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Le transporteur Lahaye (35) pourrait renoncer à son activité rail-route du fait de l’envolée des prix de l’électricité : une aberration environnementale !

Le transport combiné rail-route ? Le groupe Lahaye global logistics y croit dur comme fer depuis 2011. Seulement voilà, avec la flambée des coûts de l’électricité c’est tout son combat pour diminuer l’empreinte carbone en transport de marchandises qui risque d’être mis à mal dans les mois à venir. «  Les tarifs des transporteurs ferroviaires sont tombée mi-décembre :  environ 20 % de hausse. Nos clients nous disent ne pas pouvoir supporter un tel surcoût. Le risque est donc de délaisser cette activité et remettre  12 000 camions sur la route en 2023 », alerte  Matthieu Lahaye, Directeur général. Une aberration environnementale !

Matthieu Lahaye, Directeur général de Lahaye Global Logistics
Matthieu Lahaye, Directeur général de Lahaye Global Logistics

A 37 ans, Matthieu Lahaye est à la tête de Lahaye Global Logistics, une ETI familiale située près de Rennes qui emploie 1 700 collaborateurs. Détenteur avec son frère Jean-Baptiste de 75% du capital, il poursuit la dynamique de croissance enclenchée par son père dans les années 80. En 2022, le chiffre d’affaires attendu s’élève à 242 millions d’euros, contre 212 millions d’euros en 2021.

 

Un train, ce sont 40 à 45 camions en moins sur la route

Mi novembre 2022, nous avions rencontré Matthieu Lahaye qui nous expliquait, dans un long entretien*, tous les projets du groupe en matière de transition énergétique : «  « Le sujet est très complexe. Surtout quand on achète quotidiennement 100 000 litres de gazole et que nos camions parcourent 400 000 km. Oui, on émet beaucoup de carbone et on n’en est pas fier. C’est pourquoi, nous travaillons à développer toutes les autres alternatives en faveur d’un transport plus écologique, notamment le transport multimodal rail-route. Après avoir ouvert une première ligne ferroviaire Rennes-Lyon en 2011 avec cinq trains par semaine, le groupe ouvrira, au printemps 2023 une ligne Rennes-Lille. « On démarrera avec trois trains par semaine. Les sillons sont achetés et nous louons la traction. Cela représente environ 2,5 millions d’euros d’investissement auxquels il faut ajouter 1 million d’euros de coûts variables. C’est un risque financier, mais à chaque train, ce sont 40 à 45 camions en moins sur la route et donc, des économies de CO2. »

 

Un impact financier de 15 à 20%  pour les clients

Un mois après cet échange, mi-décembre , les tarifs des entreprises ferroviaires, celle qui tractent les wagons transportant les containers de Lahaye Global Logistics, sont tombés. « Elles espéraient jusqu’au dernier moment un coup de pouce du gouvernement pour réduire la facture, poursuit Matthieu Lahaye. Celui-ci n’est pas venu. La hausse, sur le prix de la traction est de 22% . Pour nos clients, l’impact sera de l’ordre de 15 à 20% alors que celui lié à la route (prix de camions, gaz oil, etc.) sera moindre, de l’ordre de 5 à 6%. Nos clients nous disent qu’ils sont incapables de supporter ce nouveau surcoût. »

 

Une activité rail-route remise en cause

Le risque encouru est que le transporteur breton soit dans l’obligation de cesser son activité rail-route courant 2023, « ce  pourquoi, nous nous battons depuis plus de 10 ans. Ces trois dernières années, nous avons eu à gérer beaucoup de crises ( grèves, Covid…). Cette envolée des prix de l’énergie, nous ne pourrons la supporter. » Si le projet  d’ouverture d’une seconde ligne ferroviaire, entre Rennes et Lille à compter du printemps prochain, n’est pas à ce jour abandonné – « nous avons travaillé ce projet avec des tarifs 2023 »-  son équilibre économique le sera si la ligne Rennes Lyon est délaissée par une partie des clients. « Notre modèle ne tient et n’est rentable que s’il y a du volume. L’urgence à trouver une solution est réel car les appels d‘offres vont bientôt tombées et avec eux la renégociation de nos marchés» Aujourd’hui, en Bretagne, seul 1% des volumes du marché des transports est assuré par le fret. Et ce, par l’entreprise Lahaye.

Pour passer l’année 2023, Matthieu Lahaye demande un accompagnement du gouvernement. «  Nous sommes convaincus que c’est un mauvais moment à passer, un problème conjoncturel et que le rééquilibre se fera en 2024-2025. En attendant, nous devons le passer. Avec nos seuls fonds privés, l’exercice se révèle impossible », conclut le dirigeant.

 

* Lahaye Global Logistics. Investissements massifs dans la transition énergétique

 

 

 

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