La CCI Côtes-d’Armor veut convertir les entreprises à l’hydrogène vert

La CCI Côtes-d’Armor, la Banque des Territoires, le Syndicat Départemental d’Électricité et Saint-Brieuc Armor Agglomération viennent de lancer une étude de faisabilité pour implanter une station de production d’hydrogène vert sur la zone des Plaines-Villes à Ploufragan.

« Un projet structurant pour faire des Côtes-d’Armor un territoire hydrogène vert ». Président de la CCI Côtes-d’Armor, Thierry Troesch n’y va pas par quatre chemins pour traduire l’ambition collective de doter le département, à l’horizon 2023, d’une station de production d’hydrogène vert. « Cette source d’énergie, connue depuis de longues années, offre une empreinte carbone quasi-nulle sous sa forme décarbonée. Dans un monde où la transition énergétique doit désormais guider notre quotidien, ne pas valoriser le H2Vert serait une erreur. La CCI Côtes-d’Armor entend être au rendez-vous. »

 

Un groupe de travail lancé en août 2019

Portée par cette ambition, la chambre consulaire costarmoricaine vient de lancer une étude de faisabilité pour implanter une station de production d’hydrogène vert sur la zone des Plaines-Villes à Ploufragan, l’écoquartier à proximité immédiate de son siège social. Pas question toutefois, pour Thierry Troesch, de partir seul. « Le groupe de travail, initié en août 2019, a d’emblée pointé la nécessité de s’entourer de partenaires afin de porter ce projet ambitieux qui vise à faire de notre territoire, demain, un centre de ressources pour les acteurs économiques autour de l’hydrogène vert. »

La CCI Côtes-d’Armor s’est associée à la Banque des Territoires, au Syndicat Départemental de l’énergie (SDE 22) et Saint-Brieuc Armor Agglomération pour lancer l’étude de faisabilité confiée au bureau d’études Alca Torda, basé à Vannes (Morbihan) et spécialisé dans le domaine de l’hydrogène énergie et des piles à combustible. « Les premières orientations devraient intervenir d’ici l’assemblée générale de fin novembre pour un vote des élus consulaires, précise Stéphane Drobinski, directeur général de la CCI Côtes-d’Armor. En janvier 2021, nous devrions avoir les conclusions définitives qui fixeront les conditions de réussite du projet : modèle économique, statut de la société d’exploitation, identification des financements, des usages, etc. »

 

Un projet vertueux et durable

En faisant le choix de l’hydrogène vert, la CCI Côtes-d’Armor entend avant tout parvenir à créer, autour de ce projet, un projet économique vertueux et circulaire. « Ce type d’hydrogène est généré par électrolyse alimentée par de l’électricité, elle aussi verte, en amont, précise Thierry Troesch. Pas question donc de s’acheter des certificats pour verdir notre idée. Nous voulons que cette électricité nécessaire soit vertueuse et durable. On compte s’appuyer sur l’énergie par les parcs éoliens ou sur de l’énergie solaire produite par des panneaux photovoltaïques. »

Pour Jean-Marc Labbé, vice-président du syndicat départemental de l’énergie, « cette ambition autour de l’hydrogène vert rejoint l’ensemble des initiatives récemment lancées pour faire des Côtes-d’Armor un territoire en pointe sur le green business. De notre côté, nous soutenons cette démarche car elle contribue au développement des mobilités alternatives sur le département. Elle rejoint les 172 bornes de recharges pour véhicules électriques déjà mises en service ou les 4 stations de gaz naturel actuellement à l’étude»

 

Un investissement de 10 millions d’euros

Consciente du potentiel de l’H2Vert, la CCI Côtes-d’Armor entend entraîner dans son sillage, un maximum de futurs potentiels clients, issus de la sphère publique et privée. « C’est la condition nécessaire à notre réussite collective, précise Thierry Troesch. Dans tous les projets lancés par notre structure depuis quatre ans, la recherche d’un équilibre économique pérenne, et d’une rentabilité à moyen terme, a toujours été un préalable. »

Une position partagée par Ronan Kerdraon, président de Saint-Brieuc Agglomération : « en matière de financement, une fenêtre s’ouvre avec le plan de relance et le plan H2 France qui tablent sur un gros soutien financier aux territoires qui s’engageront dans des conversions vertes Dans ce sens, l’engagement public devra être massif au démarrage. »

Le projet porté par les quatre partenaires table, en effet, sur un investissement de 10 millions d’euros à l’horizon 2023. « Nous serons au rendez-vous pour le financement des études, des actifs immobiliers ou des équipements via des subventions de l’État ou de l’Europe, précise Philippe Besson, directeur territorial de la banque des territoires. Le Gouvernement a clairement indiqué qu’il soutiendra massivement ce type d’initiative. Je me félicite aujourd’hui que les Côtes-d’Armor fassent partie des régions pilotes sur la question de l’hydrogène. »

 

Convaincre les entreprises

L’enjeu de l’étude menée par le cabinet Alca Torda sera notamment de mesurer le niveau de maturité du projet par les entreprises privées afin de réduire rapidement les coûts de production de l’hydrogène décarboné. « Nous allons rencontrer des concessionnaires, des transporteurs, des entreprises de messagerie ou des armateurs, confirme Thierry Troesch. Les premiers retours sont bienveillants et intéressés par notre démarche. Nous comptons aussi sur les collectivités locales pour donner l’impulsion au territoire. »

Dans ce sens, l’agglomération de Saint-Brieuc réfléchit déjà à investir dans des bus « H2vert » dans le cadre du renouvellement de sa flotte de transport urbain. « Je pense également aux bennes à ordures ou aux chariots élévateurs qui se prêtent bien à l’utilisation de ce nouveau combustible, ajoute Ronan Kerdraon. Alors certes, actuellement, un bus hydrogène coûte 30% plus cher qu’un véhicule diesel. Mais, en tant qu’élu, porteur d’un projet de territoire met l’économie verte et circulaire au cœur de ses ambitions, nous devons montrer l’exemple. »

 

Création d’un véritable écosystème

Pour la CCI Côtes-d’Armor, l’ambition autour de l’hydrogène vert va également au-delà de la simple construction d’une unité de production, et, à terme d’un réseau de distribution qui irriguerait l’ensemble du territoire. « Je souhaite voir naître une véritable filière sur la zone des Plaines-Villes où s’installera la future station, confirme Thierry Troesch. Elle doit devenir l’épicentre d’un écosystème industriel innovant, porteur d’avenir et participant au développement économique du département. Cela doit passer par l’implantation de nouvelles activités portées par des grands groupes ou des start-up qui souhaiteraient notamment contribuer à des travaux de recherche et développement autour de cette énergie. »

 

Une ambition soutenue par la Région Bretagne

L’initiative lancée par la CCI Côtes-d’Armor et ses partenaires est suivie de près par la Région Bretagne qui, lors de sa dernière commission permanente, a présenté une feuille de route en faveur de l’hydrogène renouvelable dans le cadre du plan régional de transition énergétique. D’ici 2030, les équipes du président Loïg Chesnais-Girard entendent créer huit boucles locales pour amorcer l’usage de l’hydrogène renouvelable pour un coût estimé de 50 millions d’euros associant investissements publics et privés.

À l’été 2019, une enquête de Bretagne développement innovation avait permis de recenser 145 acteurs impliqués sur la filière de l’hydrogène renouvelable : 78 entreprises, 44 collectivités et gestionnaires d’infrastructure, 8 établissements de recherche et de formation, etc. « Cette dynamique témoigne que notre projet a du sens dans une logique vertueuse qui allie croissance économique et développement durable », conclut Thierry Troesch.

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