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Club ETI Bretagne. « Les dirigeants commencent à intégrer que l’anormal devient la normalité »

Ils n’étaient qu’une vingtaine lors de son lancement en mars 2022. Désormais, le club ETI Bretagne présidé par caroline Hilliet-Le Branchu, PDG de la conserverie la Belle-iloise, compte 55 membres. Optimistes, ces dirigeants d’« Entreprises de Taille Idéale », assurent que leur entreprise va bien. Dans un contexte où « l’anormal devient la normalité » et où l’arbitrage des investissements dans les différentes transitions (énergétique, écologique, sociale, numérique) exige une bonne dose de lucidité, ils misent sur le partage des bonnes pratiques pour gagner en agilité. Décarbonation, international, logement, mobilité, recrutement…Tous ses sujets seront à l’ordre du jour des prochains rendez-vous du club breton qui présentait, ce jeudi 25 janvier à Rennes, sa feuille de route pour 2024.
De g à d : Sébastien Bossard, président de Kersia, Robert Clapham, directeur général du Groupe Olmix, Caroline Hilliet-Le Branchu, PDG de la conserverie la Belle-iloise et présidente du club ETI Bretagne, Hugues Meili , PDG de Niji et Emilie Aubry , déléguée générale du club

« Depuis 2020, le METI (Mouvement national des Entreprises de Taille Intermédiaire) promeut la création de clubs ETI partout en France. Il y a deux ans, j’ai été contactée pour porter l’initiative en Bretagne. Avec 12 autres dirigeant(e)s d’ETI, nous avons fondé une association, indépendante, dont l’objectif premier est de créer les conditions favorables à la pérennité des ETI en Bretagne », rappelle Caroline Hilliet- Le Branchu, présidente du club des ETI bretonnes dont les 55 membres pèsent 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploient plus de 50 000 salariés. A l’échelle régionale, on compte environ 200 Entreprise de Taille Intermédiaires (ETI), pour l’essentiel des entreprises familiales voire patrimoniales. Organisés en commissions, les membres du club ont intégré leurs collaborateurs à l’ensemble de leurs réflexions afin d’ouvrir plus largement le partage de bonnes pratiques. « Il est au cœur de notre fonctionnement. Concrètement, nous organisons un événement par mois, en alternant webinaires, after-work et plénières, pour échanger sur une thématique donnée. » Cette année, le fil rouge porte sur les enjeux de la décarbonation et son impact sur le développement du territoire.

« Si on se recentre sur ce qui est déréglé, on devient lucide »

« Individuellement, nos entreprises se portent bien, même celles issues du bâtiment. Par contre, si on se tourne vers l’écosystème, on sent plus de fébrilité », décrypte Hugues Meili, Président de Niji à Rennes. L’entreprise de services numériques emploient 1 400 personnes pour un chiffre d’affaires (2022) de 115 millions d’euros. Elle dispose de trois implantations à l’international, aux Etats-Unis, à Singapour et au Maroc. L’arbitrage des investissements dans les différentes transitions, écologique, numérique ou sociale s’impose à toute les ETI. « On ne peut pas tout faire en même temps, alors on arbitre, souvent en fonction des mesures coercitives ou incitatives qui nous sont appliquées. Par exemple, pour obtenir des financements auprès des banques, nous devons montrer patte blanche en matière de décarbonation. De même pour s’entourer des meilleures compétences, nous devons offrir des conditions de travail et un cadre de vie qui fassent rêver. La bataille est rude. On s’arrache les compétences. »
Le dérèglement climatique accentue les disparités sectorielles. « Je n’avais jamais vécu de retournements aussi rapides », poursuit le dirigeant de Niji, en faisant référence à la panne brutale de l’immobilier. En parallèle, d’autres secteurs, comme l’environnement, l’énergie ou encore l’eau enregistrent une croissance exponentielle. « Cette observation des secteurs est essentielle pour garder toute notre agilité à reconfigurer nos investissements. Si on se recentre sur ce qui est déréglé, on devient lucide. Beaucoup d’entre nous commencent à intégrer que l’anormal devient la normalité. »

La crise du logement pèse sur les recrutements

« Même si nous venons de secteurs d’activité différents, nos problématiques sont souvent identiques. C’est particulièrement vrai en matière de RH. Aujourd’hui, pour recruter de nouveaux collaborateurs, nous sommes très souvent obligés les aider à trouver un logement. Via le club, on met en relation nos DAF les uns avec les autres. On accroit ainsi nos chances de trouver des solutions plus rapidement », souligne Robert Clapham, directeur général du Groupe Olmix basé à Bréhan dans le Morbihan. Spécialisé dans les solutions biosourcées pour l’élevage et les cultures, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros dont 80 % à l’international et emploie 940 salariés. Ses produits sont distribués dans plus de 100 pays sur les 5 continents, via des distributeurs et des coopératives, et le groupe s’appuie sur un réseau de 28 implantations. « Aujourd’hui, nous surveillons de très près l’impact de la situation géopolitique sur le transport et le fret. »

Membre du club, l’ETI Kersia dont le siège est à Dinard (Ille-et-Vilaine), est une entreprise majeure en Europe et dans le monde dans le domaine de la sécurité des aliments. Présente dans 120 pays, la société emploie 2 100 salariés pour un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros. Elle détient 38 sites industriels dont 3 en Bretagne. Là encore, les problématiques de recrutement et de logement constituent une préoccupation majeure pour son président, Sébastien Bossard : « Il faut compter entre 14 et 19 mois pour recruter un contrôleur de gestion. A cela, s’ajoute la nécessité de trouver un travail pour le ou la conjoint.e de manière à offrir un emploi stable à l’ensemble de la famille. Ensuite il faut la loger dans un bassin « Dinard Saint-Malo » très touristique comptant une majorité de résidences secondaires. C’est compliqué.» En 2024, l’entreprise a fait de la RSE sa priorité. « Bien que détenu par deux fonds d’investissement, le capital de Kersia appartient à hauteurs de 12% aux managers du groupe. Ils sont responsabilisés autant que dans une entreprise familiale et s’inspirent de cet ADN au sein du club. Ils y trouvent aussi la pluralité et le local. »

 

La mobilité, une priorité

La mobilité est aussi un sujet de préoccupation majeur pour le club des ETI bretonnes. « Il faut le reconnaître, dans le Finistère, c’est plus compliqué de s’ouvrir sur le monde, alors que le nombre de lignes aériennes à Quimper ou à Brest décroit, poursuit Hugues Meili. Les trajets domicile-travail sont aussi au cœur des échanges. « Mes collaborateurs sont obligés de faire 30 à 40 km pour venir travailler. C’est un vrai problème », souligne, Sébastien Bossard . Faute de transport en commun aux alentours, la belle-iloise a fait le choix de mettre en place des navettes pour transporter ses collaborateurs. « Ça marche ! s’enthousiasme Caroline Hilliet- Le Branchu. C’est l’effet de levier le plus important pour attirer du monde ! En 2022, il me manquait 100 personnes. Nous avons été en rupture de produits faute de personnel. En 2023, tout est rentré dans l’ordre. »

Véritable laboratoire à idées, le club ETI Bretagne accueillera les 4 et 5 juillet prochains à Saint-Malo, l’ensemble des clubs français. « Nous serons plus de 80 dirigeants d’ETI, originaires de toute la France. C’est une formidable occasion de mettre en avant notre territoire et nos savoir-faire ! », conclut la présidente.

 

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