Cela va mieux en le disant : réunis autour d'une même table, des commerçants et représentants de la confédération des buralistes, des chefs d'entreprise et élus consulaires de la CCI métropolitaine Bretagne Ouest et de la Chambre d'agriculture du Finistère, des élus locaux du département du Finistère, de la communauté de communes de Haute Cornouaille, de la ville de Châteauneuf du Faou et des communes voisines ont échangé sans tabou ni trompette sur la ruralité et l'impériosité d'y préserver des activités pour l'avenir de ces territoires.
Rendez-vous était donné chez Jean-Michel Guillou, commerçant buraliste à Châteauneuf du Faou et président de la fédération des buralistes du Finistère. L’occasion de découvrir la rénovation complète de ce tabac-maison de la presse du centre-ville, que des travaux d’envergure (structure et aménagement intérieur) ont complètement transformé, modernisé, valorisé. « J’ai sollicité le plan de transformation nationale, que la Confédération des buralistes de France a signé avec l’Etat pour accompagner les bureaux de tabac qui le souhaitent à se diversifier pour perdurer« , explique le commerçant finistérien, installé à Châteauneuf du Faou depuis plus vingt ans, dans le même commerce. « C’était dans son jus, les travaux ont permis de consolider la structure et moderniser l’aménagement intérieur. » Côté services, Jean-Michel Guillou a également pu développer la palette de ses activités en intégrant un relais Poste, un relais carte grise, un guichet bancaire avec le prestataire Compte Nickel, en plus des services traditionnels proposés par un bureau de tabac.
Un métier, des services
Pour réaliser cette transformation, Jean-Michel Guillou a été accompagné par la CCI métropolitaine Bretagne Ouest qui, dans le cadre d’une convention avec la Confédération nationale des buralistes, réalise un audit et le montage du dossier financier*. « Être buraliste aujourd’hui se conjugue indéniablement au pluriel. En tant que commerce de proximité, le dernier parfois en zone rurale, il nous faut démultiplier les activités pour garder le lien et le service rendu à la population. La crise du Covid que nous avons traversé nous l’a démontré, s’il le fallait« , souligne Philippe Coy, président national de la Confédération des buralistes qui a organisé et animé cette rencontre en Finistère.
Autour de lui, une pluralité d’intervenants entre le vice-président du département, le maire de Châteauneuf du Faou, un élu de la communauté de communes de Haute-Cornouaille, le représentant local de la FDSEA et de la chambre d’agriculture, et la vice-présidente de la CCIMBO. Tous réunis et mobilisés sur un destin commun : la ruralité. Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale et député du Finistère les a rejoints en cours d’échange.
Préserver la vitalité commerciale
« En France, 40% des buralistes exercent dans une commune de moins de 3500 habitants », commence Philippe Coy. L’équation s’applique fortement dans le Finistère où 1/3 de sa population vit dans ces petites communes. Les élus et acteurs présents à cette table ronde ont alors démontré la vitalité qui les anime pour préserver les services et l’attractivité de ces territoires à faible densité. Entre les aides de la région, le soutien du département, les projets et engagements des communes, l’action des acteurs économiques, la dynamique entrepreneuriale, et notamment commerciale, est encouragée. « La CCI est un partenaire engagé en faveur de la dynamique commerciale dans les centres bourgs et dans les communes rurales. Nous disposons de plusieurs prestations et accompagnements ciblés qui favorisent la création d’activité, leur développement via la transformation des bureaux de tabac, en l’occurrence« , a rappelé Isabelle Tanguy, vice-présidente de la CCI Bretagne Ouest. « Nous avons à cœur la vitalité des centralités. La mise en service de chèques cadeaux territoriaux y participe, c’est ce que nous faisons en plusieurs territoires du Finistère afin d’encourager l’activité des commerces de proximité. C’est un outil de solidarité qui permet d’injecter du chiffre d’affaires dans ces commerces de moins de 400 m²« , a précisé l’élue et fervente défenseuse de cet outil.
Des commerçants d’utilité locale
« Le commerce de proximité, et parfois le dernier commerce, c’est aussi un point de rencontre entre citoyens, un lieu de lien social. La ruralité sans lien social, c’est le désert« , a synthétisé Richard Ferrand. « Par nécessité, nous devons nous adapter, nous réinventer, devenir des commerçants d’utilité locale », a souligné Philippe Coy. Partout en France, les buralistes sont en mouvement pour incarner cette résilience. Le Finistère compte 483 licences buralistes, une centaine ont d’ores et déjà bénéficié de ce Plan de transformation.
*Ce plan de transformation est soutenu financièrement par le gouvernement qui a budgété 100 millions d’euros pour accompagner ces commerces dans leur évolution. Ce premier plan arrive à échéance en fin d’année 2022.