À Thales Étrelles, l’électronique de pointe passe en haute cadence

Avec plus de 30% de croissance par an, l'activité du site Thales d'Étrelles, près de Vitré, ne cesse de monter en puissance, principalement soutenue par la production de jeux de radars et de systèmes de guerre électronique destinés à équiper les avions de combat Rafale de Dassault Aviation. À sa tête, Laurent Sudrat, qui a connu une longue carrière dans la Marine nationale, souhaite développer une vision à long terme.

« En rejoignant Thales, j’ai le sentiment de continuer à servir la France d’une autre manière ». Comme une continuité de carrière. Avant de devenir, en 2023, directeur du site Thales à Étrelles en Ille-et-Vilaine, Laurent Sudrat a vécu un parcours étoffé dans la Marine nationale.

 

Un parcours hors norme

Après avoir intégré l’École navale à 19 ans, l’Ariégeois d’origine y suit une formation d’officier et d’ingénieur, avec une spécialisation en hydrodynamique. Affecté sur des navires de combat, le jeune officier devient rapidement chef de service avant de s’essayer à de nombreuses expériences. Pendant quinze ans, il explore les airs. Depuis la base de Lann-Bihoué, le pilote de l’aéronavale mène des opérations de sauvetage en mer et de lutte anti sous-marine. Il retrouve ensuite les bâtiments de combat, notamment en tant que commandant de frégate et du porte-hélicoptères amphibie « Tonnerre », mais aussi comme commandant en second du porte-avions Charles de Gaulle et commandant du groupe Jeanne d’Arc, qui forme les jeunes officiers à la fin de leur cursus académique.Un parcours impressionnant qui le mène sur de nombreux théâtres d’opérations et jusqu’à des postes de chef d’État-major. « J’ai notamment été chef du bureau ‘plans’ de la Marine, en charge de la préparation de l’avenir des programmes pour la Marine nationale à long terme », révèle Laurent Sudrat.

Ces longues années dans le milieu  ne l’ont toutefois pas empêché de développer une certaine appétence pour le monde de l’industrie. « Dans ma jeunesse, j’ai notamment suivi un MBA à HEC. Aussi , en 2019, quand Thales m’a proposé une mission passionnante en tant que co-responsable du programme franco-allemand de la Patrouille maritime du futur MAWS (Maritime Airborne Warfare System), j’ai décidé de franchir le pas », poursuit-il en précisant qu’il a travaillé à ce poste, sur des sujets de guerre électronique, notamment de lutte anti-missiles.
Quand Thales lui propose de venir à Étrelles, en tant que directeur d’établissement et directeur du secteur business ESH (Electronic Solutions for Harsh Environments), Laurent Sudrat y voit « une opportunité pleine de promesses ».

 

« Accélérer les cadences de production »

En effet, le site d’Étrelles, principalement orienté sur des programmes d’armement, occupe une place de plus en plus stratégique pour le groupe et, au-delà, pour des partenaires comme Dassault Aviation. « Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, nous a demandé d’accélérer considérablement les cadences de production. Un défi de taille, dans une situation de pénurie mondiale de composants », assure le directeur.

La demande est telle que la croissance du site avoisine les 30% depuis deux ans. Un enjeu conséquent pour l’héritière de la société Sorep qui, après être entrée dans le giron de Thales en 2001, s’est installée ici, dans les anciens bâtiments de Mitsubishi Electrics, en 2010. « Il s’agit de l’un des rares endroits dans le monde capable de produire de la micro-électronique de très haute performance qui résiste aux accélérations brutales, aux variations extrêmes de température, aux chocs ou encore aux radiations », rappelle Laurent Sudrat.

La croissance est fortement soutenue par la production de jeux de radars et de systèmes de guerre électronique SPECTRA destinés à équiper le Rafale. Ils représentent deux tiers de l’activité du site. Thales à Étrelles produit, par ailleurs, des radars terrestres destinés à la lutte antiaérienne et des systèmes de protection de guerre électronique pour le naval, tout en développant quelques activités relatives aux missiles. « Dans tous ces domaines, la croissance est également très forte, en raison du contexte géostratégique mondial », assure Laurent Sudrat.

30 millions d’euros engagés en 2023

Ce développement accéléré a conduit l’entreprise à réaliser de très gros investissements, avec notamment 30 millions d’euros engagés en 2023 dans la construction de ce nouveau bâtiment. L’enjeu est également de taille du point de vue des ressources humaines. En deux ans et demi, Thales Étrelles est passé de 600 à un peu plus de 900 salariés, auxquels il faut ajouter une centaine de prestataires travaillant sur place. « Rien qu’en 2024, nous en sommes déjà à 180 recrutements, dont 80% concernent des agents de production, de fabrication ou des techniciens ».

Un défi pas si simple, dans un bassin d’emploi affichant un très faible taux de chômage (3,9%). « Nous avons la chance de disposer d’un service Talent Acquisition très performant, qui s’adresse aux jeunes, dès la sortie d’école. Nous avons également noué un partenariat très efficace avec France Travail qui, à travers sa méthode de recrutement par simulation, nous permet de présélectionner des personnes présentant des compétences pour travailler de manière extrêmement méticuleuse. Les personnes réussissant ces exercices se voient proposer une action de formation préalable au recrutement de 400 heures, sur trois mois, dans nos centres de formation. À l’issue de ce processus, elles sont invitées à repasser un test en compagnie de nos formatrices et réussi dans la majorité des cas. Nous leur proposons alors un contrat de travail et elles continuent à se perfectionner, accompagnées par un tuteur », explique le directeur du site, qui y voit un processus sur le long terme : « il faut ensuite qu’elles s’approprient la culture de l’entreprise et trouvent leur place parmi nos salariés, riches d’un incroyable savoir-faire .»

Concomitamment aux ressources en personnel, Thales Étrelles poursuit l’adaptation de son outil industriel, à l’ère de la numérisation et des datas. « Notre usine est entièrement connectée. Nous enregistrons et traitons toutes les données de manière à optimiser notre outil », conclut Laurent Sudrat qui regarde l’avenir en anticipant, d’ores et déjà, les équipements pour le futur Rafale.


Chiffres clés :
46 ans d’existence depuis la création de la Sorep à Châteaubourg
900 collaborateurs
30% d’ingénieurs et cadres
70% d’agents de production

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