Attractivité

Crise du logement. Les Assises font le tour des solutions

Le sujet défraie la chronique et les discussions : le logement est devenu inaccessible en Bretagne, impactant le développement économique et l'équilibre social de la région. Aux débats organisés sur plusieurs territoires, les Assises du logement en Bretagne, tenues le 2 février à Quimper, ont souhaité fédérer l'ensemble des acteurs locaux afin de cibler les solutions probantes. Une mobilisation qui s'inscrit sur du temps long, quand des situations appellent des solutions d'urgence. Tour d'horizon des échanges et diagnostics.
DR
Les 2e Assises du logement en Bretagne se sont tenues le 2 février 2024, à Quimper

Il y a d’un côté de nombreux constats, partagés, qui corroborent l’urgence et la prégnance de la crise du logement en Bretagne : attractivité du territoire, calendrier de la loi ZAN (zéro artificialisation nette), hausse du marché immobilier avec des territoires (frange littorale) de moins en moins accessibles financièrement, pression touristique avec la concurrence des maisons secondaires, tension accrue sur le parc locatif social, dynamique économique et recrutements difficiles…« Le logement va mal », résume Philippe Gustin préfet de la région Bretagne. « Et cette situation a des répercussions sur le développement économique du territoire et sur sa cohésion sociale. »

La crise du logement passée au crible par le Cérur

Le diagnostic est étayé par une récente étude menée par le Centre d’études et de recherches urbaines et rurales, le Cérur, sur la crise du logement en Bretagne et dont les résultats ont été présentés aux Assises du logement, à Quimper. Quelques faits saillants :

1/ une dynamique démographique (+260 000 habitants en Bretagne d’ici 2050 selon l’Insee) portée par un solde migratoire supérieur au solde naturel (1/4 des nouveaux arrivants viennent d’Ile de France, 1/5 des Pays de la Loire) ; la Bretagne affiche un taux de desserrement des ménages plus important qu’à l’échelle nationale (2,1 personnes par ménage en Bretagne contre 2,2 en France) ; le taux de maisons individuelles reste très élevé en Bretagne (2e région de France derrière Centre-Val de Loire) ;

2/ une hausse généralisée des prix de l’immobilier. « Le territoire devient de moins en moins accessible financièrement, les prix de l’immobilier ayant explosé sans commune mesure avec l’évolution des revenus« , souligne Gaëlle Kerangueven du cabinet Césur. « En 2023, les biens immobiliers sont accessibles pour 18% des ménages bretons« , met en exergue l’urbaniste. S’ajoute à cela une tension accrue sur le parc locatif social, évaluée à 8 demandes en moyenne pour une attribution de logement, contre 2 à 3 demandes il y a dix ans.

3/l’activité touristique impacte le marché de l’habitat, avec notamment la concurrence des maisons secondaires (13,3% du marché immobilier en Bretagne) et des meublés de tourisme, dont la typologie correspond généralement aux biens recherchés par des habitants permanents (studio au T2).

Doter les élus d’outils probants

Des dispositifs et outils existent* pour (tenter de) réguler l’évolution de ce marché et circonscrire la crise. Les connaitre, les partager pour mieux les mobiliser nourrit la raison d’être et le fil rouge de ces Assises du logement, les deuxièmes du nom en Bretagne, organisées par La préfecture de région et la Région Bretagne. « Nous devons unir nos forces et faire équipe, des représentants de l’Etat jusqu’aux maires en passant par les acteurs économiques et sociaux, afin de préserver le dynamisme et la cohésion de la Bretagne. C’est un travail qui s’inscrit dans le temps long sans jamais baisser l’effort », a indiqué Loïg Chesnais-Girard en introduction de ces Assises auxquelles participaient plus de 300 personnes, des élus locaux, des acteurs de la filière du bâtiment, des représentants de l’Etat et des collectivités territoriales. La région Bretagne évalue à 23 000 le nombre de nouveaux logements à proposer chaque année sur son territoire.

Des solutions immédiates

A cette politique du temps long, jalonnée de réflexions, de planification d’actions, d’autres comités et points d’étape, émergent des solutions immédiates pour pallier des situations d’urgence rapportées notamment par ces entreprises qui sont empêchées dans leur développement faute de logement pour héberger les personnes recrutées. A l’approche de la saison 2024, ces blocages refont surface. « Nous avons à nouveau sollicité les lycées qui seraient disposés à ouvrir leurs internats cet été », rappelle le président de Région. Trois établissements s’étaient portés volontaires en 2023. « Nous travaillons également sur la mise à disposition de logements de fonction inoccupés – nous en avons recensé 2000 en Bretagne -, mais il faut pour cela que le code de l’Education nationale bouge ! », pointe Loïg Chesnais-Girard, assurant faire pression en ce sens.

Des initiatives sont également prises par les entreprises directement, à l’instar du Groupe Piriou qui coconstruit, à Concarneau, une résidence pour actifs et saisonniers. L’organisme Action Logement Bretagne soutient et participe à nombre de ces projets. « En 2023, nous avons mobilisé 56 M€ pour accompagner les salariés dans leur parcours de logement : construction et réhabilitation de plus de 2000 logements, soutien des bailleurs sociaux pour le développement de leur offre ; revitalisation des centres villes avec la réhabilitation de logements vacants, etc. », rappelle Jean-Yves Carillet, président du comité régional.

Anticiper le projet de loi

« L’objectif de ces Assises est de renforcer la boite à outils mises à disposition des différents partenaires, mais aussi de remonter les expérimentations et dérogations validées ici dans la perspective des projets de loi sur le logement souhaités par le gouvernement », a rappelé le Préfet de région, appelant d’ores et déjà chacun des participant à prendre date des prochaines Assistes du logement en Bretagne, programmées en novembre 2024.


*Plusieurs résultats et retours d’expériences ont été rappelés lors de ces Assises, comme la prolongation du Pinel breton et son extension à 31 communes ; le doublement du budget alloué par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) à la Bretagne qui atteindra 197,5 M€ en 2024 pour la rénovation des bâtis (subventions à destination des propriétaires) ; la surtaxe sur les maisons secondaires appliquées par plusieurs collectivités du littoral notamment ; le développement du Bail réel solidaire (BSR) qui distingue le foncier du bâti, etc.

Évènements

AGENDA DES ÉVÈNEMENTS À VENIR

Palmares
des entreprises
bretonnes

PALMARES 2023-2024 Je commande

Bretagne Économique