A base de low-tech, Breizh Bell cultive les faces cachées des champignons

Il y a le règne animal, végétal et... le règne fongique. C'est dans ce troisième univers qu'ont plongé il y a quelques années Jefferson Le Bian et Xavier Lambert, deux techniciens de l'aéronautique reconvertis à la culture des champignons. En juin 2020, ils ont créé Breizh Bell, une entreprise champignonnière bio, mais pas que. Coup de coeur du jury des trophées Crisalide Industrie 2022, les deux entrepreneurs ont plusieurs talents à leur corde, et plusieurs cordes à leur arc, pour développer une myriade d'activités autour du champignon. Rencontre.

Ces deux-là carburent à la R&D, voire parfois au système D ! Depuis neuf ans, Jefferson Le Bian, 32 ans, et Xavier Lambert, 27 ans, se sont pris de passion pour les champignons qu’ils étudient sous toutes les lamelles : origines, variétés, environnement, conditions de pousse, qualités connues, qualités méconnues, exploitation, applications… En juin 2020, après avoir décanté tout ce savoir, les deux autodidactes ont décidé de passer à l’acte en créant Breizh Bell, une entreprise dédiée à la culture de champignons endémiques, pensée en mode bio et low-tech.

Reconversions professionnelles

Dans sa vie d’avant, Jefferson officiait comme électrotechnicien spécialisé dans la mécanique des hélicoptères. Une fracture de la jambe l’a obligé à rester alité plus de 6 mois. « J’en ai profité pour étudier ce que je ne connaissais pas. » Son attention s’est rapidement cristallisée sur l’économie circulaire, où comment un déchet peut (re)devenir matière première et régénérative. « Je me suis particulièrement intéressé au marc de café qui pouvait être utilisé comme substrat de culture, notamment pour la pousse des pleurotes. » Il n’en fallait pas moins pour piquer sa curiosité et son envie d’expérimenter.
En parallèle, son collègue et ami de métier Xavier, mécanicien sur la base aéronavale de Lanvéoc, sortait lui aussi d’une longue période de convalescence. Le jeune militaire a lui aussi ressenti le besoin de changer de vocation, en polarisant sa passion sur le règne des champignons. Adepte des cueillettes en forêt, Xavier a voulu en connaître davantage sur ces eucaryotes pluri ou unicellulaires. Décidé, il deviendra mycologue.

Laboratoire low-tech

C’est chose faite depuis deux ans : Jefferson et Xavier ont bâti leur champignonnière à Ploudiry, dans un hangar agricole qu’ils ont entièrement aménagé. Objectif : produire en totale autonomie hydrique et énergétique. Le duo de mécanos a construit un circuit de récupération, filtration et circulation d’eau de pluie pour l’irrigation des champignons ; fabriqué un système de panneaux solaires à usage thermique afin de chauffer l’eau et les serres ; conçu un séchoir fait maison pour déshydrater et/ou torréfier les shitakés… L’entreprise devient un véritable laboratoire des low-tech, ces technologies simples et accessibles à tous. A tel point, qu’elle provoque la visite de Corentin de Chatelperron, pape en la matière, et retient l’intérêt de Briac Le Guillou, ingénieur globe-trotter qui bouclait un tour de France des low-tech àvélo. « Je me suis arrêté ici, à Ploudiry, pour aider quelque temps », explique le jeune homme. Finalement, il y est resté pour devenir le troisième associé de Breizh Bell ; l’aventure continue.

Dans les huit box opaques et hermétiques que les mycologues ont aménagés, poussent harmonieusement pleurotes, hydnes du hérisson, shitakés, reishis et quelques autres espèces rares. Au total, quinze variétés sont cultivées selon un cahier des charges biologique certifié par Ecocert. La diversité des vertus et qualités de chaque champignon permet à l’entreprise de se projeter sur plusieurs débouchés, qu’ils soient alimentaire, médicinal, agricole ou arboricole. « Certaines variétés favorisent la régénération des sols », explique Jefferson en pointant du doigt un beau laurier fleurs sauvé de la décrépitude par un compost enrichi en mycélium.

Producteurs de mycéliums

Et c’est là une autre facette de l’activité développée par Jefferson, Xavier et Briac. En créant leurs propres substrats, dosés de ce qu’il faut en paille, sciure de bois, marc de café et drèche de bière – autant de matières récupérées auprès de producteurs locaux –, les myciculteurs finistériens ont réussi à créer les conditions favorables adaptées à la pousse de chacune de ces variétés. En plus des champignons qu’ils vendent déjà sur des marchés ou auprès de plusieurs restaurateurs, ils fournissent aussi des briques de mycélium ou semence qu’ils proposent à la vente, sous différentes formes et quantités. « L’idée est que professionnels et particuliers produisent leurs propres champignons grâce à nos mycéliums, nos matériels et nos conseils Low-Tech ; selon leurs besoins et leurs capacités.​ », précise Jefferson, en ajoutant que ce marché intéresse les maraichers et quelques vignerons.

Vers de la formation professionnelle 

Dans quelques semaines, l’équipe de Breizh Bell intègrera le tiers-lieu La Pam, rénové en plein centre-ville de Brest. « Là-bas, nous bénéficierons de 80m² de laboratoire où nous pourrons décupler notre création de substrats », précise Jefferson. La production, elle, restera à Ploudiry et sera amplifiée à une trentaine de variétés d’ici l’année prochaine. Dans leur prévisionnel, les entrepreneurs tablent sur une croissance à deux chiffres afin d’atteindre 300 000 euros de chiffres d’affaires en 2023.

Ce résultat sera abondé par une nouvelle activité que Breizh Bell pourra (enfin) déployer à La Pam : la formation professionnelle sur des compétences à la fois fongiques et techniques (low-tech). « Le fruit de neuf années de R&D ! » CQFD

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