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Plasmor (35). Un savoir-faire unique en France, bientôt exposé à l’Elysée

C’est une pièce unique, presque une œuvre d’art. Elle mesure 5,28 m de long, 0,58 m de large et ne pèse que 23 kg. Le Kayak de mer , modèle K 17,  fabriqué par le Breton Plasmor (35) à l’occasion de la  Grande Exposition du Fabriqué en France à l’Elysée, les 1er et 2 juillet prochains, vient tout juste d’être livré.  Il fait partie des 124 produits sélectionnés sur 2 452 dossiers déposés qui seront exposés lors de cette troisième édition initiée par Emmanuel Macron. Une véritable  reconnaissance pour les dirigeants, Thomas et Marie-Aurore Neveux, des passionnés qui ont repris, début 2019,  l’entreprise en liquidation et réussi à redresser la barre.  Kayak de mer mais aussi  petit voilier familial et depuis peu dériveur pour pratiquants handicapés, toutes ces embarcations sont de fabrication 100 % française ou presque !

Thomas et Marie-Aurore Neveux, deux passionnés à la tête de l'entreprise bretonne Plasmor à Bain-sur-Oust
Thomas et Marie-Aurore Neveux, deux passionnés à la tête de l'entreprise bretonne Plasmor à Bain-sur-Oust

Le Président de la République ne le sait pas encore, mais il se verra bientôt offrir cette pièce unique, aux couleurs de la République, fabriquée en Bretagne, chez Plasmor en Ille-et-Vilaine. «On sait qu’il pratique beaucoup le kayak , alors pour nous, c’est une formidable occasion de faire connaître notre savoir-faire, témoigne Marie-Aurore Neveux codirigeante de Plasmor à Bain-Sur-Oust près de Redon. La nouvelle comme quoi nous étions sélectionnés à la Grande Exposition du Fabriqué en France est tombée le 5 juin. Nous avions jusqu’au 9 juin pour réaliser et livrer notre kayak à Paris. Mon mari y a passé 4 jours  et presque 4 nuits pour tenir les délais. Je me suis chargée de l’acheminer à bon port ». Objectif tenu : A 22 heures, le jour J, le kayak était livré. C’est par l’entremise de la CCI Ille-et-Vilaine que les dirigeants ont eu connaissance de cet appel à candidatures. La conseillère d’entreprise en place sur le Pays de Redon les a convaincus de déposer leur dossier. «  Nous remplissions tous les critères, à savoir, un engagement sociétal et environnemental et un sourcing 100 % français, du moins à 99% , car les couvercles  en caoutchouc viennent de Finlande. »

 

D’abord salarié de Plasmor

« C’est une formidable reconnaissance ! , poursuit Thomas Neveux, codirigeant  et responsable de la fabrication. « Depuis que nous avons repris l’entreprise en 2019 , on bosse comme des dingues, sans véritable coupure.  Cette année, nos voiliers, les Skellig,  marchent très bien. On en a vendu une petite  dizaine. C’est plus difficile pour les kayaks, la contraction de l’économie pèse sur l’activité. Depuis le début de l’année 2023, c’est l’ensemble du secteur de la voile qui enregistre un  recul des ventes ».  De formation maths- physique, cet ancien développeur a fui Paris et pris dans un premier temps la Direction d’un centre de loisir en Vendée. « C’est sympa, on joue toute la journée, mais ça ne nourrit pas beaucoup. » Le chef d’entreprise change de voie et entre chez Bénéteau en tant que  stratifieur. « Je découvre le composite. C’est un matériau génial ! le métier me plaît énormément ».

Mais une fois de plus ça ne paye pas suffisamment et au bout de deux ans,  la famille s’installe à Saint-Dolay (56) à proximité du nouveau travail de Marie-Aurore Neveux, recrutée  en tant que DAF.  Très vite Thomas Neveux décroche un CDD chez Plasmor dont le siège est alors basé à Theix dans le Morbihan. Nous sommes en 2013, l’homme commence à se former à tous les gammes de produits.« On me confie rapidement la finition des voiliers et des kayaks. Vu le prix de ces derniers , environ 3 000 euros, il faut énormément de minutie pour arriver à un résultat parfait. A ce poste j’étais le meilleur . » Début 2018, après 5 années de bons et loyaux services, voyant qu’aucune évolution n’est envisageable , il quitte l’entreprise avec le projet de créer sa propre affaire de réparation de bateau.

 

Reprise de Plasmor en janvier 2019

Le destin en décide autrement. Plasmor est liquidée quelque mois après son départ.   Ni une, ni deux, le couple dépose une offre de reprise. Elle est retenue,  la nouvelle société voit le jour en 2019 et déménage à Bain-sur-Oust sur un terrain de 2 000 m² dans un atelier de 700 m² situé en bordure de la 4 voies  Rennes-Redon. «  Le loyer est beaucoup plus abordable et nous sommes très bien situé. C’est une vraie chance d’être ici même si 1 000 m² nous permettraient d’être plus à l’aise. » Le couple commence par rationnaliser les gammes : « nous avons supprimé des modèles et  proposé des finitions plus simples avec une grand nombre d’options » . Aujourd’hui, le fabricant propose  3 modèles de voiliers dans la gamme Skellig. Ils mesurent de 5 à 6 mètres de long et leur prix démarre à 13 850 euros. « Ce sont des petits voiliers  en polyester, de 4 à 6 places, faciles à barrer et très stables. C’est idéal pour la navigation en famille dans le Golfe du Morbihan ».

 

Jusqu’à 80 kayaks par an

A cette fabrication de voiliers s’ajoutent celles de kayaks de mer, 14 modèles au total (simple et double), qui mesurent de 4,60 m à 5, 89 m et pèsent entre 17  kg et 28 kg pour les modèles simples. Dédié à la randonnée à la journée,  plus ou moins technique  son prix démarre  à 3 000 euros. Les plus performants et les plus légers sont en carbone. « Nous sommes les seuls fabricants français  de kayak en matériau composite. Tous les autres ont externalisé leur production. La finition des kayaks , c’est moi qui l’assure car c’est l’étape la plus compliquée. Il faut une grande maîtrise» Durant les deux derniers exercices, environ 80 modèles sont sortis, chaque année, de l’atelier. « Cette année , du fait de la conjoncture, nous en somme juste à une petite dizaine. Par contre, nos Skellig marchent très bien. » Un kayak demande environ 35 heures de travail contre 110 heures pour un voilier. Le chiffre d’affaires , 350 K€ en 2021, près de 300 K€ en 2022, se répartit de manière égale entre les deux  produits. «  En 2022, nous avons dû décaler certaines commandes faute de main d’œuvre qualifiée ». L’équipe qui comprend 4 salariés devrait grimper à 6 à compter de septembre prochain. « On s’appuie sur Pôle emploi pour trouver les perles rares. »

2023, lancement du Gavrinis , un dériveur pour pratiquants handicapés

Un autre projet vient de voir le jour. «  Nous avons livré à l’école de voile de « Loisir Temps libre » à  la Roche Bernard nos trois premiers Gavrinis.   C’est un dériveur que nous avons conçu  pour les pratiquants handicapés . Il est autoredressable, insubmersible et inchavirable . Surtout, il est plus rapide que le Hansa, un modèle fabriqué en Australie et très prisé par la Fédération française de voile. » Les 7 et 8 octobre prochain , une régate est organisée sur la rivière d’Etel, Gavrinis contre Hansa. Thomas et Marie-Aurore Neveux espèrent  bien gagner haut la main  la compétition et prouver que leur dériveur, conçu en Bretagne pour les  personnes handicapées, a toute sa place dans les écoles de voile françaises.

 Un marché émergent et une reconnaissance au plus haut sommet de l’Etat,  voilà de quoi motiver encore plus ces deux passionnés.

Découvrir Plasmor

>>> A lire sur le même sujet : L’industriel Tahe Outdoors France, ambassadeur du Morbihan à la Grande exposition du Fabriqué en France

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