Innovation sociale : Envie Autonomie à Rennes recycle du matériel médical pour une autonomie à tout (petit) prix !

Sociale, circulaire et environnementale, l'économie développée par Envie Autonomie à Rennes consiste à collecter, rénover du matériel médical et le proposer à petit prix pour les personnes  en perte d’autonomie. Une activité créée en avril 2017 qui lutte contre le gaspillage, offre une solution économe aux particuliers, tout en créant de l’emploi.

Dans les caves des maisons de retraite et des particuliers dorment des dizaines de fauteuils roulants sans utilité. Idem pour les lits médicalisés, les sièges de bain ou les lève-personnes. Depuis sa création, il y a un peu plus d’un an, Envie autonomie a ainsi collecté quelque 2 200 aides techniques, « Certains fauteuils roulants sont comme neuf, faute d’avoir été livrés à temps. Il faut compter en moyenne neuf mois entre la prescription, l’acceptation de la prise en charge par les différentes parties prenantes : (Sécurité sociale, mutuelle, MDHP et fonds de certaines collectivités) et la livraison. Pour certaines personnes en perte d’autonomie, il est alors trop tard. Soit elles sont décédées, soit l’aide technique n’est plus adaptée. Le matériel étant payé, il n’est pas repris. Or, à l’autre bout de la chaîne, des personnes âgées dépendantes ne peuvent pas s’équiper en matériels multiples faute de remboursement par la Sécurité sociale ou leur mutuelle. Vous mesurez le gâchis »,  interroge Ludovic Blot, Directeur d’Envie 35 qui pilote cette nouvelle activité.

 

Des matériels rénovés vendus jusqu’à moins 70% du prix du neuf

De ce paradoxe est née une filière inédite de collecte et de réemploi de matériel médical quasi unique en France. L’initiative est portée par l’association d’insertion Envie avec le soutien de l’APH-Esat le Pommeret, une association située à Bréal-sous-Montfort (35), engagée pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Les activités de collecte, de tri, de réparation, de vente et de maintenance  sont assurées par une équipe de neuf personnes dont six salariés en insertion professionnelle et/ou en situation de handicap. «Tous nos matériels sont aseptisés et réparés au bénéfice d’un contrat de maintenance, d’une garantie d’un an et d’une norme CE maintenue », précise Ludovic Blot.  Pour l’heure, sur les 660 matériels qui ont été rénovés, 270 ont été vendus à un prix pouvant aller de – 50 à – 70 % sur le prix du neuf. Et ce avec l’agrément officiel de l’Assurance maladie ». Le matériel médical est collecté sur toute la Bretagne, auprès des hôpitaux, de 170 EHPAD et de huit points de dépôt réservés aux particuliers en Ille-et-Vilaine. « Des partenariats se mettent progressivement en place sur les autres départements ou des associations collectent et stockent pour nous. »

 

Un show-room avec des ergothérapeutes

La structure qui a ouvert ses portes à Rennes il y a un an a bénéficié d’une opportunité de 1 000 m² dont 100 m² consacrés à l’exposition du matériel. Des ergothérapeutes animent ce  showroom. « Nous sommes très vigilants sur le confort, la propreté et la sécurité du matériel. Les professionnels de santé sont là pour conseiller chacun selon ses difficultés ». Ces matériels intéressent les particuliers, personnes âgés, handicapés, aidants familiaux  et des établissements. Il s’agit de répondre au besoin d’un deuxième matériel par praticité ou confort, sachant qu’il n’existe pas de remboursement du 2e équipement si le premier a été pris en charge ou en partie par la sécurité sociale. Ou de répondre d’une diminution des ressources, notamment pour les établissements spécialisés. « C’est un marché complémentaire de celui du neuf », précise le directeur.

 

A quand  une prise en charge de la Sécurité sociale ?

« Sur les 13 milliards d’euros d’aides techniques dépensés chaque année, 7 milliards d’euros restent  à la charge des usagers. Il faut changer de modèle, la société ne peut plus continuer à financer du neuf », confie Ludovic Blot, qui remarque que chez certains pays du Nord, les aides techniques n’appartiennent pas au patient et sont confiées à d’autres jusqu’à leur obsolescence. « Notre modèle économique sera d’autant plus pertinent, si nos matériels rénovés bénéficient demain d’une prise en charge de la Sécurité sociale et des mutuelles ». Il en profite pour lancer un appel aux partenaires. « Nous  sommes en capacité  de nous développer mais nous n’y arriverons que si les mutuelles nous cofinancent. Cela nous permettrait de vendre un peu plus cher et d’arrêter de gaspiller ». L’association reçoit déjà le soutien de la CNSA (Caisse nationale de solidarité autonomie), la CPAM, le RSI, la MSA, la MDPH. Envie autonomie Rennes est la seconde structure en France à avoir ouvert après Angers et avant Saint-Etienne, Nancy et Strasbourg. Cinq autres structures de ce type verront le jour en 2018, « l’objectif étant d’atteindre 50 dépôts en France en 2022 ».

 

 Lauréat de Crisalide Eco-activités

Ce projet innovant a été récompensé le 17 mai 2018 lors de la 10e édition du concours Crisalide Eco-activités organisé par la CCI Ille-et-Vilaine dans la catégorie Innovation sociale/ Nouveaux business Models). « La quadrature du cercle est résolue ; le lien est fait entre entreprise, insertion, économie circulaire et handicap », a déclaré le jury durant la cérémonie.

 

Envie Autonomie 35 

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