En 2021, 1 060 femmes et hommes chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle en Bretagne, une diminution de 18,7 % par rapport à l’année 2020. Parmi eux, les chefs d’entreprise seniors (souvent expérimentés) et ceux issus des secteurs de la construction et du commerce restent les plus impactés. Ces chiffres sont dévoilés par l’association CGS et la société Altares.
« Le soutien de l’Etat continue de produire ses effets pour aider les entreprises à maintenir la tête hors de l’eau, indique Anthony Streicher, Président de l’association GSC*. Nous n’avons pas été confrontés au raz-de-marée des faillites redouté. Néanmoins, les chefs d’entreprise devront faire face à de nouvelles menaces, conséquences de la guerre en Ukraine et il convient d’être particulièrement prudent pour l’avenir. En 2021, ce sont près de 30 000 femmes et hommes chefs d’entreprise qui ont perdu leur emploi au niveau national et 1 060 en Bretagne. Pour l’immense majorité d’entre eux, sans filet de sécurité. Et c’est un véritable drame, lorsque ces derniers viennent trop tardivement demander de l’aide et nous disent « si j’avais su » ! ».
Différences notables selon les départements
Au regard des chiffres publiés, la Bretagne apparaît comme une région contrastée. Si la majorité des départements enregistre une diminution du nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi, l’Ille-et-Vilaine (300 dirigeants) représente à lui seul un tiers des pertes d’emploi de la région malgré une baisse de 16 %.
299 chefs d’entreprise du département du Finistère se sont également retrouvés en situation de perte d’emploi, soit une baisse de 24,7 % . Le Morbihan enregistre le plus fort recul de la région avec une baisse de 30,3 %, soit 248 chefs d’entreprise en situation de « chômage » contre 356 en 2020. Enfin, alors qu’il avait connu la baisse la plus importante l’année dernière (- 42,3 %), le département des Côtes-d’Armor est le seul qui enregistre une hausse des chefs d’entreprise qui ont perdu leur activité professionnelle en 2021 (213 dirigeants contre 194 en 2020 ; + 9,8 %).
« Après un recul historique de 8 % du PIB 2020, la croissance française signait en 2021 son meilleur chiffre (+7 %) depuis plus de 50 ans, souligne pour sa part Frédéric Barth, Directeur Général d’Altares. L’entrepreneuriat établissait un nouveau record avec près d’un million de nouvelles entreprises pendant que les défaillances tombaient sous le seuil de 30 000, pour atteindre leur plus bas niveau depuis 30 ans. »
49 ans : l’âge moyen des chefs dentreprise impactés
L’âge moyen des chefs d’entreprise impactés en Bretagne est de 49 ans soit près d’1 an de plus qu’en 2020. La crise économique touche particulièrement des entrepreneurs pour lesquels le rebond professionnel sera plus difficile : dans le département du Finistère, l’âge médian atteint 51 ans.
Cette population, dite de « seniors », est généralement installée dans une vie personnelle construite, avec des charges familiales et financières parfois importantes. Ce contexte personnel peut amplifier la pression et l’inquiétude en cas de perte d’emploi, et amener à prendre de mauvaises décisions. « Si le chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous en 2022 pour certains chefs d’entreprise, le paiement des reports de cotisations sociales accordés pendant la crise du Covid-19 ou le début des remboursements des prêts PGE pourraient mener à des situations dramatiques. Notre devoir est de continuer à accompagner ces chefs d’entreprise et de les inviter à anticiper ces situations« , conclut Anthony Streicher. Les entrepreneurs à la tête de petites structures de moins de 3 salariés, représentent près de 8 pertes d’emploi sur 10 dans la région en 2021.
Les chefs d’entreprise des secteurs de la construction et du commerce restent les plus impactés
Les entrepreneurs des secteurs de la construction (220) et du commerce (217) représentent à eux seuls près de la moitié des pertes d’emploi de la région. Les acteurs de l’immobilier subissent une hausse de 55,2 %, soit 45 dirigeants de la branche en situation de chômage en 2021 contre 29 en 2020.
Les chefs d’entreprise dans le domaine agricole apparaissent comme ceux ayant le moins bien résisté à la crise en Bretagne. 90 professionnels ont perdu leur activité en 2021 (+ 100 % par rapport à 2020). Les éleveurs connaissent la plus forte progression (+ 238,1 %) et subissent la hausse des prix pour nourrir le bétail. Dans le domaine du transport et de la logistique, GSC et Alatares Bien observent une baisse générale de 28,9 %, le transport routier de marchandises subit une augmentation de 40 %.
Les dispositifs mis en place par l’État permettent aux secteurs liés à l’hébergement, à la restauration, et aux débits de boisson d’être en net recul en 2021 avec – 48,9 %. Cette baisse concerne l’ensemble du secteur.
*Depuis plus de 40 ans, l’association GSC se donne pour mission d’informer et de sensibiliser les chefs d’entreprise des risques de leur situation, et plus particulièrement la perte d’emploi.