A 27 ans, Arthur Guérin a réalisé son rêve de gosse : ouvrir une box de CrossFit, un sport venu des Etats-Unis qui combine un entraînement croisé d'endurance, de gymnastique et d'haltérophilie. Près de 9 000 français pratiquent aujourd’hui cette discipline et leur nombre ne cesse de croître. En un an, cet ancien handballeur de haut niveau a su fidéliser une centaine de clients. Un agrandissement est déjà dans les tuyaux.
Casquette vissée sur la tête, Arthur Guérin nous reçoit dans sa box à Saint-Grégoire au nord de Rennes. Silex CrossFit & Café est un espace de 250 m², tapissé d’ardoises sur lesquels sont écrits à la craie des colonnes de noms et de chiffres.« Dans le CrossFit, l’aspect communautaire est très présent. On vient ici pour partager des activités à haute intensité. Nous travaillons principalement les mouvements fonctionnels utilisés dans la vie de tous les jours, explique le patron de la salle. Par exemple, on pourra apprendre à accélérer pour ne pas manquer son bus, sans se blesser, en travaillant la technique. Une fois par an , tous les crossfitteurs du monde sont évalués. Nous sommes 133 876 à pratiquer ce sport. Moi-même, je suis passé de la 11 000e place à la 2059 e. 65e au niveau national. Pour mesurer sa progression, chacun inscrit son score sur les murs ». L’émulation fait partie intégrante de cette discipline. Les clients réservent leur séance via une application. Au bout de 10 inscrits, le groupe est clos. Chaque séance dure une heure et chaque jour un nouveau WOD ( Workout Of the Day = entrainement du jour) est proposé. Personne ne connaît son contenu à l’avance. Bien évidemment les coachs adaptent les exercices en fonction du niveau de chacun. « La plus jeune à 7 ans, la plus âgée, 80 ans. L’effort ainsi partagé crée une vraie convivialité au sein des groupes. C’est aussi ça que les gens viennent chercher ici ».
CrossFit, une marque déposée
Silex CrossFit a ouvert ses portes en octobre 2018. « Depuis l’âge de 14 ans, j’ai ce projet en tête », indique Arthur Guérin. Tout son parcours tend d’ailleurs vers cet objectif : il a été handballeur de haut niveau, coach sportif, et prof de Fitness chez Orange Bleue. « Durant mon année de licence en Staps, je suis partie à Sydney où j’ai ouvert ma première salle de sport. Autant vous dire que je vis, je mange et je dors CrossFit ». La marque est déposée par Reebok®. Aussi, pour avoir le droit d’ouvrir sa box, le jeune entrepreneur a dû suivre un stage de formation de deux jours. Certifié CrossFit, il devra chaque année s’acquitter d’une redevance de 3 000 euros. De janvier à juin 2016, il élabore son projet de création d’entreprise. « Sur les aspects comptable, juridique et administratif, j’ai été accompagné par la CCI Ille-et-Vilaine. Avec les équipes, j’ai validé mon business plan et ainsi obtenu un prêt Initiative de 6 000 euros ». L’obtention des prêts bancaires a été une simple formalité : « Je respirais l’envie d’entreprendre avec un projet original et innovant ». L’étape la plus laborieuse a été la recherche d’un local. Elle aura duré deux ans. « Je visais une surface de 300 à 1 000 m², au nord de Rennes et à proximité du centre, la concurrence étant plutôt implantée au sud ».
Une cuisine paléolithique
Outre les différents espaces d’entraînement physique, la box comprend un coin restauration avec une cuisine centrale. « Notre concept s’appuie aussi sur une alimentation équilibrée, ça va de pair avec l’activité physique. Nous proposons des plats paléolithiques où les calories sont quantifiées. C’est un régime basé sur des études scientifiques. Il comporte uniquement des aliments non transformés. Ceux à base de gluten et de lactose sont supprimés. Fruits, smoothies, poissons, viandes et légumes, le régime paléolithique respecte les besoins physiologiques de l’organisme ». Pilotée par Line Schmidt, l’activité restauration génère la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise. « C’est un peu une surprise. On ne s’attendait pas à un tel engouement. Line propose aussi des plats à emporter ». Résultat : le prévisionnel est largement dépassé. Locataire jusqu’à fin octobre des murs, Arthur Guérin vient tout juste d’en devenir propriétaire. « Au cours de cette opération, j’ai pu récupérer 100 m² ». Cela lui permet d’envisager, d’ici un à deux ans, un agrandissement.
« Désormais tout est en place pour ne pas avoir trop de charge. On gagne en sérénité. Je pense que ça se ressent, car sans faire de publicité, le nombre d’abonnés augmente régulièrement. Les gens viennent ici à 80% pour la convivialité. Dans le CrossFit, on apprend beaucoup avec les autres, surtout quand on se met dans la haute intensité. Nous tenons à garder cet esprit de petite salle chaleureuse ». Et ce n’est pas Taiger, le cochon de Göttingen, véritable mascotte de la box Silex qui dira le contraire. A le voir déambuler en toute liberté entre les agrès et se faire câliner par son maître, on se dit que lui aussi à trouver dans le CrossFit, une forme d’équilibre.