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Chiffre d’affaires, rentabilité et moral des entreprises bretonnes en berne en 2025

Les perspectives de l’économie bretonne s'assombrissent pour 2025. Dans sa dernière note de conjoncture publiée ce 9 janvier, la CCI Bretagne pointe une nouvelle baisse du chiffre d’affaires et de la rentabilité des entreprises sur les six derniers mois de 2024. L’Industrie et les services jusque-là épargnés sont également impactés. Un coup de froid qui s'annonce durable selon son président, Jean-Pierre Rivery : « 45, 5 % des chefs d’entreprise ayant répondu à l’enquête (2 200) donne une note de confiance en l’avenir inférieure à 5. C’est le taux le plus élevé jamais enregistré, même en 2020, pendant la période Covid ». Dans ce contexte difficile, la filière Défense fait de la résistance. Un nombre grandissant d’entreprises se fédèrent au sein du cluster Eden emmené par la Bretonne Nathalie Barat-Vandamme. Dans la tempête, la force du réseau reste la meilleure option pour rebondir.
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De g à Droite, Nathalie Boursier, Cheffe de service information économique , François Bareau, Directeur régional Relations institutionnelles, Jean-Pierre RIvery , Président CCI Bretagne, Nathalie Barat Vandamme, Président du Cluster Eden Bretagne et d'Obsam et Benoit Léger, Directeur d'Obsam

La situation économique se tend. Et même si Jean-Pierre Rivery, président de la CCI Bretagne, n’entend pas faire de catastrophisme, le chiffres issus de l’enquête de conjoncture réalisée début décembre, en pleine chute du gouvernement Barnier , ne sont pas bons .  Une majorité d’entreprises (48%) a vu son chiffre d’affaires baisser ces six derniers mois. Il stagne pour 32% et n’augmente que pour 20%. La rentabilité se fragilise également. Près de 90% des chefs d’entreprise observent une baisse ou d’une stagnation de leurs marges.

« A l’exception de l’agroalimentaire qui permet d’amortir un peu cette dégradation, tous les secteurs souffrent d’une réduction des dépenses des ménages, d’une inflation (+2,4%) et d’un coût de l’énergie encore élevé, explique Jean-Pierre Rivery. Avec en moyenne en 2024, un prix de l’électricité qui avoisine les 30€/MWh aux Etats-Unis contre 60€/MWh en France, et celui du gaz respectivement de 10€/MWh à 40MWh, les entreprises peinent à être compétitives. L’augmentation des salaires pèsent aussi sur la rentabilité.»

 

L’emploi fragilisé

En effet, alors que depuis plusieurs mois les entreprises tirent sur leur trésorerie, leur rentabilité s’affaiblit et les pousse à différer leurs investissements. Cet attentisme est renforcé par le contexte politique intérieur incertain et l’instabilité géopolitique à l’échelle internationale. Même l’emploi, qui jusque-là résistait plutôt bien, tend à se fragiliser. « On n’assiste pas encore à des licenciements mais les entreprises opèrent des ajustements via leurs intérimaires, se recentrent sur leurs priorités et freinent les embauches, poursuit Jean-Pierre Rivery. J’observe également que les annonces de fermeture qui touchent des sites comme Michelin à Vannes ou Saupiquet dans le Finistère ont leur centre de décision en dehors de la Bretagne. Nous restons une terre industrielle, des acteurs bretons comme Brets (56) ou Bolloré (29) continuent d’investir. »

 

Des perspectives pessimistes

Les Perspectives pour le 1er semestre 2025 continuent de se dégrader. Depuis le début de l’enquête en 2017, l’indice de confiance des chefs d’entreprise bretons atteint son plus bas niveau.  4,8/10. Plus de 45% des dirigeants donnent une note inférieure à 5 (4,8/10) .  «Tous les secteurs d’activité sont affectés. L’industrie est celui qui affiche le plus grand pessimisme (4,4, 10) », relève, pour sa part,  Nathalie Boursier, Cheffe de service Information économique et territoires à la CCI Bretagne. Globalement, tous les indicateurs (chiffre d’affaires, investissement, rentabilité, emploi) sont à la baisse pour 2025, tant dans l’industrie que les services, le commerce et la construction. « Les prévisions de réduction du chiffre d’affaires  et de l’emploi sont du même niveau que lors de la crise COVID, celles pour l’investissement encore inférieures. » Parmi les explications avancées : « l’absence de budget de l’Etat avec des répercussions non connues sur la fiscalité, la baisse des achats publics et des aides publiques, un marché immobilier encore tendu et les tensions commerciales internationales. »

Les CCI Bretonnes priorisent leur accompagnement

La perception des chefs d’entreprise globalement très pessimiste pour les mois à venir incite les CCI bretonnes à renforcer leur accompagnement sur 3 axes. « Pour aider les entreprises face à leurs problèmes de trésorerie, nous allons mettre l’accent sur le financement (conseil sur la structuration du compte d’exploitation, orientation vers les établissements spécialisés des banques et les services publics [URSSAF, fisc, etc.]). L’aide au maintien des compétences et l’organisation de l’entreprise alors que les questions de recrutement dominaient jusqu’à maintenant vont aussi être prioritaires. Tout comme les transitions, notamment la décarbonation dans la recherche de réduction des coûts de production », conclut Jean-PIerre Rivery.

La force du réseau pour braver la tempête

Présente à la Conférence de presse pour témoigner de son activité en tant que présidente d’Obsam et celle du Cluster Eden Bretagne, Nathalie Barat-Vandamme, s’est montrée beaucoup plus optimiste. Elle, qui de par son activité conseille tous le grands groupes du secteur de la Défense (Thales, Naval Group, Safran, Alstom) , mais aussi le Ministère des Armées, en matière de maintenance de leurs matériels destinés à des systèmes et équipements complexes, se plait à souligner :  « les Bretons sont admirés pour leur capacité à se fédérer et à relever les manches dans les moments difficiles. Qui plus est, nous sommes souvent montrés en exemple en matière de territoire de Défense» Plus de 600 PME bretonnes sont susceptibles de travailler pour ces grands groupes, qui, aujourd’hui, faute de capacité à répondre à la demande, cherchent davantage à maintenir leurs systèmes plutôt qu’à en concevoir de nouveaux. « L’agilité des PME et TPE, leurs savoir-faire différenciants et leur capacité à travailler en réseau constituent une formidable opportunité. Au sein d’Eden, nous sommes en train de créer des GME pour répondre à des marchés  conséquents ( de 30 M€ à 500 M€) . Je suis déjà en mesure de vous annoncer qu’une grande manifestation aura lieu le 20 mars prochain pour rapprocher PME et Grands groupes de la Défense. »

 

 Retrouvez ici l’intégralité des résultats de l’enquête de conjoncture

 

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