Devenue Maison Le Goff, la biscuiterie morlaisienne cuisine un nouveau plan de croissance

C'est une reprise qui ressemble à une création d’entreprise. L'historique Maison Le Goff, à Morlaix, est dirigée depuis mai 2019 par Marie-Laure Jarry. Passée par Danone puis Gault&Millau, Marie-Laure Jarry est prête à relever un nouveau défi : moderniser la biscuiterie familiale, hisser la gamme des pâtisseries, rayonner à l’international. Au vu de l'expérience, de l'exigence et de la persévérance dont fait preuve la nouvelle dirigeante, le challenge est à portée d’ambitions.

Dans les ateliers de la biscuiterie, le temps semble s’être doucereusement suspendu. Sur les lignes mécaniques, dont seul l’entretien régulier des rouages trahit leur âge, les palets et gâteaux bretons défilent en rangs réguliers. Pesés, calibrés, rangés, scarifiés (à la fourchette), ils exhalent une odeur de pâtisserie maison et une couleur dorée qui éveille la gourmandise. Chacun à son poste, les faiseurs de ces Madeleines de Proust posent des gestes assurés. Depuis des années, les collaborateurs de la Maison Le Goff sont la garantie du savoir-faire et de la qualité de cette biscuiterie familiale créée en 1950 par Yvette Le Goff, pionnière dans son domaine d’activité.

« C’est une femme d’affaires hors pair. Mariée à Roger Le Goff, boulanger du centre-ville de Morlaix, elle fut la première à servir « le gâteau du dimanche ». Puis, elle a créé une unité industrielle pour vendre ses pâtisseries en supermarché. Yvette Le Goff a largement participé au rayonnement des gâteaux et galettes bretonnes de qualité« , raconte, admirative, la nouvelle directrice générale de Maison Le Goff

Femme de responsabilités et de convictions, Marie-Laure Jarry est arrivée en mai 2019 en Bretagne, pour poser ses valises à Morlaix et prendre les rênes de cette maison de renom.   

Diriger une entreprise qui a du sens

En quête d’un nouveau challenge professionnel, celle qui a partagé les engagements sociaux et environnementaux de Franck Riboud et d’Emmanuel Faber, présidents du groupe Danone, avant de côtoyer l’excellence chez Gault&Millau, n’a pas hésité à postuler à la direction de la Biscuiterie Le Goff que proposait la société d’investissement BioConquête, acquéreur en avril 2019 de la biscuiterie morlaisienne, alors en proie à des difficultés financières. « J’avais en tête de diriger une entreprise qui a du sens. Maison Le Goff relève ce défi, d’allier tradition et innovation. »

Attachée à des valeurs de vérité, d’authenticité et de qualité, Marie-Laure Jarry place le savoir-faire et l’humain au cœur de sa réorganisation. « Si les ressources matérielles sont limitées, celles de l’humain deviennent illimitées si vous savez les motiver », énonce celle qui a mis en place des méthodes de management dit fertile.

Emerveillée par le potentiel de la biscuiterie, Marie-Laure Jarry s’est d’abord attachée à renforcer l’existant et sublimer la fierté des collaborateurs. Ecoute constructive, montée en compétences, prise de responsabilités : « on se réunit, on échange beaucoup ». Ouverture des ateliers au public, du financement au grand public, nouvelle signalétique : « on pousse les murs et on avance. » La culture du changement prend parfois des airs de petite révolution.

Incorporer Tradition & Innovation

Dès son arrivée, Marie-Laure Jarry s’est entourée d’un laboratoire R&D au sein de l’atelier. Elle a recruté Camille Blin, ingénieur agro-alimentaire, et structuré autour d’elle une équipe dédiée à l’innovation culinaire. En une année, l’équipe a élaboré une dizaine de nouvelles recettes. Galette bretonne au sarrasin, biscuits aux algues, quatre-quarts sans phosphate ou clean, biscuits anti-gaspi, gâteaux apéro… sont venus enrichir la gamme des produits Maison Le Goff. « On revendique à la fois notre âme de biscuiterie traditionnelle et notre marque continuellement innovante », souligne la nouvelle directrice. Le gâteau breton, pâtisserie phare qui fait la renommée de la maison, est lui aussi sans cesse revisité, décliné au caramel, à la framboise et bientôt à la pâte à tartiner locale.

L’usine sort actuellement 2 tonnes de produits par an, vendus en GMS essentiellement, sous plusieurs marques distributeurs. « En janvier, j’ai signé avec le groupe Lidl qui est l’un des acteurs les plus exigeants en termes de certification Qualité. C’est donc une belle victoire pour nous », se réjouit Marie-Laure Jarry qui a hissé l’entreprise au niveau supérieur de la certification IFS. Autre avancée : le partenariat avec la marque Marlette pour l’élaboration de cookies bio vendus depuis novembre 2020 sous le nom de cette jeune entreprise rétaise en vogue.

Devenir ‘le Guerlain du biscuit

« L’usine repart », s’enthousiasme Marie-Laure Jarry. « L’équipe en place a connu une biscuiterie qui réalisait 8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, on fait 4,2 millions. J’en vise 12 à l’horizon 2023. » Pour y arriver, la dirigeante intègre deux leviers « de croissance forte » : la signature d’une gamme Premium et l’ouverture à l’international, l’Asie en particulier. « Je veux le Guerlain du biscuit », illustre Marie-Laure Jarry qui maîtrise tous les ingrédients de l’excellence : sourcing d’exigence pour les matières premières, packaging et marketing de luxe, marque Premium baptisée « Mme Le Goff » et réseau d’épiceries fines exclusivement. « J’ai des contacts et des points de vente à Shangaï, Singapour, Hong-Kong et Séoul. » Sur ce projet, Marie-Laure Jarry est accompagnée par Dominique Floch, conseillère en développement international chez Bretagne Commerce International, basée à la CCI métropolitaine Bretagne Ouest. 

Une campagne de crowdlending ou prêts participatifs, menée cet été sur la plateforme Mimosa, a par ailleurs permis de récolter 500 000 euros en 13 jours seulement. Ce financement va permettre de réaliser des investissements nécessaires à la transformation des outils de production.

Vers la transition alimentaire

« Mon objectif est de doubler l’activité de l’usine morlaisienne en cinq ans. Je veux aller vite pour moderniser l’usine et hisser la marque vers l’excellence. » L’approvisionnement devient le nerf de la guerre. Sur cet aspect, Marie-Laure Jarry n’a qu’une religion : qualité et traçabilité des produits. Livrés trois fois par semaine, les œufs sont frais et entiers, l’huile et le sucre bios, les pruneaux d’Agen et la farine locale, issue de la Meunerie Paulic et de la toute jeune filière bretonne Merci les algues !

« Je crois à la transition alimentaire qui privilégie une alimentation durable et de qualité. C’est une véritable équation en Bretagne, terre de production et première industrie agroalimentaire », analyse Marie-Laure Jarry qui s’est déjà employée à rencontrer de nombreuses têtes de réseaux. Produit en Bretagne, Merci les Algues, Tout Commence en Finistère comptent parmi ceux-là.  La nouvelle dirigeante entend bien participer à ce débat, défini par le développement de filières territoriales et la prise d’engagements en matière sociale et environnementale.

Voir le site de Maison Le Goff, une biscuiterie engagée et responsable

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