A trois jours de la journée internationale des droits des femmes, il est toujours et encore essentiel de rappeler qu’en Bretagne comme en France, si la parité progresse, elle est encore très loin d’être respectée. C’est particulièrement vrai dans les intercommunalités où les femmes sont quasiment invisibles. Pourtant ces instances sont devenues un lieu stratégique du pouvoir local. Le 8 mars, une Rencontre régionale "Parité 2020 : citoyenne aujourd’hui, maire demain" est organisée à Rennes pour susciter des vocations auprès des femmes, notamment pour l’accès aux fonctions de maire, lors des prochaines élections municipales
10% en 2001, 13% en 2008 et 16% en 2014, le pourcentage des femmes maires en Bretagne progresse… mais lentement. « A ce rythme, il nous faudra presque un siècle pour atteindre la parité, note avec regret Anne Patault, Vice-présidente à l’égalité au Conseil Régional. Il faut par tous les moyens donner envie aux femmes de s’engager. C’est d’autant plus vrai qu’à l’occasion des prochaines élections municipales, en 2020, un grand nombre d’élus locaux issus des petites communes (moins de 1000 habitants) ne souhaitent pas se représenter. Les femmes ont là une opportunité à saisir ». Philippe Mazenc, le nouveau Secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar), se veut plus optimiste : « La parité est un sujet qui monte en puissance dans ce quinquennat, souligne-t-il. Les discours en sa faveur, dans le monde du travail, sont devenus plus audibles et des progrès tangibles ont été enregistrés. Le 8 mars prochain, 200 manifestations vont être organisées à travers toute la Bretagne. Il n’y en jamais eu autant ».
L’exécutif monopolisé par les hommes
Malgré tout, les mauvais chiffres en matière de parité ont la vie dure. Selon l’étude réalisée par l’association Elles aussi, avec le soutien de la Région Bretagne et de l’Etat, toutes communes confondues, on compte en Bretagne, 84% de maires hommes et 72% de premiers adjoints hommes. 700 communes sur 1250 que compte la Bretagne ont participé à cette enquête. « L’exécutif est ainsi monopolisé par les hommes dans les fonctions les plus stratégiques et donc les plus prestigieuses comme les Finances, relève l’élue régionale. Ces postes sont pourtant des tremplins pour accéder à la fonction de maire ». Autre constat tiré de cette étude : le chemin des femmes pour décrocher un mandat est différent de celui des hommes. Elles ne sont pas élues pour leur couleur politique mais pour leurs compétences. « Pour beaucoup d’entre elles, on est venu les chercher. On a repéré leurs qualités. Elles n’ont donc pas de parti derrière elles pour les soutenir. C’est d’autant plus vrai dans les petites communes de moins de 1000 habitants où il n’existe pas d’obligation de parité ». Parmi les freins, l’étude note également les comportements sexistes, souvent verbaux, qui perdurent, la conciliation des temps – enfants, profession, engagement – et le féminin qui reste encore trop peu associé au pouvoir dans l’imaginaire collectif. « Ça ne bougera vraiment que le jour où la question de la parentalité sera résolue », souligne encore Anne Patault.
Soutenir les femmes qui veulent devenir maire
Toutefois, hors de question de baisser les bras. Au niveau national, des pistes existent pour accroître la parité : extension de l’obligation à toutes les communes (+ et – 1000 habitants). « Quand il n’y a pas d’obligation, ça n’avance pas, souligne Anne Patault. C’est aujourd’hui criant dans les communautés de communes et les agglomérations où les femmes sont quasiment invisibles ». Autre piste : imposer l’alternance stricte femme-homme dans les exécutifs, poste de maires inclus ; améliorer les condition d’exercice du mandat de l’élu(e) comme la compensation des pertes de revenus professionnels, l’anticipation de la retraite, la garantie d’un retour à l’emploi ou encore responsabiliser les partis politiques pour soutenir des candidatures femmes, etc. « En Bretagne il faut que les femmes qui souhaitent se présenter à un mandat de maires bénéficient d’un réseau d’élu(e)s pour les conseiller et les aider à se préparer. Le 8 mars, à Rennes Métropole, nous allons lancer un plan d’action dans ce sens. Au-delà de cette journée de mobilisation, on ne lâche pas la pression », avertit l’élue
Au-delà du 8 mars, plus de 200 manifestations sont organisées sur le territoire breton tout au long du mois de mars. Voici les liens vers les programmes en département.