Le chipsier Altho Brets renforce sa boucle de production, en local

Le marché de la chips a la patate, et c'est peu de le dire ! A Saint-Gérand (Morbihan), l'industrie Altho Brets pousse les murs et les horizons pour répondre aux appétits du marché. En construction, la seconde usine du site gonflera la capacité de production de 30%, et assurera surtout la souveraineté de l'industriel en complétant sa chaine de valeur qui deviendra autonome de l'amont à l'aval.

Dans le champ d’en face, les pelleteuses et autres tracteurs ont ouvert le bal. Depuis quelques semaines, le chantier de construction de la seconde usine du chipsier breton Altho a démarré, pour laisser bientôt s’élever et s’étendre un bâtiment de 29 000 m². « Cette future usine offrira une capacité de production 25 000 tonnes de chips par an, soit une hausse totale nette de 15 600 tonnes par rapport à la production actuelle. Depuis plusieurs années, notre outil industriel – construit en 1996 à Saint-Gérand – est saturé et nécessite d’être agrandi et modernisé« , explique Laurent Cavard, Pdg d’Altho Brets.

Un projet à 123 millions d’euros d’investissement

De 100 millions d’euros estimés en 2023, le projet global (construction d’une nouvelle usine + rénovation de l’actuelle) atteint 123 millions d’euros d’investissement en cette fin d’année. 95 millions d’euros sont fléchés à la construction d’une partie du nouveau site : « nous avons tronçonné le chantier avec une première phase qui concerne l’installation d’une ligne de production automatisée (de la réception des pommes de terre à l’ensachage des chips) », détaille Laurent Cavard ; 28 autres millions sont dédiés à la modernisation de l’usine existante. Pour soutenir cette enveloppe, l’entreprise Altho a reçu une subvention d’un million d’euros accordée par l’Europe et la Région Bretagne (à hauteur de 400 000 euros, via son dispositif Pass compétitivité). Le reste, et donc la majorité, étant porté par l’entreprise Altho, filiale de la holding familiale Alain Glon, au capital indépendant. « Notre dossier, axé sur le développement industriel en local et la modernisation de notre outil, n’a pas été retenu par le programme France 2030« , souligne l’industriel breton, entre deux envolées enthousiastes.

Vers une production pleinement souveraine

Opérationnelle dès 2026, la nouvelle usine, économe en eau et en énergie, sera ensuite – dans un délai non défini – agrémentée d’une seconde ligne de frittage puis d’un Transstockeur ou magasin de stockage. La pleine fonctionnalité du nouvel outil est visée pour 2030.

A terme, 40 emplois seront créés (en plus des 337 existants) pour assurer la montée en puissance de cette industrie chipsière nationale et quasi-souveraine. Souveraine, elle le sera d’ici deux à trois ans avec l’implantation du dernier maillon de sa chaine de production : une raffinerie d’huile tournesol origine France construite également sur le site de Saint-Gérand. « C’est un projet complémentaire porté par la holding Alain Glon, dont l’objectif est de créer une filière d’huile éthique en s’approvisionnant auprès de cultivateurs français. Les graines seront préparées chez notre voisin Sanders Bretagne, avant d’être raffinées ici, au sein de l’unité Brethéol, construite pour 2026. L’usine Altho sera un débouché, sans doute le principal, mais pas que. D’autres clients industriels pourront s’y approvisionner ; et les co-produits seront valorisés sur place que ce soit dans la chaudière biomasse pour les coques et le méthaniseur pour les résidus », détaille Laurent Cavard qui dévoilait ce nouveau projet devant les élus régionaux et territoriaux, réunis pour cette présentation.

De l’amont, avec les 260 agriculteurs partenaires (dont la majorité sont installés en Bretagne et dans le centre de la France) qui livrent quelque 170 000 tonnes de pommes de terre, à l’aval avec la production de 50 000 tonnes de chips distribuées majoritairement en France, la boucle est ainsi bouclée pour assurer une production industrielle complète et nationale. 

67% de croissance en cinq ans

La mise en route de la nouvelle usine permettra de répondre aux appétits grandissants pour les chips aromatisées, spécialité et qualité reconnue de la marque Brets qui, sur cette originalité, grapille plusieurs parts de marché aux géants internationaux de la chips. « Nous avons engrangé 20 points depuis 2020. Notre croissance suit la même tendance avec une activité en hausse de 67% sur le même laps de temps », précise Laurent Cavard. En 2023, Altho affiche un chiffre d’affaires de 280 millions d’euros. « Et nous avons dû refuser des commandes, décliner des marchés en marque de distributeur pour développer la nôtre et répondre à la consommation de chips, notamment aromatisées, dont le marché croit de 3% par an. » 

Si les parfumeurs ont leur nez, le chipsier breton a ses palais qui testent, goûtent et valident les nouvelles recettes naturelles élaborées par le labo d’Altho. Plus de 850 références et une quarantaine de recettes égayent aujourd’hui la « chipsothèque » de l’industriel dont les ambitions sont tournées vers la presqu’île ibérique pour continuer de grignoter le marché.

 

Évènements

AGENDA DES ÉVÈNEMENTS À VENIR

Palmares
des entreprises
bretonnes

Je commande

Bretagne Économique