Transitions

Solarenn. 75 ans et toujours en forme

Parce qu’elle a su innover et multiplier les variétés, la coopérative maraichère Solarenn poursuit sa trajectoire de croissance, 75 ans après sa création. Une performance pour le 3e opérateur du marché de la tomate en France, qui se traduit en 2022 par un chiffre d’affaire en hausse de 3% à 54, 5 millions, alors même que le tonnage est en très légère baisse et qu’une tomate sur deux en France est importée. Diversification des cultures, décarbonation de la production et RSE comptent parmi les priorités des trois prochaines années.

Christophe Rousse et Isabelle Georges, respectivement président directrice genérale de Solarenn à Saint-Armel (35)
Christophe Rousse et Isabelle Georges, respectivement président directrice genérale de Solarenn à Saint-Armel (35)

Ils étaient une douzaine d’adhérents en 1948 quand la coopérative a vu le jour à Chantepie en Ille-et-Vilaine. Les surfaces étaient petites, entre 1 et 2 hectares et  les serres en verre chauffées n’existaient pas. Il faudra attendre les années 60 pour voir arriver les premières dans le département et les années 70 pour assister à leur développement. Celui-ci sera stoppé par les  deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 qui entrainent la faillite d’un grand nombre d’entre elles, du fait de l’envolée du prix du fioul.

Année 2000, naissance de la marque Solarenn

Le début des années 80 marque le passage au hors-sol, une révolution pour la profession, et l’année 2000 donne naissance à la marque Solarenn.  C’est aussi l’année du  déménagement de la coopérative à Saint Armel, à une quinzaine de kilomètres au sud de Rennes, dans un bâtiment de 1,3 ha, véritable plateforme de collecte, de  conditionnement et de logistique pour l’ensemble des productions : « on a vu très grand à l’origine du projet. »  Autre étape majeure :  le début de la segmentation dans les années 2010, avec l’émergence des tomates cerises. «  Aujourd’hui, nous fêtons nos 75 ans et les valeurs de la coopérative sont toujours bien ancrées à savoir l’équité dans la valorisation des productions, la qualité et la force du collectif. La coopérative appartient à tous les producteurs », souligne Christophe Rousse , président de la coopérative depuis 14 ans.  La stabilité de la présidence est une autre marque de fabriques. « En 75 ans, il n’y  en a eu que 5 ou 6 ».

 

Baisse de la production en France

Aujourd’hui Solarenn regroupe 30 producteurs tous labellisés HVE 3 sur plus de 60 ha  de serres. Chacun emploie, en moyenne, 16 salariés, soit un  effectif total  de 500 salariés à l’échelle de la coopérative. « Une grande majorité travaille en couple et jusqu’à aujourd’hui , il n’y a pas de difficultés de renouvellement. Si les équipements sont performants, ils sont toujours repris.  Cependant, depuis cinq ans, il n’y a plus de construction de nouvelles serres. La raréfaction du foncier, les conflits d’usage et les freins administratifs font que les dossiers d’autorisation sont majoritairement rejetés. Ce phénomène est général en France. Depuis 20 ans , le pays perd, chaque année, 1% de la production de fruits et légumes. Les serres souffrent encore d’une mauvaise image. Pourtant chaque exploitation récupère les eaux des toitures et s’autosuffit. Nous sommes également en goutte à goutte et en recyclage permanent. » En matière d’énergie, les disparités sont grandes selon les exploitations. 65 % des producteurs sont équipés de chaudières à cogénération, 15% récupèrent la chaleur fatale et 20% sont équipés d’une chaudière à gaz. «  Parmi ces derniers, ceux qui ont décalé leur production ont limité la casse, en 2022 et 2023. Contrairement à la concurrence étrangère, notamment marocaine, on ne travaille pas l’hiver, faute de lumière. Il n’en reste pas moins que nous avons tous subi une hausse de nos charges, de 10 à 15%, du fait de l’envolée du prix des intrants (emballages cartons), des transports  et de l’énergie ainsi que de la hausse du coût de la main d’œuvre. »

 

Montée en gamme et multiplication des produits

Malgré ce contexte, le chiffres d’affaires a légèrement progressé en 2022, +3%,  avec un tonnage en légère baisse , en dessous de 25 000 tonnes pour les tomates et 80 tonnes pour les fraises. « Une  performance à laquelle on ne s’attendait pas. » La raison tient dans la montée en gamme des produits et la multiplication des variétés. Aujourd’hui,  40 % des ventes  sont issues de la tomate grappe, 30 % de petits fruits (tomates cerises) et 30 % des variétés anciennes. La gamme bio ne représente que 2 à 3% de la production. «  Cette répartition évolue peu mais cette année avec l’inflation et la problématique du pouvoir d’achat , les petites barquettes , de 150g ou 250 g ont la préférence des consommateurs. Les clients sont sur des petits grammages, en tomates comme en fraises.», rapporte Isabelle Georges, directrice de la coopérative. Elle pilote une équipe de 45 salariés qui monte à 150 au pic de la saison. Les volumes de gariguettes , variété phare de Solarenn devraient atteindre 200 tonnes en 2023 soit le triple de la production de 2022. « Ce choix s’explique par la conversion des serres chauffés, en serres dédiés à des cultures moins énergivores. » 

 

Charte RSE

Si la GMS représente 80% des clients de Solarenn, cette dernière travaille de plus en plus en local. Ce choix va de pair avec l’élaboration en cours d’une charte RSE bâtie  sur 8 engagements. «  Nous avons déjà beaucoup fait, depuis plusieurs années, qu’il s’agisse d’énergie avec l’installation de trackers solaires qui couvrent 15% de notre facture ou en matière d’emballage avec le passage au tout carton , la culture sans pesticide, la mise en place d’un bilan carbone… Aujourd’hui, nous devons répertorier toutes nos actions pour mieux les valoriser et renforcer notre marque employeur», précise Isabelle Georges.

 

«  Dans les 75 à venir, il reste du travail à faire, des marchés à prendre , car la tomate française ne représente qu’une tomate vendue sur deux. Il nous faudra renouveler le parc de serres, attirer des jeunes et travailler sur la décarbonation avec des énergies moins fossiles. On reviendra peut-être aussi à une diversification  plus importante dans les cultures, conclut Christophe Rousse. A L’image de la mini pastèque que la coopérative lance en 2023. Une exclusivité Solarenn !

 

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