La première unité de production d'hydrogène vert vient d'être vendue. Un grand pas pour la jeune entreprise H2Gremm, fondée en 2019 par Alain Rocheux et Olivier Le Strat, à Edern près de Quimper. Propriétaire d'une solution de production et de stockage d'hydrogène destinée à l'habitat individuel, l'entreprise innovante est prête pour lancer la production en série de ses microstations qui visent l'auto-couverture énergétique. Un marché de niche, inexploré jusque-là, et dont les potentiels sont exponentiels, rien qu'à l'échelle locale.
La première unité vient d’être vendue et mise en marche pour produire en continu de l’hydrogène vert et valider des piles à combustible qui alimentent des vélos à assistance électrique. Tout juste rentré de Biarritz où il est allé l’installer, Alain Rocheux, président fondateur d’H2Gremm, entreprise finistérienne spécialisée dans la conception de microstations capables de produire et stocker de l’hydrogène vert destiné à alimenter le réseau d’habitations individuelles, semble un brin ému. « C’est la première unité que l’on commercialise et qui fonctionne en totale autonomie », évoque avec empathie son concepteur, comme un parent qui aurait lâché la main à son enfant pour qu’il fasse ses premiers pas.
Un niveau de confiance stable et fiable
Il faut dire que c’est une sacrée étape pour H2Gremm, une (r)évolution charnière dans le développement de cette jeune entreprise. Créée en août 2019, l’entreprise novatrice avançait en mode prototypage. En ce printemps 2023, elle devient marchande et projette d’ores et déjà la production en série de ses microstations. « Les tests ont tous été concluants, que ce soit les démonstrateurs installés sur des bâtiments pour alimenter un réseau autonome ou des unités de production directe, comme celle installée à Ouessant notamment. On a atteint un niveau de confiance assez élevé et fiable pour déployer aujourd’hui une production en série« , explique Alain Rocheux.
Une production en interne
Forte d’une dizaine de personnes, des ingénieurs pour beaucoup, l’entreprise H2Gremm recrute actuellement une dizaine d’autres talents à des postes opérationnels : responsable qualité, agents de production, informaticiens, administratifs et commerciaux, cela va de soi. D’ici la fin de l’année, Alain Rocheux prévoit la fabrication d’une première centaine de microstations, une capacité qui sera vite décuplée quand l’entreprise aura atteint son rythme de croisière. « Nous allons développer la production et l’assemblage en interne, en fabriquant nous-même la partie compression et stockage de l’hydrogène. H2Gremm a déposé plusieurs brevets sur une technologie dite de compression électrochimique qui ne dégage aucun bruit, ni vibration, contrairement à la compression mécanique utilisée habituellement. Issue de nos travaux de recherche et développement, cette technologie, qui se passe de lithium, correspond à la dimension de notre modèle, plus restreint. Ce qui explique aussi qu’elle n’était pas disponible sur le marché usuel de l’hydrogène vert, destiné à des stations de plus grande capacité », détaille l’ingénieur de formation et d’application, Alain Rocheux.
Un marché local pour commencer
Comparable à la taille d’un gros frigo, la microstation H2Gremm se divise en deux parties : l’électrolyseur logé à l’intérieur de l’habitation, dans la chaufferie le plus souvent ; et les éléments de stockage d’hydrogène installés à l’extérieur. Le tout étant relié à un système de capteurs d’énergie naturelle, solaire la plupart du temps, afin d’alimenter la microstation.
« Le système vise l’autonomie énergétique des maisons individuelles ou des bâtiments tertiaires. En cela il est innovant, car aujourd’hui, la production d’énergie renouvelable est généralement restituée au réseau national« , rappelle Alain Rocheux qui a, plusieurs fois, été contacté par des industriels intéressés par ce dispositif innovant et concluant. « La microstation H2Gremm ne peut pas alimenter une industrie. Sa capacité est plafonnée à quelques dizaines de mégawatts/heure par an. »
*Son marché est réservé aux constructeurs de maisons individuelles et installateurs de systèmes électriques et/ou de chauffage. « Nous sommes en train d’étudier la possibilité de recevoir l’agrément pour des crédits d’impôts dans le cadre des dispositifs d’aide à la rénovation énergétique », souligne Alain Rocheux qui prévoit un déploiement local voire national de la commercialisation de sa solution à fort retour sur investissement (5 à 10 ans). « Le marché va au-delà, c’est certain. Mais il y a déjà tellement à faire autour de nous ! »
