Denis Matériaux. La RSE au coeur de la stratégie

Acteur reconnu pour sa capacité d'innovation, Denis Matériaux n’a cessé de croître depuis sa création en 1979. Avec l’arrivée de la seconde génération, Renan et Rachel Denis, dans les années 2000, le groupe familial s’est diversifié. L’ouverture du capital, en 2021, à trois fonds d’investissement est une « réussite » de l’aveu même des dirigeants qui restent à la barre et conservent l’indépendance familiale. Après une année 2022 marquée par une hausse inédite des prix des matériaux et de l’énergie, le binôme partage une ambition commune : la pérennité et la croissance durable du groupe.

Nous sommes fin septembre, lorsque nous nous rendons à Guignen, à une trentaine de kilomètres de Rennes, siège du Groupe Denis Matériaux. La guerre en Ukraine bouscule des marchés déjà sous tension avec le Covid. Des matières premières moins accessibles et surtout une énergie hors de prix relancent l’inflation, parfois à trois chiffres. « Tous nos métiers ou presque sont concernés, rapporte Rachel Denis Lucas, administratrice de Denis Matériaux et gestionnaire de l’enseigne Esprit Casa, (filiale du groupe), spécialisée dans la vente de carrelage (6 agences en Bretagne et 40 salariés).

 « Je reviens d’un salon à Bologne, l’équivalent du « Batimat » pour la céramique. C’est tout un savoir-faire qui risque de disparaitre en Italie, en Espagne ou encore en Turquie. Premièrement, parce que l’argile européen provenait pour l’essentiel d’Ukraine. Ensuite, en raison de l’explosion du prix de l’énergie. Aujourd’hui, beaucoup de fabricants ferment une partie de leurs fours. Ils tentent de minimiser les pertes et délaissent les productions trop énergivores. Leur survie tient dans les profits engrangés en 2021, une année exceptionnelle. Mais combien de temps  pourront-ils encore tenir ? » Devant cette situation totalement inédite, le groupe breton a considérablement gonflé ses stocks : +30% depuis le début de l’année 2022. « C’est indispensable pour continuer à vendre. »

 

De distributeur à fabricant de blocs de béton

Rachel Denis Lucas et son frère Renan Denis ont mis le pied dans l’entreprise familiale en 2000 avant d’en prendre officiellement les rênes en 2008. Spécialisée à l’origine dans la distribution de matériaux pour la construction, Denis Matériaux connaît dès lors un développement fulgurant. « Nous sommes passés de 13 agences à 32, en nous implantant au plus près des artisans, en zone ruraleUn projet de croissance externe en Bretagne va être finalisé d’ici la fin de l’année ainsi qu’une ouverture d’agence carrelage à Nantes.»

En 2005, le groupe se diversifie dans la fabrication de produits béton : « Nous voulions maîtriser l’ensemble de la chaîne. Grand bien nous en a pris ». Il rachète l’entreprise Périn à Redon et acquiert un véritable savoir-faire qu’il va enrichir avec la mise au point d’un bloc béton prêt à coller et isolant, un produit très innovant et aujourd’hui breveté. « Pour produire en série ce bloc à base de béton et d’ardoise expansée, nous avons également acquis une carrière en Mayenne. » Aujourd’hui, Perin et compagnie regroupent six usines de fabrication de blocs de béton au sein desquelles sont employés 168 salariés pour un chiffre d’affaires de 44 millions d’euros. La dernière a été inaugurée en 2020 près de Dinan, l’équivalent d’un investissement de 7 millions d’euros.

Graviers, blocs de béton, briques, plâtre, dalles, ardoises, carrelage… le frère et la sœur se sont aussi lancés, en 2005, dans la fabrication de menuiseries avec la création de la Société Denis Menuiseries (SDM). En 2014, ils ajoutent une corde à leur arc avec le rachat d’une PME spécialisée dans la production de bois lamellé-collé, aujourd’hui basée à Langon. « Denis Bois Industrie fabrique par exemple des lames pour les terrasses mais aussi, des poutres bananes pour les piscines », précise Rachel Lucas.

 

Une activité soutenue

Au global, le chiffre d’affaires 2021 du Groupe Denis Matériaux (sans Périn et compagnie) s’élève à 107 millions d’euros pour un effectif de 350 collaborateurs. Son portefeuille de clients est à 80% constitué de professionnels. « Sur le premier semestre 2022, nous avons gardé la même dynamique, mais depuis l’été, on constate une baisse de l’activité auprès des particuliers. L’inflation, j’imagine… Pour notre part, sur un an glissant, nos tarifs ont augmenté en moyenne de 15 % mais avec des gros écarts selon les types de matériaux. Par exemple, le bois est en train de baisser alors qu’il avait presque doublé. »

 

Une démarche RSE avant-gardiste

Malgré cet enchaînement des crises, Renan et Rachel Denis ont su s’adapter et maintenir le cap. « Par chance, nous avons toujours joué la carte de la proximité et du local. Elle fait partie de notre ADN. » Bois de châtaignier de Bretagne, ardoise expansée de Mayenne… Les filières locales sont privilégiées. « De même, nos camions vont rarement au-delà de 30 km de leur base. » Cet ancrage territorial au bénéfice d’un développement local amène très tôt les dirigeants à vouloir connaître les impacts de leur activité sur le territoire. « Dès 2009, nous avons mis en place un baromètre de notre bilan carbone. Nous analysons le cycle de vie de chacun des produits que nous commercialisons. » Cette démarche avant-gardiste leur a valu de recevoir, à l’occasion des Trophées du négoce 2022 organisés par le Moniteur, le 1er prix dans la catégorie RSE. « A l’échelle d’une ETI, ils n’avaient jamais vu ça. Nous sommes sur la première marche du podium, devant des acteurs nationaux comme Point P », rapporte fièrement Rachel Denis. Pour suivre au mieux cette démarche et continuer à progresser, le groupe n’a pas hésité à embaucher en 2021 un responsable RSE.

 

Création de Denis Solaire

Cette démarche se traduit par un parc de chariots entièrement électrique et des camions équipés de boîtiers autorisant à rouler au bioéthanol. Tous les sites du groupe ont fait l’objet d’audits énergétiques, qui ont conduit à remplacer les chaudières fioul par des pompes à chaleur. « Sur 33, il ne nous en reste plus que 4 à changer ». Tous les éclairages ont basculé vers les Leds et les chutes de bois de l’usine DBI de lamellé collé alimentent une chaudière. La prochaine étape va consister à équiper tous les bâtiments en panneaux photovoltaïques. « On vient de créer Denis Solaire dont une partie du capital sera ouvert aux salariés et l’autre à des tiers-investisseurs. On se fixe comme objectif de produire 30% de notre propre consommation électrique. »

Cette agilité résulte aussi de l’entrée au capital, en 2021, de trois fonds d’investissement BNP Paribas Développement, Sodero Gestion Société Générale, et BPI et d’un administrateur extérieur. « Nous sommes passés d’un board de deux à cinq personnes. C’est oxygénant. Ils nous donnent leur avis, nous challengent et nous aident à fixer des caps tout en tenant compte de l’évolution de notre marché. » Raréfaction du foncier, logements de plus en plus économes en énergie, industrialisation de la construction, tous ces paramètres font partie de la stratégie de Denis Matériaux. « La comptabilité verte va devenir de plus en plus importante. Nous sommes redevables de tout ce que nous prenons à la nature. Il faut en avoir conscience. On travaille pour les générations suivantes », conclut l’Actionnaire familiale.


Chiffres clés

CA 2021 : 107 M€

Effectif : 350

Nombre d’agences : 32

 

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