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Bretagne. EDF dresse le cap de la sortie des énergies fossiles

Démantèlement de la centrale de Brennilis dans le Finistère, nouvelle offre tarifaire, accélération d’un mix énergétique breton bas carbone, repowering, renforcement des équipes cybersécurité en Bretagne qui devient le pôle de référence pour le groupe en France, etc. Ce mercredi 24 janvier, tous les responsables des différentes entités d’EDF en Bretagne étaient réunis autour de Jean-Philippe Berton, directeur régional, pour présenter leur feuille de route 2024-2030 axée sur les énergies renouvelables.

« En 2023, nous avons relevé la production électrique en France de façon significative, à savoir +15 % à +20%. En 2024, nous devons dresser le cap de la sortie des énergies fossiles », déclare Jean Philippe Berton, Directeur à l’action régionale d’EDF en Bretagne. L’ambition du Groupe est de contribuer à la transformation de l’économie bretonne vers une économie bas carbone. Pour ce faire, il va recrute en Bretagne, en 2024, 300 personnes sur ses différents métiers. Ce chiffre monte à 430 si on tient compte d’Enedis. Autre bonne nouvelle : «  la Bretagne devient la place forte de la cybersécurité des systèmes énergétiques du groupe EDF en France. L’équipe de 20 personnes va monter à 60 en 2024. » Au global, EDF emploie 2 811 personnes en Bretagne.

Démantèlement de Brennilis : 17 ans de travaux

Fin 2023, après 5 année d’instruction, le groupe a obtenu le décret de démantèlement de la centrale de Brennilis dans le Finistère. Le site s’étend sur environ 10 hectares. « Nous allons redonner vie à ce foncier dont nous resterons propriétaire », indique Marianne Fajeau, directrice de la centrale de Brennilis. Les travaux vont s’échelonner pendant 17 ans. Les premières actions dureront environ 6 ans, et consisteront à créer de la place autour de la cuve du réacteur en retirant les 15 km de tuyauterie qui servaient notamment à refroidir le réacteur en exploitation, puis installer des ateliers blindés permettant le conditionnement des déchets à distance. Sur place, l’équipe qui compte actuellement une petite centaine de collaborateurs va monter progressivement à 140. Le coût total de l’opération s’élève à 850 millions d’euros. « Ils sont déjà provisionnés. »

 

En 2026, des contrats moyen terme de 3 à 5 ans

En 2024, une nouvelle politique commerciale va voir le jour suite à l’accord trouvé mi-novembre entre l’État et EDF. L’objectif est de donner de la visibilité aux clients, notamment les plus énergivores, et éviter la volatilité des prix observée ces deux dernières années. « Les effets ne démarreront qu’en 2026 avec des contrats moyen terme de 3, 4 ou 5 ans. Les industriels bretons, ceux de l’agroalimentaire notamment, pourront ainsi avoir une vision à moyen terme du montant de leur facture et être plus à même d’investir. En parallèle, nous invitons nos clients à diversifier leur mix énergétique (installation de process de récupération de chaleur, de panneaux photovoltaïques), et accroitre leur part d’autoconsommation. Une entreprise comme Guy Cotten (29) a ainsi réduit sa consommation de 15% », détaille Frédéric Thébault,   Comme au niveau national, en 2023, la Bretagne a baissé sa consommation électrique de 10%.

 

Multiplier par 7 sa production d’énergies renouvelables d’ici 2040

 La Bretagne importe 80% de l’électricité qu’elle consomme. Pour multiplier par sept sa production d’énergies renouvelables d’ici 2040, EDF Renouvelables engage le « repowering » de ses parcs éoliens. « Cela consiste à remplacer des éoliennes en fin de cycle par des éoliennes plus puissantes et plus performantes et repartir sur un cycle de 25-30 ans. 40 projets sont en cours en Bretagne représentant 500 MWc », explique Thibault Veyssière, Directeur développement pour le Grand Ouest.   « A Kergrist dans le Morbihan, 11 éoliennes vont ainsi être remplacées par 7 éoliennes de dernière génération. Plus puissantes, elles vont tripler la production électrique du parc, passant de l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 11 000 habitants à 32 000 ! »

La filiale d’EDF développe également des projets solaires en Bretagne, en priorité sur des terrains à valoriser, comme par exemple sur la commune de Le Folgoët (29) où un projet de 21 MWc est actuellement en cours d’instruction, à Cesson-Sévigné (35) sur un délaissé ferroviaire (20 MWc) ou encore à Fouesnant (29) sur un ancien centre d’enfouissement technique (20MWc).  « Ces deux axes ne suffiront pas à atteindre notre objectif. Nous devons nous tourner vers l’agrivoltaïsme, des centrales solaires flottantes, etc. »

Climat. La Bretagne se donne les moyens d’accélérer la production d’énergies renouvelables

Des réseaux de chaleur pour alimenter les bâtiments

 Cette décarbonation passe aussi par la création de réseaux de chaleur, comme à Brest, et de froid renouvelable, qui vont alimenter des villes, des quartiers ou des ensembles industriels, et leur permettre de chauffer ou de refroidir leurs bâtiments sans émettre de CO2. « Avec son contrat de performance énergétique sur les bâtiments communaux, la ville de Morlaix est un très bon exemple. Sa facture énergétique a fondu de 18%, rapporte Bruno Moras, directeur de Dalkia en région centre Ouest. Autre exemple : l’usine Hutchinson à Saint-Brieuc a mis en place une thermofrigopompe sur son installation pour chauffer les bâtiments. Cette solution entraîne une réduction de 80 % du gaz utilisé pour chauffer les ateliers soit 505 tonnes de CO2 évitées par an. » En Bretagne Dalkia emploie 600 personnes. « Nous aussi, nous sommes à la recherche de techniciens. Nous avons des besoins colossaux dans la transition énergétique que ce soit en bois-énergie, en géothermie, en thalassothermie, mais aussi dans la récupération de chaleur issue des data centers ou des process industriels. »

L’hydroélectricité : énergie souveraine et locale

Enfin pour être complet, EDF en Bretagne assure une production d’électricité décarbonée grâce à ses 11 ouvrages hydro-électriques dont l’usine marémotrice de la Rance. Avec une puissance installée de 240 MW, elle a produit en 2023 l’équivalent de la consommation de 225.000 habitants, soit la ville de Rennes. Cela représente 7 % de l’électricité produite en Bretagne. Le site emploie 60 personnes et dispose d’un plan d’investissement de 30 millions d’euros sur la période 2021-2026. « En novembre dernier, on a débuté la rénovation complète de l’un des 24 groupes de production d’électricité de l’usine. C’est un chantier titanesque de 19 mois sous la mer dans lequel 6,7 millions d’euros ont été investis. » En 2023, l’Usine marémotrice de la Rance a reçu 40 000 visiteurs dont 10% de scolaires. « C’est notre meilleure vitrine pour recruter autour des métiers de la transition énergétique. Nous avons besoin de profils de techniciens du CAP au bac +5 », souligne Jean-Marie Loaec, Responsable EDF Hydro en Bretagne.

 

« Malgré une baisse de la consommation électrique, l’électrification des usages (développement des voitures électriques par exemple) va entraîner une hausse des besoins en électricité de 35% d’ici 2035. C’est pourquoi nous devons accélérer dans toutes les installations décarbonées. Là où il y a du foncier et de l’acceptabilité. La Bretagne a fait le choix de miser sur les énergies marines renouvelables et nous avons répondu à l’appel d’offre du parc éolien en mer flottant de 250 MW au sud de la Bretagne. Cela représente deux ans de travail. Actuellement, en période de pointe de consommation, 70% des actifs hydroliens sont mobilisés. Ils sont complétés par nos 5 turbines à combustion. La possibilité de subir des coupures de courant durant l’hiver 2023-2024 est très faible», conclut Jean-Philippe Berton.

 

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