Scopatel (22). Nathalie Gouedard, une vie à s’investir sans compter

D’abord salariée, Nathalie Gouedard n’avait jamais pensé diriger Scopatel, jusqu’au jour où l’opportunité s’est présentée à l’occasion du renouvellement de la gouvernance de la Scop. Maillon d’une histoire démarrée en 1983 et tournée vers le déploiement et l’entretien des réseaux de télécommunication, la dirigeante veille avec fierté à la destinée de cette PME, basée à Trégueux dans les Côtes d’Armor, avec une certitude : alors que la fermeture du réseau cuivre est enclenchée chez Orange et que le déploiement de la fibre prendra fin en 2026 en Bretagne, l’avenir passe par la conquête de nouveaux marchés.

Scopatel voit le jour en 1983, sous l’impulsion de trois salariés, qui, après avoir été licenciés, ont décidé de mettre en commun leurs indemnités pour créer leur entreprise sous le statut d’une société coopérative de production. Dès l’origine, celle-ci se spécialise dans les travaux télécom. Armée d’un BTS comptable, Nathalie Gouedard intègre la Scop en 1995, en tant que secrétaire comptable, en charge de la paie et de la démarche qualité. Progressivement, elle maitrise l’ensemble des aspects techniques, RH ou encore financiers et acquiert une vision 360 de l’entreprise et des clients. Aussi, en 2008, lorsque le gérant historique fait valoir ses droits à la retraite, les trois autres associés de la Scop la propulse naturellement gérante.

 

Le syndrome d’imposture

« Ça m’est tombé dessus de façon soudaine, explique Nathalie Gouedard. Je n’étais pas prédisposée à exercer des fonctions de management et de pilotage. Leur proposition était à la fois une belle preuve de confiance et en même temps, est-ce que cela correspondait à mon projet de vie ? Au final, j’ai accepté la mission pour me challenger et progresser. Petit à petit j’ai pris de l’assurance, même si par moment je me demande encore si je suis légitime. Le syndrome d’imposture n’est jamais très loin, c’est pourquoi je travaille deux fois plus qu’un homme. »  Après avoir lâcher la gérance entre 2012 et 2018, Nathalie Gouedard est, depuis 6 ans, à nouveau seule aux manettes aux côtés de deux salariés associés. Son équipe compte 7 salariés, uniquement des hommes et le chiffre d’affaires, en constante progression depuis trois ans, avoisine les 850 K€.  Pour faire face à cette croissance, Scopatel a investi, en 2021, 600 K€ dans des locaux flambants neufs à Trégueux, à quelques kilomètres de l’ancien siège.

 

Sous-traitant d’Orange et Axione

En France, 15 millions de poteaux supportent les bons vieux fils du téléphone, mais aussi le nouveau réseau de fibre optique. C’est dire si les poteaux téléphoniques, patrimoine d’Orange, et leur entretien dans les prochaines années, revêt des enjeux importants. Scopatel compte parmi les sous-traitants de Rang 2 de l’opérateur national, en charge du remplacement ou de l’installation de poteaux. Son interlocuteur est la société Constructel. « En 2024, nous avons traité 1 033 dossiers de remplacement. Avec le temps et les intempéries, les poteaux en bois peuvent avoir tendance à se déformer sous l’effet de la tension qu’exercent les câbles. Il existe aussi des poteaux métalliques qui sont plus résistants mais qui subissent aussi des dégâts. Le défaut le plus récurrent est le choc qui plie le métal à la suite d’un accident de la route. Lorsqu’ils sont abîmés ils peuvent devenir dangereux, c’est pourquoi, il est primordial de les changer. » L’équipe intervient uniquement en Côtes d’Armor.

 

Une organisation au cordeau

Son autre principal client est Axione, entreprise retenue par Mégalis Bretagne dans le cadre du déploiement accéléré de la fibre. « En 2024, nous avons installé 436 poteaux neufs et remplacés 572 poteaux. Certes, dès lors que des fourreaux sont en place, la fibre passe par voie souterraine. Mais sans travaux de réfection de voiries, ou sans construction nouvelle, la pose d’un poteau en bois est systématisée. C’est là que mon équipe intervient. Mais le marché va s’arrêter en 2026, année à laquelle est prévue la fin du déploiement de la fibre. » Enfin, l’équipe assure également un SAV boucle local : « on intervient aussi sur les câbles du réseau, en aérien comme en souterrain, dès lors qu’un abonné signale une anomalie à son opérateur. » Quelle que soit la nature de l’intervention, Nathalie Gouedard gère les plannings, optimise les déplacements, prépare les dossiers. « A chaque poteau correspond un dossier avec sa localisation GPS.  Pour chacun d’entre eux, je fais une demande d’intention de commencement de travaux auprès des concessionnaires concernés (EDF, service des eaux, GRDF, SDE..).  En effet, il n’est pas question d’endommager un câble électrique souterrain ou un réseau d’eau. » Cette organisation de l’activité ainsi que la gestion administrative et financière repose entièrement sur ses épaules.

 

Un diagnostic 360 opéré par la CCI

« Les journées sont longues et jusqu’ici, je ne me suis jamais autorisée à recruter quelqu’un pour me seconder. La raison ? Officiellement pour préserver le budget, mais plus certainement par un manque de légitimité. Pourtant, je vois bien autour de moi, au sein du réseau des Scop notamment, que les hommes n’ont pas autant de scrupules et recrutent. Résultat, ma vie professionnelle prend beaucoup de temps, alors que j’ai aussi une vie de famille avec des attentes fortes : tâches ménagères, courses, suivi scolaire, présence auprès des enfants, repas, etc…»  Le diagnostic 360 opéré par la CCI Côtes d’Armor a permis à Nathalie Gouedard de prendre conscience de ses forces et faiblesses, à savoir respectivement une expertise, un savoir-faire et une agilité et en parallèle, un manque de communication et d’investissement dans les réseaux et un portefeuille clients réduit. Aujourd’hui, tout l’enjeu consiste à anticiper la fin du marché avec Axione prévue en 2026 et trouver de nouveaux débouchés y compris dans d’autres secteurs d’activité, comme celui des trackers solaires.

 

« Avec l’aide de la CCI, j’ai mis en place une série d’actions de communication, lancé mon site Internet et réalisé mes premiers posts sur les réseaux. Je vais prochainement recruter une assistante pour consacrer plus de temps au relationnel, au commercial et aux réseaux professionnels.  C’est un nouveau challenge mais il y va de la pérennité de l’entreprise », conclut Nathalie Gouedard.

 

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