285 millions. C’est le nombre de mètres cube d’eau prélevés en 2022, en Bretagne, pour l’alimentation en eau potable, les besoins industriels et les besoins agricoles. 17 % de ces prélèvements sont destinés aux industries et PME (industries, commerces, tourisme). Autre chiffre : en Bretagne, 109 sites consomment plus de 100 000 m3 d’eau par an. Dans un contexte de tension de la ressource, l’Etat a déroulé en mars dernier son plan eau avec l’objectif de faire 10% d’économie d’eau dans tous les secteurs. « Contrairement aux idées reçues, la Bretagne est d’autant plus exposée au risque de manque d’eau qu’elle cumule un grand nombre d’eaux de surface du fait de son sol argileux et est donc plus sensible aux phénomènes d’évaporation quand le thermomètre s’emballe, souligne Eric Fisse, directeur de la Dreal Bretagne, partenaire du programme Ecod’O. Face à l’augmentation de sa démographie et de sa fréquentation touristique mais aussi au vu de la volonté de l’Etat de réindustrialiser les territoires, la Bretagne doit s’adapter au changement climatique. »
225 entreprises en 3 ans
C’est dans ce contexte qu’est né, en 2020, dans le Morbihan, le programme Ecod’O. Régionalisé en 2022, il a bénéficié à 225 entreprises sur l’ensemble de la Bretagne dont 140 industriels, 50 professionnels du tourisme et 35 autres issues d’activités diverses. Sur la base d’un échantillon de 46 entreprises, la consommation d’eau cumulée, qui s’élevait à 7 millions de m3 en 2020 est tombée à 5,9 millions de m3 en 2022, soit une baisse moyenne de la consommation d’eau de 16%. « C’est un très bon résultat, s’enthousiasme Luc Guymare, Chargé de mission Ecod’O. Qui plus est, suite aux accompagnements, la majorité des industriels participants au programme se sont équipés ou ont renforcé leurs équipements de relève et de suivi des consommations d’eau. » Le programme le plus complet (3 à 4 jours) établit un diagnostic personnalisé des consommations et usages dans les entreprises, identifie les potentiels d’économie d’eau et de REUSE/REUT et enfin rédige un plan d’action. Il offre aussi aux entreprises l’opportunité d’être conseillé dans la recherche de solutions de financements pour les projets d’investissement qui découlent du diagnostic.
Primel Gastronomie : un potentiel de 22 500 m3 d’eau économisés
Primel gastronomie, filiale du groupe Sill, qui réunit les sites industriels de Plougasnou et de Plabennec dans le Finistère, fait partie des 140 entreprises accompagnées en 2023 dans le cadre d’EcodO. Sur le site de Plougasnou où travaillent 250 personnes, 83 000 m3 d’eau ont été utilisés en 2022. « Sur la base d’un relevé de compteurs, on sait que 25% servent au process, conception de produits, 35 % au nettoyage des ateliers, 35 % au refroidissement des TAR/cuiseurs et 5% à la production de vapeur », détaille Anthony Hocquard, responsable environnement chez Primel Gastronomie. En 2020 déjà, 3 000 m3 d’eau avaient été économisés grâce à la mise en place d’un système de production d’eau glacée pour refroidir plus efficacement les matières cuites. « Au lieu d’avoir trois bains de refroidissement, on n’en a plus qu’un seul. » En 2022, ce sont 11 500 autres m3 d’eau qui ont été économisés en irrigant les terres agricoles via les eaux usées. Enfin, en 2023, Ecod’O a mis en en avant un potentiel d’économie à réaliser de 22 500 m3/an, essentiellement sur le process de nettoyage, (35% de la consommation d’eau de l’entreprise). « La plupart ont trait à la sensibilisation et le rappel des bonnes pratiques. On a investi dans des buses mousse et des buses prélavage/rinçage pour le nettoyage des sols. Le débit est passé de 120 à 30 litres/minute avec une buse adaptée. On est passé de 1,50 à 1,29 M33 d’eau par tonne fabriquée au 2nd semestre. Surtout, on constate une prise de conscience partagée sur le sujet de l’eau », conclut Anthony Hocquard. En 2024, la mise en place d’une boucle fermée en eau pour le refroidissement de la matière sur les double-enveloppes des cuiseurs est actée. Elle permettra d’économiser 10 000 m3 d’eau. « Le cout s’élève 125 000 euros dont 50% pris en charge par l’agence de l’eau. » Le dernier chantier dans le viseur est la réutilisation des eaux usées et traitées par la station d’épuration annexe, afin de réinjecter cette eau propre dans le circuit de refroidissement des tours. Ce projet permettrait d’éviter le prélèvement à la source de 14 000 m3 d’eau par an.
2024 : 100 nouvelles entreprises bénéficiaires
Le programme Ecod’O 4 démarre en janvier 2024 sous le pilotage de Bretagne Compétitivité, avec des conseillers entreprise répartis dans les 4 CCI territoriales. De nouveaux partenaires ont rejoint le programme**. L’objectif de cette saison 4 est d’accompagner 100 nouvelles entreprises issues de l’industrie et du secteur du tourisme. Renforcée, l’équipe ECOD’O entend aussi multiplier les actions de sensibilisation et le partage des bonnes pratiques auprès du plus grand nombre d’entreprises. Des données liées à l’eau et des études « Boucles Locales » feront notamment l’objet d’ateliers thématiques ou de webinaires.
Un appel à candidatures est d’ores et déjà en ligne. Toutes les entreprises souhaitant bénéficier d’un accompagnement ECod’O pour réduire leur consommation d’eau ont jusqu’au 8 janvier 2024 pour faire acte de candidature. Il ne reste plus qu’une vingtaine de place
« Pour toutes les entreprises déjà bénéficiaires du programme Ecod’O, le sujet Eau est devenu une véritable préoccupation et un levier significatif à leur développement. Toutes ont en effet élaboré ou engagé des démarches d’économies d’eau. La prise de conscience est réelle et majeure. C’est pourquoi je me réjouis que les équipes des CCI de Bretagne et Bretagne Compétitivité poursuivent et développent ce programme à l’échelle régionale », conclut Philippe Martineau, Vice- Président de la CCI Bretagne.
*ECOD’O 3 est un projet partenarial régional, animé et coordonné par la CCI Bretagne, en partenariat avec la DREAL aux côtés de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, des services départementaux de l’Etat (DDPP, DDTM), de la Région Bretagne, des syndicats des eaux et des collectivités territoriales volontaires, des 3 principaux industriels de l’eau en région (SAUR, SUEZ, VEOLIA), et déployée par les CCIT de Bretagne en coordination avec l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires (ABEA).
