OKwind (35). L’agrivoltaïsme en ligne de mire

Encore embryonnaire, le marché mondial du tracker solaire se développe 10 fois plus vite que celui du photovoltaïque. Une belle opportunité pour OKwind, un des leaders français, installé à Torcé en Ille-et-Vilaine. Fin 2021, l’entreprise va franchir le cap des 2 000 installations de trackers solaires en France et son chiffre d’affaires, en croissance annuelle de 30%, atteindra 28 millions d’euros. Une performance qui lui a permis d’intégrer la French Tech 120 et qu’elle souhaite améliorer sensiblement dans les mois et années à venir.

Louis Maurice, président d’OKwind, fondée en 2009
Louis Maurice, président d’OKwind, fondée en 2009

« Nous sommes au croisement de deux plaques tectoniques proches de la collision. D’une part, le réchauffement climatique qui nous oblige à accroître la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE. D’autres part, la raréfaction du foncier qui nécessite une plus grande synergie entre la production agricole, qui doit rester la priorité, et la production électrique, explique Louis Maurice, président d’OKwind, fondée en 2009. Pour permettre à l’agriculture de s’adapter au changement climatique tout en étant source d’électricité verte, il mise sur l’agrivoltaïsme. Cette technique consiste à couvrir certaines productions agricoles de panneaux photovoltaïques amovibles et orientables.

 

L’agrivoltaïsme, un changement de business model

« C’est déjà ce que nous proposons. En hauteur, nos panneaux ne cannibalisent aucun terrain. Ils permettent la polyculture et l’utilisation de machines agricoles. Pour les agriculteurs, c’est un changement de business modèle. Il induit un accroissement de leurs rendements agronomiques et de leurs revenus. Notre approche de l’agrivoltaïsme repose sur 5 piliers : l’amélioration des rendements agricoles, le développement de la biodiversité, la non artificialisation des sols, la réversibilité des systèmes et la juste rémunération des exploitants agricoles qui doivent être propriétaires de tout ou partie des installations agrivoltaïques. » C’est sur cette voie qu’OKwind trace aujourd’hui son sillon. Sous la pression de la hausse continue de l’énergie et maintenant du changement climatique, la PME a déjà installé plus de 2 000 trackers solaires en France dont 500 en 2021.

 

Une technologie éprouvée

Les trackers photovoltaïques développés par l’entreprise bretonne sont des panneaux solaires bi axes et bi faces montés sur des mâts qui pivotent tout au long de la journée suivant la course du soleil. « L’objectif est de profiter de manière optimale de son énergie. » Ce système se révèle à 70% plus performant que les panneaux solaires posés sur les toits ou installés dans les champs. « Comme nos trackers produisent de l’électricité destinée à une autoconsommation directe, nous nous sommes dirigés à nos débuts vers le secteur agricole qui a un besoin continu et régulier de consommation d’électricité, souligne Louis Maurice. Aujourd’hui, l’entreprise compte parmi ses clients des sites des industriels et des collectivités territoriales mais aussi des particuliers attirés par ses trackers solaires de dimension inférieure (photo), développés depuis 2019 par sa filiale Lumioo. « Nous en avons installés 300 cette année. » Leur coût est d’environ 10 K€.

 

Autonomie de 30 à 60%

L’installation est dimensionnée en fonction des besoins de chaque site. OKwind prend en charge toute l’étude préalable ainsi que les démarches administratives. Un tracker est connecté 24 heures sur 24 à un central couplé à des algorithmes de management de l’énergie. « Nos clients peuvent ainsi suivre toutes les courbes de production et de consommation en temps réel, depuis leur portable. » L’énergie produite sert à sa propre consommation, mais peut aussi être revendue. « Nous pouvons proposer un kilowattheure à un tarif compétitif. » Selon les sites, OKwind garantit une autonomie de 30 à 60%, ce qui correspond pour l’utilisateur à un retour sur investissement de moins de dix ans et 10 à 20% d’économie sur sa facture. « L’objectif de notre service Recherche et développement est d’aller au-delà des 40% d’électricité autoconsommée pour atteindre 60 à 70% d’autonomie énergétique, tout d’abord en stockant l’électricité produite sous forme de chaleur ».

 

Management de l’énergie par l’intelligence artificielle

Sur les 125 collaborateurs que compte l’entreprise, 25 sont en charge de la R&D. Avec la prise de participation au capital de Purecontrole (35) en juillet dernier, ces derniers axent leur recherche sur le management de l’énergie par intelligence artificielle. « Ces algorithmes optimisent les périodes de fonctionnement et privilégient l’autoconsommation de l’énergie renouvelable. » Pour ce faire, ils prennent en compte des données externes telles que les prévisions météorologiques à 72h et les combinent à des solutions de stockage intermédiaire, sous forme thermique ou mécanique, à des bornes de recharge de véhicules électriques… « La facture d’énergie baisse de 10 à 20%. Dès que le stockage électrique sera abordable, nous le prendrons en compte », précise Louis Maurice.

 

Accroître la part d’autoconsommation

Pour le dirigeant, tout l’enjeu consiste à développer au maximum l’autoconsommation des sites professionnels et d’éviter ainsi les pertes d’énergie liées au transport et la transformation d’énergie. « En autoconsommation, vous ne payez ni la taxe de transport et d’électricité, ni les autres prélèvements. Ils représentent 60% de votre facture ». Okwind garantit un coût du kWh figé durant 30 ans. Dans un contexte d’envolée des prix de l’énergie, tous les sites professionnels, en particulier les stations d’épuration, les installations avec chambres froides ou encore les régies électriques pourraient vite y trouver leur intérêt.

Désormais membre de la French Tech 120, OKwind a les moyens de faire valoir ses arguments auprès des ministères clés. L’autoconsommation s’accompagne aussi d’une décentralisation des sites de production. « Le déploiement à venir, en France, de l’électro mobilité doit s’accompagner d’un maillage territorial avec des petites centrales photovoltaïques », conclut Louis Maurice. Autant de sujets qui poussent l’entreprise à accélérer. Cela passera, dans les mois à venir, par un renforcement de ses fonds propres et des opérations de croissance externe.

Avec Breizh Immo, Okwind (35) dimensionné pour se tailler une place au soleil

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