Transitions

Côtes d’Armor. L’hydrogène sera-t-il le nouveau carburant des pêcheurs ?

Être un territoire hydrogène vert, c’est l’ambition des Côtes d’Armor. Fait plutôt rare  : tous les acteurs économiques et politiques* du département avancent à l’unisson sur le sujet, avec le soutien de la Région. Ce vendredi 6 janvier, ils étaient tous réunis à Hillion, chez Stéphane Salardaine , Mytiliculteur depuis trois générations pour lancer le projet Estebam* dédié à " l’étude d’une solution de rétrofitage H2 d’une barge conchicole existante".  Porté par un consortium constitué autour de la CCI Côtes d’Armor, le projet d’un montant de 600 K€ est soutenu à hauteur d’environ 300 K€ par la Région. Si l’étude est concluante,  c’est une soixantaine de barges qui pourraient être équipées et au de-là, les bateaux de pêche et ceux de transport des îliens.

Tous les acteurs économique et politiques des Côtes d'Armor soutiennent le projet Estebam. Au premier plan à gauche, Jean-Claude Balanant, pdt de la CCI Côtes d'Armor, à droite, Olivier Ticos, dirigeant d’Alca Torda (56)
Tous les acteurs économique et politiques des Côtes d'Armor soutiennent le projet Estebam. Au premier plan à gauche, Jean-Claude Balanant, pdt de la CCI Côtes d'Armor, à droite, Olivier Ticos, dirigeant d’Alca Torda (56)

En 2022, la récolte de moules n’aura pas été exceptionnelle , « la faute à la sécheresse qui freine la reproduction du plancton et par voie de conséquence, celle des moules », explique Stéphane Salardaine, Président du Comité Régional Conchyliculteurs de Bretagne Nord et patron d’une exploitation myticole qui emploie 5 salariés et réalise 1 million d’euros de chiffre d’affaires. « L’impact du changement climatique sur notre activité est bien réel . Si on ajoute l’envolée du prix du gasoil  qui a été multiplié par deux ces derniers mois( GNR :  0,60 €/l à 1,30 €) et l’extrême inconfort dû au bruit du moteur, je suis convaincu qu’il nous fait trouver une solution décarboné pour nos  bateaux. C’est ce qui me motive à m’impliquer dans le projet. » Le dirigeant met à disposition des ingénieurs en charge de l’étude une barge pour valider le rétrofitage avec un moteur hydrogène. Aujourd’hui, une barge  amphibie neuve diesel coûte 500 K€.

Une filière essentielle

Dans la baie de Saint-Brieuc, une douzaine d’entreprises de mytiliculture équipée de 14 bateaux amphibies, toutes adhérentes au Comité Régional de la Conchyliculture Bretagne Nord, est  favorable au projet. Elles pourraient entraîner dans leur sillage l’ensemble des mytiliculteur bretons (environ 60 bateaux) impactés  par des pollutions diverses. « Il faut sortir du pétrole assène Daniel Cueff , vice-président à la Région Bretagne en charge de la mer et du littoral. Les directives européennes nous obligent à avancer dans la voie de la décarbonation. Si le principe d’une motorisation H2 s’avère compatible pour un premier bateau, c’est probable que tous les autres suivront. Sans compter qu’un autre projet avec Barillec Marine à Concarneau est en cours. L’activité des conchyliculteurs est essentielle dans la transition écologique. Les huitres, les moules, les coquillages , les algues captent le CO2 . Tous ces écosystèmes marins sont indispensables à la régulation du réchauffement climatique. C’est pourquoi toute la filière doit être soutenue .» C’est aussi pourquoi ce projet d’étude d’un montant de 600 K€ bénéficie d’une aide de 300 K€ de la Région.

Un système électro -hydrogène

Le cabinet Alca Torda  (Vannes) avec l’aide de CMV Amphibie (Saint-Malo) , le cabinet d’architecte naval Delion et Europe Technologies sont à la manœuvre pour réaliser l étude technique complète de la motorisation électro- hydrogène mais aussi de l’approvisionnement et de la distribution en lien  avec le projet de station hydrogène à Ploufragan (Valorem),  là aussi porté par la CCI Côtes. «  Nous allons mettre au point la motorisation au sein du chantier CMV Amphibie à Saint-Malo. Un système électro hydrogène permet de réduire de moitié la consommation d’énergie par rapport à un bateau  fonctionnant au gasoil . Nous allons aussi dimensionner le projet et  définir les standards d’un modèle industriel  duplicable », souligne Olivier Ticos, dirigeant d’Alca Torda. Le rendu de l’étude est prévu en septembre 2023.  « Si le consortium la valide, nous lanceront la production dans la foulée pour une livraison du bateau en avril 2024. Je suis confiant. Nous avons équipé un premier bateau déquipé de piles à combustible en 2002 et réalisé  quatre autres depuis avec une solution hydrogène. »

Une station d’avitaillement sur le site myticole

Parallèlement, la CCI Côtes d’Armor travaille sur le projet d’avitaillement des bateaux amphibies. « Il sera assuré par une station de distribution placée sur la zone mytilicole de Bon Abri à Hillion, indique Jean-Claude Balanant, président de la CCI. L’hydrogène sera renouvelable et proviendra du site de production du projet Armor Hydrogène, située à environ 15 km de la zone myticole». L’avitaillement, quant à lui, sera assurée sur place par un stockage de distribution mobile de type MC 500 fourni par Europe Technologies.

 

Utiliser l’électricité produite par le futur champs éolien offshore

Pour l’ensemble des acteurs présents ce jour, le pari est aussi d’acheminer une partie de la production du futur parc éolien off-shore situé au large de Saint-Brieuc pour une consommation locale en hydrogène . «  L’énergie produite par Ailes Marine sera vendue à RTE . A nous de négocier avec l’opérateur mais aussi avec Engie pour en récupérer une partie pour la production d’hydrogène sur le territoire.  Par chance le syndicat Départemental d’Energie des Côtes d’Armor (SDE 22) est fortement proactif dans le projet Valorem », conclut Daniel Cueff qui souhaite plus que tout qu’un éléctron vert produit en Bretagne soit consommer en local.
 

Saint-Brieuc (22). Valorem et Teréga Solutions en charge de déployer la 1ere station de production d’hydrogène vert

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