« On savait qu’on avait un supplément d’économie d’eau et d’énergie à réaliser. Ecod’O* a tapé dans le mille. », témoigne Guillaume Baldinho, responsable d’exploitation de la Blanchisserie des Pays de Rance (BPR). Créée en 2004 à Taden (22), ce groupement d’intérêt économique (GIE) est composé de 19 membres et de quatre clients répartis entre les départements de l’Ille-et-Vilaine et des Côtes-d’Armor. La prise en charge du linge qui doit être transporté, lavé et conditionné avant d’être rendu aux établissements adhérents et aux clients est assurée par une équipe de 45 salariés. Si l’établissement fonctionne de manière autonome, « il n’a pas vocation à générer des bénéfices, précise le responsable. Les tarifs sont déterminés chaque année sur la base d’un budget prévisionnel et les appels de fonds sont ajustés pour un bilan annuel à l’équilibre. » Entre 2022 et 2023, la facture énergétique a par exemple été multipliée par cinq à près d’un million d’euros.
Une eau recyclée en permanence
« La volonté de réduire notre consommation d’eau est menée par tous les adhérents du GIE et s’inscrit dans une démarche plus globale de développement durable que nous mettons en place depuis plusieurs années. », poursuit Guillaume Baldinho. L’homme a pris ses fonctions au sein de la BPR en 2019. Ayant déjà travaillé sur ses consommations, et notamment sur les ratios chimie-eau, en lien avec les rejets en eau, la blanchisserie a alors mené un projet de restructuration de près de 4 M€ avec notamment l’ajout d’un troisième tunnel de lavage. « En délaissant les quelques machines à laver classiques utilisées pour 11 % du linge, entre 2021 et 2022, on a baissé notre consommation d’eau de 20 000 m3 d’eau par an à 15 000 m3. Quant au montant de la facture, il est passé de 40 000 euros à 34 000 euros. » Désormais 97 % du linge à traiter passent par les tunnels de lavage. Taux de charge des machines, essorage, température, rinçabilité, l’établissement optimise en permanence ses process. « Les eaux qui servent au rinçage sont réinjectées dans d’autres moments du cycle du tunnel comme le mouillage, au lieu d’être mises à l’égout. D’une manière générale, l’eau est recyclée en permanence ce qui limite l’apport en eau neuve. »
Ecod’O, un diagnostic efficient
En 2022, lorsque Dinan Agglomération a fait le choix de réunir tous les plus gros sites industriels consommateurs d’eau de son territoire en vue de trouver des solutions, la BPR a applaudi l’initiative. « On a un problème, c’est officiel. Comment on peut le gérer ensemble ? C’est une démarche responsable. » Présente à cette réunion, la CCI Bretagne a présenté son programme d’économie Ecod’O 3 « On a plein de certitudes dans nos métiers. Pour trouver des économies d’eau, on se focalise sur nos tunnels de lavage ou autres machines à laver. Le programme Ecod’O constitue une nouvelle approche avec un diagnostic approfondi de nos consommations, basé sur l’analyse factuelle de tous nos compteurs. Avant on savait relever les compteurs mais pas toujours les analyser. » Si 78 % de l’eau consommée provenaient bien des tunnels de lavage, 20% résultaient de la chaufferie « On se penchait sur la dépense en gaz mais du tout sur celle en eau. Ecod’O a vraiment été un révélateur et le point de départ d’une réflexion autour de la chaufferie ainsi que des différents systèmes de filtration d’eau. Comment pouvions-nous aller chercher cette eau potentiellement à recycler ? »
Des arguments pour investir
Plusieurs solutions existent mais nécessitent des investissements conséquents. « Plus je travaille sur nos consommations d’eau, plus je dois travailler sur nos rejets. La réglementation m’oblige à ne jamais perdre de vue cet aspect afin de respecter les besoins en lien avec le réseau et la station d’épuration. L’équilibre entre ce que je consomme et ce que je rejette est permanent. » Chez la BPR, le chaufferie sert à produire de la vapeur pour les bains de lavage et les matériels de finition telles que les sécheuses -repasseuses. « Doit-on s’en séparer ? Quelles solutions de remplacement s’offre à nous ? Faut-il investir dans une chaudière biomasse ou miser sur le futur réseau de chaleur urbain de Dinan Agglomération ? interroge Guillaume Baldinho. Nous sommes à un carrefour. Plusieurs pistes s’offrent à nous. On se donne le temps de la réflexion, mais Ecod’O nous fournit de solides arguments à faire valoir devant le conseil d’administration pour investir dans de nouveaux matériels. On vise un objectif de 50 % d’économie d’eau à 7 500 m3 par an, au lieu de 15 000 m3 aujourd’hui. Préserver l’eau a toujours fait partie de notre ADN. Désormais, c’est presque une question de survie. »
Initié dans le Morbihan et régionalisé depuis 2022, Ecod’O est un projet partenarial proposé par la DREAL aux côtés de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, de la Région Bretagne, des services de l’Etat (DDPP, DDTM, ARS), des groupes SAUR / Suez et Veolia. Ce dispositif est piloté par la CCI Bretagne et décliné dans chaque département pas les CCI territoriales.