A Vannes, Sigmaphi aimante une nouvelle dynamique

Nouvelle direction, nouvelle émulation. A Vannes, Sigmaphi renait d'un nouveau souffle. L'intervention, fin 2021, du fonds d'investissement Breizh Rebond dans le capital et le management de cette entreprise mondialement reconnue pour son savoir-faire en matière de conception et de fabrication d'aimants et de lignes de faisceaux à usage médical et/ou de recherche fondamentale, a permis de consolider une transition vers une nouvelle dynamique. Arrivé à la tête de cette pépite industrielle en septembre dernier, Sébastien Longelin incarne ce changement et un dosage subtil entre évolution et consolidation. 

Dès le hall d’entrée, les tapissiers sont à la manœuvre pour « repimper » le bâtiment administratif. Dehors, plusieurs Algeco – dont la saisonnalité s’est inscrite dans la durée – devraient bientôt être enlevés et les bureaux transférés dans le bâtiment central. Sous l’impulsion d’une nouvelle direction, l’entreprise Sigmaphi est en pleine transformation. Et le chantier en cours ne soigne pas que les apparences. Nommé en août 2022 à la direction générale de cette PME, Sébastien Longelin s’attèle depuis, et en premier lieu, à redorer l’attractivité de cette « pépite industrielle ». Après avoir recomposé le Codir, le dirigeant travaille à consolider le socle collaborateurs : hausse forfaitaire des plus bas salaires, évaluation et gradation des compétences, mise en place d’une politique RSE, signature d’une convention visant l’égalité salariale, affirmation d’une raison d’être définie par l’entête « Accélérer la transition vers un monde meilleur », campagne de communication et ouverture de l’entreprise aux publics…

Un savoir-faire unique mondialement reconnu

Créée en 1981 par Henri Le Gal, l’entreprise Sigmaphi s’est développée sous la direction de Jean-Luc Lancelot qui a racheté cette PME vannetaise en 2001 pour la faire monter en capacité et briller à l’international (90% de l’activité). Spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes magnétiques (des aimants permanents, supraconducteurs, résistifs ou pulsés) pour accélérateurs de particules, Sigmaphi a équipé, entre autres, le Cern à Genève, le synchrotron Soleil géré par le CNRS et le CEA à Paris Saclay, le laboratoire de recherche biomédicale JLAB aux USA… Le savoir-faire de cette PME vannetaise peu connue de l’écosystème local et pourtant mondialement reconnue se déploie depuis plus de 40 ans sur tous les continents. Ses applications concernent la recherche fondamentale et ses travaux sur l’origine de l’Univers, la santé en contribuant au traitement du cancer (protonthérapie), l’industrie et la production d’énergie par fusion. En 2016, l’activité de Sigmaphi a généré plus de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires, un sommet jamais égalé depuis.

L’intervention de Breizh Rebond

« En 2020, le contexte sanitaire mondial a impacté l’activité et la rentabilité de Sigmaphi », indiquait à l’époque un communiqué de presse transmis par l’entreprise. En décembre 2021, elle accueillait Breizh Rebond comme nouvel actionnaire de référence, aux côtés de Bpifrance. En injectant trois millions d’euros, ce fonds d’investissement dont les partenaires-financeurs sont la Région Bretagne, le Crédit Mutuel Arkéa, Bpifrance, le Crédit Agricole, la Banque Populaire Grand Ouest et la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire, est venu renforcer les fonds propres de Sigmaphi. En parallèle, la société a bénéficié du soutien du CODEFI, à hauteur de 1,3 million d’euros, et d’un réaménagement de sa dette consenti par l’ensemble des partenaires bancaires afin de soutenir le projet d’avenir de l’entreprise. « Sigmaphi doit maintenant consolider ses bases et renforcer sa structure financière pour mieux exploiter ses nombreux potentiels« , soulignaient les nouveaux investisseurs. C’est précisément ce à quoi s’emploie le nouveau Codir présidé par Sébastien Longelin.

Forgé au commerce international avec une expérience professionnelle de plusieurs années en Asie, cet ancien directeur des opérations internationales du groupe Precia Molen en Ardèche, n’a pas hésité à challenger sa carrière en reprenant les rênes de Sigmaphi. « L’entreprise compte parmi les pépites industrielles françaises dotées d’un savoir-faire unique. Repérée par l’Etat, elle intègrera bientôt le dispositif PPST*, pour Protection du potentiel scientifique et technique à l’échelle de la France », souligne d’entrée de jeu le nouveau dirigeant qui est également, depuis 2016, conseiller du commerce extérieur de la France nommé par le Premier ministre.

Le marché de la fusion

Aux manettes de Sigmaphi, Sébastien Longelin entend renforcer les marchés existants sur lesquels l’entreprise vannetaise est considérée comme leader mondial – la production de systèmes magnétiques pour la technologie médicale et la recherche fondamentale –, et développer des expertises de niche, logées notamment dans le domaine de l’énergie.

Dotée d’un bureau d’études en interne, conforté par la présence de plusieurs doctorants, la PME industrielle s’est d’ores et déjà positionnée sur le marché de la fusion. « On travaille au développement de démonstrateurs pour le compte de startups américaines très innovantes et prometteuses sur ce marché d’avenir, l’énergie de demain », précise Sébastien Longelin qui reconnait que « la force de Sigmaphi est de traduire le besoin clients en outils industriels ».

Le carnet de commandes garantit deux ans de production en atelier, soit 40 millions d’euros de chiffre d’affaires prévisionné. Le défi tiendra dans la synchronisation de ces différentes commandes dont les délais d’exécution varient entre 6 mois et 5 ans, selon la complexité des produits.

Renforcer l’industrialisation du site vannetais

Dans cette optique d’accélérer la productivité, la nouvelle direction souhaite également renforcer la capacité d’industrialisation du site vannetais. Depuis 2008, Sigmaphi dispose d’une usine en Chine où elle sous-traite quelques fabrications. « Nous sommes en train de rapatrier une partie des outils pour centraliser cette production en France. L’usine chinoise qui restera propriété de Sigmaphi, doit devenir indépendante sur le marché asiatique », explique Sébastien Longelin.
Cette réindustrialisation du site vannetais accompagne la digitalisation et la réorganisation des process en cours. Des recrutements le sont également, avec des formations en interne pour ceux qui ont trait aux postes opérationnels (soudure, assemblage, bobinage…). 150 personnes travaillent chez Sigmaphi (dont une vingtaine en Chine). En 2023, « année de consolidation », la PMI prévoit de renouer avec la barre des 20 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le business plan, élaboré avec les conseils stratégiques de Bpifrance et de Bretagne Commerce International, dessine une croissance annuelle de 10% sur ces trois prochaines années. 

Voir le site de Sigmaphi

*Ce plan, qui vise à protéger les savoirs, savoir-faire et technologies les plus « sensibles » développés dans les établissements publics et privés du pays, réunit l’ensemble des biens matériels et immatériels propres à l’activité scientifique fondamentale et appliquée, ainsi qu’au développement technologique de la nation française.

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