Avec un chiffre d'affaires et un effectif qui ont plus que doublé en une année, avec des marchés et des potentialités qui se multiplient et se diversifient, l'entreprise lorientaise Avel Robotics est sortie de son état "startupien"pour se frotter au monde industriel. Sa récente participation à la fabrication du mât hors-norme Solid Sail, au sein d'un consortium d'entreprises expertes dirigées par les Chantiers de l'Atlantique, révèle cette ascension et la reconnaissance de sa spécialité : le composite 4D.
La fin d’année fut chargée, à l’image de la montée en compétences et en reconnaissance de cette jeune entreprise lorientaise créée par Luc Talbourdet. Ingénieur de formation, longtemps directeur de l’écurie de course au large du skipper Jean-Pierre Dick, président de la classe Imoca pendant plusieurs années, Luc Talbourdet a gravité dans l’univers de la voile de compétition avant de remettre les compteurs à zéro. En 2017, il crée sa propre boite en explorant un marché de niche et un process inexploité : la transposition d’une technologie dédiée à l’aéronautique pour concevoir et fabriquer des pièces carbone de haute performance, en série. Avel Robotics, c’est le nom de la startup devenue PMI, a innové en développant le Composite 4D. « La méthode d’AVEL Robotics permet de créer, à l’aide d’une machine de placement de fibre, sorte de grosse imprimante 3D, des objets dont la forme change avec le temps. Maîtriser la quatrième dimension d’un objet, c’est connaître sa durée de vie, suivre son évolution avec le temps et, à terme, savoir anticiper sa géométrie selon les efforts », explique Luc Talbourdet, en guidant la visite de ses ateliers.
Une production en série, régulière et sécurisée
Ancrée à Lorient, au coeur de la Sailing Valley, Avel Robotics abrite en son sein deux bras robotisés, issus de la technologie aéronautique et fabriqués par l’entreprise voisine Coriolis composite. « À la différence d’un drapage manuel, la fabrication par robot permet une réplication à l’identique de pièces de série. Le process sécurise la production en apportant davantage de précision et de régularité. » Foils, safrans et autres pièces de haute exigence naissent sous les déplacements millimétrés du robot. Le savoir-faire d’Avel Robotics est reconnu dans la course au large, où plusieurs « Formules 1 » des mers sont équipées d’éléments fabriqués dans ses ateliers : les Imoca Apivia 1 et l’Occitane ont couru le dernier Vendée Globe équipés de foils fabriqués par Avel ; la jeune entreprise en équipera sept autres engagés sur l’édition 2024.
Membre du consortium Solid Sail
Le défi d’Avel Robotics est désormais d’appréhender de nouveaux marchés, et 2022 s’avère plutôt fructeux. La belle opportunité est venue d’un secteur naissant, celui des transports décarbonés. « Nous avons été identifiés et retenus pour intégrer le consortium d’entreprises majoritairement locales impliquées dans le projet Solid Sail, porté par les Chantiers de l’Atlantique« , s’en étonne encore Luc Talbourdet. Mobilisée sur la construction d’un mât hors-norme, Avel Robotics a réalisé quatre pièces dont trois manchons qui permettent d’assembler les parties de ce mât de 64 mètres, dévoilé le 9 décembre dernier à Lanester (56). Au-delà du défi relevé (il ne pouvait guère en être autrement au regard des expertises conjuguées), ce consortium fixe le cap d’un marché international porteur. « La réglementation imposant la décarbonation, les modes de transport, qu’ils s’agissent du loisir ou marchand, vont rapidement évoluer et ouvrir autant de potentialités« , projette Luc Talbourdet qui compte bien inscrire Avel Robotics dans ce nouvel élan.
S’ouvrir à l’aéronautique
Le secteur de l’aéronautique et sa R&D bas carbone sont également dans le viseur du chef d’entreprise qui participait, en novembre dernier à Lorient, à l’organisation des journées techniques 2022 du SAMPE France, association technique de membres industriels issus des secteurs aéronautique, automobile, sports et loisirs, naval, transports, etc. L’occasion d’exposer les savoir-faire et d’explorer des axes de diversification et de collaboration pour de futurs projets. « On est en train de constituer la Lorient Composite Valley« , souligne Luc Talbourdet en se rappelant les origines de son entreprise, « bâtie à partir de l’écosytème composite local« , et structurée depuis grâce, notamment, à sa certification Iso 9001 et l’accompagnement Breizh Fab pour gagner en compétitivité.
Aujourd’hui, Avel Robotics réalise près de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires et s’est étoffée au gré d’embauches de personnes motivées et attirées par ce challenge de développement. « En 2022, l’effectif est passé de 14 à 28« , précise le dirigeant qui travaille sur les leviers de croissance de cette jeune entreprise sortie du mode start-up pour aborder celui du développement continu imposé.