la phase d’industrialisation« , souligne Denis Juhel, directeur général du bureau d’études et d’architecture navale CT Mer Forte à La Forêt-Fouesnant.

« Les résultats de cette étude viennent confirmer l’émergence d’un marché prometteur du transport maritime propulsé par le vent et une forte accélération avec des projets matures aux enjeux importants puisque le transport maritime assure plus de 90% du transport de marchandises au niveau mondial », déclare Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne. 

Les chargeurs sont identifiés

Côté marchandises justement, les industriels bretons se disent prêts également, pressés par les exigences de leurs clients et le changement de culture entrepreneuriale qui privilégie la diminution de leur impact carbone. « Là où il y a dix ans, on nous aurait pris pour des doux rêveurs, aujourd’hui la décarbonation ne fait plus de doute. Elle devient une nécessité accessible« , complète Loïc Hénaff, Pdg du groupe Jean Hénaff et président du réseau Produit en Bretagne. « Plusieurs entreprises sont prêtes à embarquer. Il faut se rassembler et y travailler pour que l’Etat bouge quelques lignes en matière de réglementation », souligne l’industriel.

« Y’a plus qu’à » concluent d’aucuns au sortir de cette première réunion qualifiée d’historique, au cours de laquelle la Bretagne a d’ores et déjà marqué une longueur d’avance. 

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