
Ils sont les passeurs d’une aventure industrielle démarrée en 1922, à Lorient, par Berthe Etui, puis consolidée en 1964, à Guidel, par Juliette Corlay. C’est sous sa direction en effet – et son abnégation – que fut construite l’usine Le Minor dans la zone industrielle des 5 chemins, où plusieurs bâtiments et quelques machines servent encore à la production des marinières, pulls marins et kabig emblématiques. « C’est une Maison historique que nous avons la chance de diriger aujourd’hui ; c’est aussi une pression de tous les instants de continuer à la faire exister« , soulignent Sylvain Flet et Jérôme Permingeat, propriétaires depuis 2018 de l’entreprise Le Minor. « C’est important pour nous de célébrer chaque événement anniversaire de cette entreprise centenaire, comme une marque de reconnaissance pour ces femmes patronnes qui l’ont dirigée avant nous« , salue Sylvain Flet, replongeant avec émotion – à l’occasion des 60 ans d’implantation de Le Minor à Guidel -, dans quelques coupures de presse de l’époque. Toutes témoignent de la pugnacité de Juliette Corlay à mener la barque contre vents et marées, et surtout à rebâtir cette usine après qu’un incendie avait bien failli l’anéantir. « C’était une folie de recommencer, j’ai essayé malgré tout« , déclarait-elle à l’époque. « C’est sans doute une folie de perpétrer une production textile entièrement en France, mais on continue quand même », enchérissent Sylvain Flet et Jérôme Permingeat, au bon souvenir de leur prédécesseure.
Résultats en hausse
Et ça marche. En 2025, la Maison Le Minor annonce des résultats en hausse (4 millions d’euros de chiffre d’affaires) et une amélioration significative de sa marge. Depuis qu’ils sont à la barre, Sylvain Flet et Jérôme Permingeat ont réussi à sécuriser l’activité, concentrée en 2018 quasi exclusivement à l’export et au Japon en particulier. « Aujourd’hui, l’export représente 40% de notre volume d’affaires, contre 60% pour le marché français », repositionne Sylvain Flet à l’évocation de ce rééquilibrage. La vente directe a fait un bond de 30% en France, via la boutique en ligne, l’ouverture d’une boutique éphémère à Paris (laquelle deviendra permanente à la fin de l’année) et la mise en avant du magasin d’usine à Guidel. « Nous ouvrons nos ateliers à 2000 visiteurs chaque année, et escomptons en accueillir 20 000 d’ici trois ans. L’expérience client est au coeur de notre stratégie de développement », souligne Sylvain Flet, directeur général.
Des collections pour professionnels
L’autre axe commercial visé concerne l’offre corporate : la Maison le Minor se positionne sur le marché professionnel en proposant des collections exclusives pour habiller les brigades des restaurants et hôtels, les équipages de paquebots et autres partenaires prestige. « C’est un levier de développement intéressant, qui nous conduit à recruter et former actuellement onze personnes, accueillies dans le cadre d’une préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI), encadrée par France travail et financée par la Région Bretagne », explique Sylvain Flet.
Et pour la transmission des gestes et process, les dirigeants peuvent compter sur leurs collaboratrices historiques, dont Marie-Jo et Malou, deux couturières passionnées, embauchées il y a presque quarante ans par Mme Corlay. L’aventure continue et les savoir-faire se perpétuent.