Transitions

Crises énergétique et climatique. Pour Marie-Laure Jarry, l’agroalimentaire va changer d’ère

2023 est là et avec elle de nouveaux défis de production et d'organistion pour les entreprises. Pour Marie-Laure Jarry, directrice générale de la biscuiterie artisanale Maison Le Goff, à Morlaix (29), les donnes ont changé. Inflation, difficultés d’approvisionnement, rapports de force avec la grande distribution, crises énergétiques et climatiques forgent les nouvelles donnes de l'industrie agroalimentaire, et de la production industrielle en générale. La raison pousse donc ces capitaines d'industrie à s'adapter et innover pour perdurer. L'année s'annonce musclée !

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Simon Cohen
Marie-Laure Jarry, directrice générale de Maison Le Goff à Morlaix

Les chiffres de l’INSEE sont tombés. Au premier trimestre 2022, l’inflation devrait approcher les 7%. « Pour des raisons géopolitiques et environnementales, il est difficile de prédire un retour à la normale », analyse Marie-Laure Jarry, qui, depuis trois ans, tient bon la barre de la Maison Le Goff à Morlaix, pour passer les vagues successives sans compromettre la dynamique de l’entreprise de 45 salariés. Covid, confinement, guerre en Ukraine, pénurie de matières premières, inflation, l’époque n’est plus la même. Et ne sera plus la même « Avant, le grain de sable, c’était la panne ou le pépin de canalisation. On est passé un cran au-dessus », ironise la cheffe d’entreprise.

La loi des cycles

Depuis deux ans, les entreprises subissent ce qu’on appelle la loi des cycles, une difficulté en entraîne d’autres. « On en parle peu, mais la crise de la grippe aviaire a laissé exsangue des centaines d’élevage. Depuis le printemps 2022, des millions de poules ont été abattues ». Conséquence pour la filière agroalimentaire : des problèmes d’approvisionnement en œufs. Le 9 décembre, Maison Le Goff aurait dû être livrée de 3 tonnes d’œufs ; seule une tonne a été réceptionnée. « Quand la crise sera finie, il faudra du temps aux élevages pour retrouver leur niveau de productivité. Alors, on réfléchit à des substituts aux œufs dans certains de nos gâteaux… » Et déjà s’annonce une pénurie de beurre en origine France. Maison Le Goff en consomme 13 tonnes par mois… 

A cela s’ajoute la hausse des coûts des matières premières. Quelques exemples donnés aisément par Marie-Laure Jarry qui plaide pour lever la vérité sur les difficultés que rencontrent les PME de production. Cela passe par une transparence sur les prix d’achat : « En 2020, on payait 275 euros la tonne de farine, elle a grimpé jusqu’à 485 euros à l’automne 2022. » Et le beurre : acheté 3,67 euros le kilo en 2020, la biscuiterie le paye aujourd’hui 7,9 euros le kilo. Mêmes hausses significatives pour le sucre, l’huile, etc… sans compter sur les envolées des coûts énergétiques : « nos factures d’électricité vont grimper de 60% en 2023! »

« Il va falloir faire des choix »

Pour autant, pas question de modifier la stratégie de la PME. « On continuera de proposer des recettes gourmandes, fabriquées quand c’est possible avec des produits locaux et bios et des emballages le moins impactant possibles pour l’environnement. Mais il va falloir faire des choix. Et le mien, parce que je ne veux pas toucher à la qualité et à la promesse faite aux consommateurs, c’est d’intervenir sur le poids de nos produits. » En marketing, on appelle ça le down-sizing. Chez Maison Le Goff, le gâteau breton caracole en tête des ventes de la marque depuis plusieurs décennies. « Le produit va passer de 400 grammes à 350 grammes. Et le fourrage, de 25 % à 20 % du poids total », explique celle qui a ferraillé douze ans durant chez Danone et dix chez Gault&Millau. Une décision historique (et assumée) dans l’histoire de la biscuiterie morlaisienne pour digérer la hausse du prix des matières premières qui selon la professionnelle, vont « durablement restés élevés ». En septembre dernier, la dirigeante a signé la fin des contrats intérimaires pour maintenir sa rentabilité.

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