A Quiberon, la saison bat son plein. Les petites mains de la conserverie sont en action pour trier, préparer et serrer les sardines dans les boites. Chaque année, quelque 2200 tonnes de poissons sont cuisinées en conserve et réparties dans les 94 boutiques en nom propre que gère l’entreprise familiale et presque centenaire, la belle-iloise. Fondée en 1932 par Georges Hilliet, la conserverie quiberonnaise a évolué sans jamais quitté son port d’attache. Aujourd’hui dirigée par Caroline Hilliet Le Branchu, petite-fille du fondateur, l’entreprise emploie entre 400 et 600 personnes chaque année, selon la cadence imposée par l’activité : le maquereau de janvier à mars, la sardine de mi-mai à novembre. « Depuis quelques années, nous rencontrions de plus en plus de difficultés à recruter des saisonniers. En 2022-2023, l’usine a tourné avec un déficit de 25% de son effectif », rappelle Claudie Jan, directrice des ressources humaines.
Favoriser la mobilité
Le constat a fait réagir la direction qui décide alors d’initier des ateliers d’analyse et de résolution de problèmes (ARP), en impliquant l’ensemble du personnel. Sondage, écoute, remontée d’infos permettent d’établir un plan comprenant une soixantaine d’actions, dont plusieurs ayant trait à la mobilité. « Nous avons mis en place une navette entre Auray et Quiberon, avec un arrêt à Plouharnel. Une vingtaine de collaborateurs l’ont utilisée l’année dernière, année de sa mise en place. Ils sont deux fois plus cette année », relève Claudie Jan qui constate, en premier lieu, que cette solution a favorisé le retour de plusieurs saisonniers habitués, qui avait décliné la proposition d’emploi faute de solution de locomotion abordable. « L’entreprise engage 50 000 euros par an pour mettre en place cette navette, opérée par le transporteur Morio de Grand-Champ. Un forfait de 15 ou 30 euros par mois, selon le trajet, est demandé à chaque collaborateur utilisateur. Soit un retour de 5000 euros en moyenne pour l’entreprise, qui assure pleinement cette ligne budgétaire », détaille la directrice RH. Une autre participation est également alignée pour encourager le covoiturage, ou encore la mobilité douce. Le retour le plus signifiant de ces investissements étant le retour de l’effectif au complet cette saison, permettant d’honorer totalement le volume et le rythme de production. Et un prix reçu lors du concours Alim’Acteurs organisé en Bretagne par l’Association Bretonne des Entreprises Agroalimentaires (ABEA).
D’autres actions ont été mises en place, portées par cette même volonté d’amélioration continue des conditions de travail et d’attractivité. « La saison de la sardine durant cinq mois et demi, nous avons instauré une semaine de congés payés aux saisonniers, ainsi que la rémunération de titres de restauration. Au chapitre temps de travail, nous avons réorganisé les plannings afin de positionner trois jours de repos consécutifs deux semaines sur trois, et ajuster les approvisionnements au quotidien pour minimiser les variations de temps de production« , énumère Claudie Jan, parmi la liste des transitions validées en co-construction entre les différentes équipes et services.
S’adapter aux changements
« La démarche RSE consiste aussi à s’adapter au contexte pour toujours mettre l’humain en avant », souligne Yannick Le Breton, directeur transformation et RSE de la belle-iloise. Nommé à ce poste il y a moins d’un an, cet historique de l’usine (18 ans d’ancienneté) a désormais pour mission d’accélérer le changement afin d’adresser un avenir durable à la conserverie. Gestion de la ressource, stratégie de recrutement et qualité de vie au travail, production et innovation, impact sur l’environnement… Où en sera La belle-iloise, cette ETI qui réalise aujourd’hui 65 millions d’euros de chiffre d’affaires, dans dix ou vingt ans ? Plusieurs défis relèvent de la stratégie de transformation menée par l’entreprise, devenue Société à mission en fin d’année dernière. « Nous devons agir en conscience des différents changements, les accepter, s’adapter afin de continuer à conjuguer sécurité et sérénité du travail », définit Yannick Le Breton. Impliqué dans des croisements de données et de fonctions, le directeur de la transformation et RSE suit une feuille de route qui doit conduire l’entreprise à devenir régénérative, c’est-à-dire à rayonner de façon positive sur l’ensemble de son écosystème, économique et social.
La participation de la conserverie à l’événement Les Circulaires, proposé et animé par la collectivité territoriale Auray Quiberon Terre Atlantique, relève de cet objectif. « Ce festival installé pendant trois jours sur le territoire d’Aqta va nous permettre de rencontrer d’autres entreprises et les habitants du secteur. Avec eux, nous allons réfléchir à l’avenir désirable que nous souhaitons projeter et le coconstruire. C’est ce qui nous anime et justifie notre engagement à l’organisation de cet événement », explique Yannick Le Breton au nom de La belle-iloise, marraine de cette première édition des Circulaires.
Agir pour le territoire
Organisé par Aqta, pour célébrer les dix ans de la collectivité, Les Circulaires se tiendront les 20, 21 et 22 septembre prochain, avec comme axe majeur : les mobilités douces. Autour d’animations festives et conviviales, habitants, communes, associations et acteurs économiques rouleront ensemble à la projection d’un avenir commun. partenaire de cet événement, la CCI du Morbihan participera plus précisément au Sémin’Air, le rendez-vous des entreprises.