Transitions

« Il nous faut connaître l’avenir de la filière pêche pour adapter le modèle économique », Jean-François Garrec (CCIMBO)

Le Plan de sortie de flotte de la pêche maritime en France a des répercussions sur l'ensemble de la filière. Gestionnaire des criées et ports de pêche de Cornouaille, la CCIMBO appelle l'Europe et l'Etat à déterminer un cap politique pour l'activité pêche en France. "Il en va de l'avenir de nos territoires et des activités économiques déployées", insiste Jean-François Garrec, président de la délégation quimpéroise de la CCI. Mobilisé sur le projet d'avenir des ports de pêche en Cornouaille, l'élu et représentant des entreprises locales entend travailler, de concert avec les acteurs locaux, sur un nouveau modèle économique des ports de pêches de Cornouaille.

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DR
Jean-François Garrec, CCIMBO et l'équipe de direction de la gestion des ports de pêche de Cornouaille

Annoncé, le plan d’accompagnement individuel, induit par le Brexit et validé par le gouvernement ce 17 février, n’est pas une surprise pour le gestionnaire des criées et des ports de pêche de Cornouaille qu’est la CCI métropolitaine Bretagne Ouest. Ce que ses représentants n’avaient pas anticipé, c’est le nombre conséquent de bateaux locaux conduits vers cette sortie de flotte : « à ce jour, nous relevons 22 bateaux confirmés sur 26 annoncés », comptabilise Christophe Hamel, directeur d’exploitation des criées cornouaillaises. « Soit la moitié de la flotte hauturière bigoudène ! » 

A l’échelle des criées cornouaillaises, mutualisées et modernisées sous l’égide de la CCIMBO, ce Plan de sortie de flotte répercute une perte sèche de 5000 tonnes de produits traités par an, sur les 12 000 tonnes de pêche hauturière rentrées chaque année, « soit 43% du tonnage et 45% en valorisation« , précise Philippe Le Carré, directeur général de la CCIMBO Quimper. « Le chiffre d’affaires global de la criée cornouaillaise sera impacté de 2 millions d’euros, sur les 14 millions que nous réalisons chaque année. Nous allons devoir nous adapter et accompagner la restructuration de la filière », complète le directeur. 

« Il faut à tout prix soutenir la pêche bretonne »

« Nous sommes solidaires des patrons de pêche qui ont pris cette décision. En tant que chef d’entreprise et leur représentant à la tête de la CCI, je les comprends. Ce choix est légitime pour éviter la faillite et rééquilibrer les trésoreries. Nous sommes en revanche très vigilants et mobilisés sur les conséquences locales de ce Plan : quel est le projet politique pour l’avenir de la filière pêche en France ?

De cette question découle la restructuration des modèles économiques de nos territoires sur lesquels nous devons travailler collectivement. En tant que gestionnaires des ports de pêche et des criées de Cornouaille, nous ne sommes pas des acteurs directs de la politique des pêches, ce qui ne nous empêche pas d’appeler de nos vœux la modernisation de la flottille et l’aide significative à l’installation de jeunes marins. Il faut à tout prix que la pêche bretonne soit soutenue, que l’Europe et l’Etat français prennent conscience qu’il en va de l’avenir de nos territoires », plaide Jean-François Garrec, président de la délégation quimpéroise de la CCIMBO depuis 2004, avec plusieurs crises à son actif. « Depuis vingt ans que je suis à la gestion des ports de pêche, on perd en moyenne 1000 tonnes de pêche par année. Si on n’aide pas les jeunes à s’installer, les bateaux à se moderniser, on court vers une crise structurelle », alerte le représentant des entreprises cornouaillaises qui en appelle à une réorganisation complète de la filière locale.

Travailler sur un nouveau modèle économique

Plusieurs pistes sont envisagées et à étudier, selon les gestionnaires, de la réorganisation des ventes et de la logistique à la diversification des activités économiques locales. « A Concarneau, où la pêche est passée de 45 000 à 5 600 tonnes en quelques années, on a su restructurer les activités portuaires et préserver l’attractivité du port avec la mise en avant de la réparation navale et de la dynamique touristique. La CCI s’y est largement investie pour redessiné un modèle économique viable », souligne Jean-François Garrec, qui n’exclut pas un même niveau de réflexion pour l’avenir des ports cornouaillais. « La CCI est mobilisée, aux côtés du Département et du Syndicat mixte ports de pêche et plaisance de Cornouaille, pour travailler sur l’avenir de la filière pêche en local et son nouveau modèle économique. Ce travail aura un coût important et nous sollicitons une aide urgente auprès de l’Etat pour nous accompagner sur cette restructuration », appelle Jean-François Garrec. « Ces cinq dernières années, la CCI a investi 30 millions d’euros dans la modernisation des criées. Celle du Guilvinec est un modèle d’automatisation, qui répond aux besoins et contraintes commerciales et logistiques. Nous sommes un maillon de la filière et saurons nous adapter à nouveau, mais nous devons pour cela connaître le cap », conclut le président.

Les ports de pêche de Cornouaille en quelques chiffres

En 2022, les ports de pêche de Cornouaille ont traité 48 212 tonnes de produits débarqués, soit 6.5% de plus qu’en 2021
Hors criée, le port de Douarnenez arrive en tête avec 15 982 tonnes traitées, devant le Guilvinec avec 13998 tonnes.
Les ventes en criée (36 par semaine) représentent 32 702 tonnes de produits au total, dont 13 617 tonnes pour la seule criée du Guilvinec.

La Cornouaille reste la première place de marché de pêche fraiche en France, avec 23% du marché national.

 

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