Tourisme. « Nous n’avons aucun appel, les clients n’ont pas la tête à voyager », constate Loïc Mathieu, codirigeant de Visit-Ouest

A l’arrêt depuis deux mois, l’agence réceptive Visit-Ouest a vu son activité chutée de 95%.  Depuis une petite dizaine d’années, elle s’est spécialisée dans les circuits clés en main sur l’Ouest de la France. Alors que le pays amorce son déconfinement,  les demandes de séjours se font rares.  Loïc Mathieu et Mikaël Kerlidou, les dirigeants attendent les nouvelles mesures du gouvernement à savoir la libre circulation des personnes au-delà d’un rayon de 100 km et l’annulation de leurs charges sociales.

Mathieu et Mickael Kerlidou, les dirigeants attendent les nouvelles mesures du gouvernement à savoir la libre circulation des personnes au-delà d’un rayon de 100 km et l’annulation de leurs charges sociales.
Mathieu et Mickael Kerlidou, les dirigeants attendent les nouvelles mesures du gouvernement à savoir la libre circulation des personnes au-delà d’un rayon de 100 km et l’annulation de leurs charges sociales.

« Nous avons passé ces deux derniers mois à rédiger tous les avoirs pour les clients, une cinquantaine, qui avaient réservé un séjour auprès de notre agence. Comme il a été précisé par voie d’ordonnance du 25 mars, cet avoir est valable 18 mois, et le client ne peut exiger le remboursement pendant cette période. En revanche, s’il ne consomme pas (ou pas totalement) l’avoir à la fin de la période des 18 mois, il aura droit au remboursement de l’intégralité des sommes restant dues. Cette décision nous permet de conserver de la trésorerie et nous aide à passer le cap de crise. Elle est essentielle », explique Loïc Mathieu, codirigeant de Visit-Ouest, agence de voyages réceptive basée près de Rennes. Depuis une petite dizaine d’années, l’agence s’est spécialisés dans les circuits clés en main sur l’Ouest de la France. Avec un chiffre d’affaire approchant le million d’euros, elle emploie deux salariés. Depuis la mi-mars, ces deux derniers sont au chômage partiel au moins jusqu’à la fin août. L’agence est restée ouverte pour traiter toutes les demandes d’annulation. Pour le reste l’activité est au point mort et les perspectives sur juin juillet et août totalement incertaines.

 

3 mois pour proposer un nouveau séjour

Depuis la mi-mars, les deux associés passent la moitié du temps à tenter de négocier avec les compagnies aériennes le report des vols de leurs client : « elles ont l’obligation de rembourser les passagers mais tentent de proposer un bon d’achat valable 12 mois. Elles sont injoignables donc il est difficile de faire valoir nos droits. De plus, ce bon d’achat n’est pas calqué sur l’avoir de 18 mois des agences de voyage. Enfin, nous ne savons pas si elles reprogrammeront les vols annulés l’an prochain, et nous ne savons pas dans quelle santé financière elles sortiront de la crise, Flybe et South African Airways viennent de mettre la clé sous la porte.  En ce qui nous concerne, nous avons 3 mois pour faire une nouvelle offre à nos clients. Je constate à ce jour, que très peu d’entre eux ont la tête à voyager. Ils nous demandent de leur laisser du temps ».

 

Chiffre d’affaires à zéro

Durant ces deux mois, une autre partie de leur temps a été consacrée au report des échéances et à la pêche aux aides gouvernementales.  Si l’obtention des différés auprès des banques n’a posé aucun problème, il a tout de même entraîné un surcoût pour l’entreprise. « Certes, nous n’avons pas eu de frais de dossier, mais le report d’échéance nécessite de recalculer les intérêts sur le capital restant dû.  A titre d’exemple, il nous restait 100 000 euros d’emprunt sur des bureaux. La prolongation d’un an va nous coûter 1 700 euros, indique Loïc Mathieu. A contrario, le différé octroyé par la BPI est exempt de tout surcoût ».  Outre ces reports d’échéances, les deux dirigeants ont obtenu chacun en tant que travailleur indépendant, 1 250 euros de la part des Urssaf. Ils ont aussi bénéficié en mars et avril de l’aide exceptionnelle de 1 500 euros versé par l’Etat, leur chiffre d’affaires ayant chuté de plus de 50% par rapport à mars 2019. En temps normal, entre mars et juin l’activité bat son plein. « Aujourd’hui, nous n’avons plus aucun appel. Nous sommes passés de 2 à 3 ventes par jour à 3 ou 4 demandes par semaine.  Nous espérons voir nos charges sociales annulées au même titre que les commerces ou TPE qui ont dû fermées car notre chiffre d’affaires est nul et ce au moins jusqu’à juin. Sans cette aide et aucune rentrée d’argent, la situation risque de se compliquer ».

 

Agence réceptive, partenaire du Space  

Et demain ? « Tout dépendra de ce qui sera autorisé ou non en termes de circulation, au-delà des 100 km », poursuit Loïc Mathieu. Comme beaucoup de professionnels du tourisme avec qui ils échangent en permanence, il table sur une réouverture des cafés- restaurants le 2 juin. « On attend aussi l’ouverture des plages. Cependant nous ne nous faisons pas d’illusion : les français ne passent pas par une agence de voyage pour organiser leur séjour en France. Jusqu’à la fin de l’année notre activité réceptive risque d’être faible. Elle le sera encore plus si l’information qui circule aujourd’hui sur la fermeture des îles Anglo-normandes se confirme. La rumeur court chez les hôteliers d’une fermeture jusqu’au 15 septembre ».  Et ce n’est pas Terra Mundi, une seconde activité développée par les deux associés et tournée vers l’organisation de circuits à l’étranger qui sauvera la saison : « elle ne reprendra pas avant un an », estime le dirigeant. Nous avons aussi perdu 200 000 euros, soit 20% de notre CA avec l’annulation du Space ». En effet partenaire exclusif du salon mondial de l’élevage à Rennes, Visit-Ouest prend en charge toutes les réservations hôtelières des journalistes et des différentes délégations de visiteurs. A leur demande, elle leur organise des circuits sur deux ou trois jours dans la région en plus du Space.

 

Une offre « Merci à nos soignants »

 Dans ces conditions, Loïc Mathieu et Mikaël Kerlidou mise sur « ma rando facile.com », un site lancé en décembre 2019 en partenariat avec le CRT pour faciliter les déplacements à pied ou en vélo d’une étape à l’autre. Transfert de bagages, rapatriement en début de circuit, location de vélos adaptés à l’itinérance, tous ces services sont disponibles en ligne. Autre initiative lancée depuis mars : l’offre « Merci à nos soignants ». « Nous ne savons pas s’il sera possible de voyager cet été, mais nous voulons quand même agir à notre échelle en leur proposant de voyager gratuitement » Une dizaine de séjours montée en partenariat avec certains de leurs partenaires hôteliers est ainsi proposée gracieusement à l’ensemble des personnels soignants. Pour en bénéficier, une seule condition :  qu’au moins 1 adulte (payant) voyageant avec eux partage la chambre.

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