En 2001 à Quéven (56), Coriolis Composites est née avec l’envie « d’apporter des technologies robotisées de drapage dans le secteur artisanal de la fabrication de bateaux« , raconte Clémentine Gallet, co-fondatrice entourée alors de deux autres ingénieurs fraichement diplômés, Alexandre Hamlyn et Yvan Hardy. L’innovation n’a, à l’époque, pas mobilisé le monde du nautisme qui resta muet à cette mutation annoncée des process. Spécialisée dans l’élaboration, la fabrication et l’intégration de têtes automatisées de placement de fibres composites, installées sur des bras robotisés, la start-up s’engouffre alors dans l’aéronautique, s’y développe jusqu’à s’imposer comme la PME de référence auprès de multinationales voire multispatiales que sont Airbus (premier partenaire qui a fait « décoller » la technologie développée par Coriolis), Ariane group, Dassaut aviation, Comac, Bombardier, Safran… « Plus de cent robots Coriolis sont actuellement en fonctionnement dans le monde », précise la dirigeante.
Prédominance aéronautique
Aujourd’hui encore, et trois ans après le crash d’activité causé par le Covid (-40% de chiffre d’affaires, -50 collaborateurs), l’entreprise bretonne, qui réalise cette année 25 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 120 salariés, travaille à 98% pour l’industrie aéronautique dont plus de 30% à l’international (contre 70% avant 2020). « Nous sommes en train de retrouver notre activité pré-Covid, avec l’ambition de se stabiliser (objectif flat), et renforcer notre valeur ajoutée sur le digital (développement de logiciels software) et la création de nouvelles gammes de machines (hardware) », souligne Clémentine Gallet.
Autant dire que l’appel à la diversification et la perspective de nouveaux marchés plaidée par le concept Lorient Composite Valley ne peuvent que convenir à la présidente de Coriolis, inscrite dans cette dynamique de territoire. « L’automobile, le transport vélique, le stockage de l’hydrogène sont autant de débouchés sur lesquels nous sommes déjà positionnés et que nous souhaitons développer », argumente Clémentine Gallet dont une des machine-outil sert aux recherches appliquées du laboratoire ComposiTIC-Irma, à Ploemeur (56). Plus récemment, Coriolis Composites a (enfin) pu apporter son savoir-faire au service du nautisme en équipant Avel Robotics d’un bras robotisé servant à draper des foils en série. « Il a fallu que les bateaux se mettent à voler pour qu’on fasse entrer nos robots dans l’industrie nautique », sourit Clémentine Gallet qui salue l’audace et la ténacité de Luc Talbourdet d’avoir oser investir dans l’automatisation de ces process.
Un premier pas vers le nautisme avec Avel Robotics
« Avel Robotics est un pur produit de l’écosystème composite lorientais,« , répète à l’envi son dirigeant fondateur, Luc Talbourdet qui est passé par le creuset du plateau technique ComposiTIC pour élaborer, tester et prouver son process avant de le déployer à l’échelle industrielle. Un cas d’école de ce que le territoire peut apporter en termes de recherche, d’innovation et d’application industrielle à cette filière.
Aujourd’hui impliquée dans la fabrication des mats qui soutiendront les voiles rigides Solid Sail, Avel Robotics fait partie du consortium industriel qui prépare l’ouverture et l’équipement d’une prochaine usine dédiée à la production en série de ces mâts géants. Implantée à Lanester, cette dernière devrait abriter une machine-outil développée par Coriolis Composites.
« Apporter notre savoir-faire à cette future industrie maritime, c’est mon rêve, ce pour quoi j’ai créé Coriolis Composites au départ », sourit Clémentine Gallet. « Notre enjeu pour répondre à ces marchés de masse, et à l’ensemble de la filière, va être d’adapter le coût matière aligné jusque-là aux exigences de l’aéronautique. Notre force, c’est aussi notre agilité et notre capacité à développer, en interne, à la fois des solutions digitales et de nouvelles gammes de machines-outils adaptées aux produits finaux. » Les bras robotisés Coriolis Composites ont de beaux tours de force à relever.
