Sept ans de recherche et développement, de travaux et de réflexion pour mener collégialement ce projet, de gestion de crises aussi pour surmonter le Covid puis les conséquences de l’invasion russe en Ukraine sur les approvisionnements et les cours des matières. Sept ans de persévérance donc, qui n’entachent en rien le caractère innovant du chantier annoncé avec fierté ce matin dans les bureaux du groupe Guyot environnement, à Brest.
Le spécialiste du recyclage et de la valorisation des déchets travaille à la transformation de ces derniers en énergie, avec l’objectif de devenir un fournisseur d’énergie locale et renouvelable. La boucle va être entièrement bouclée avec ce premier chantier de construction d’une chaufferie biomasse alimentée en déchets de bois. « Notre objectif est de réduire, si ce n’est anéantir, les quantités de déchets voués à l’enfouissement. Ce bois en fin de vie en faisait partie. Récupérés auprès de nos partenaires bretons, des professionnels, collectivités et déchèteries, nous avons travaillé à le transformer en combustible, et à prioriser son réemploi en local, avec un circuit le plus court et vertueux possible« , explique Erwan Guyot, président du groupe familial, créé par son père en 1983 à Brest.
Un investissement de 16 millions d’euros
En face, le groupe Even cherche, au travers de sa stratégie RSE, à réduire son empreinte carbone et sa dépendance aux énergies fossiles. Le projet de Guyot environnement tombe comme une évidence, et la coopérative agricole embarque dans sa réalisation en proposant le site industriel de sa filiale Laïta, à Créhen (22). L’usine de transformation laitière tourne au gaz ; demain, elle sera alimentée à 70% par l’énergie renouvelable produite par la nouvelle chaufferie biomasse.
Porté exclusivement par le Groupe Guyot, l’investissement global est estimé à 16 millions d’euros, « éligible au plan de relance et subventionné à ce titre à hauteur de 4 millions d’euros par l’Etat et l’Ademe », souligne Lionel Béquet, directeur de Guyot énergies, la filiale nouvellement créée pour valoriser et vendre l’énergie renouvelable produite.
Construite à proximité de l’usine Laïta, la chaufferie bois, qui consommera l’équivalent de 17 000 tonnes de déchets de bois par an, aura une capacité de production de 9 méga watts (soit 55 giga watts thermique), représentant l’énergie nécessaire pour chauffer annuellement quelque 5600 logements.
Réduction de 70% de l’alimentation au gaz
Concernant l’entreprise Laïta, cette chaufferie biomasse couvrira 70% de ses besoins énergétiques, alimentés jusque-là par le gaz naturel. « Elle permettra aussi de baisser de 50% notre empreinte carbone, soit 13 000 tonnes de CO2 évitées par rapport au gaz« , précise Fabien Russias, directeur général de Laïta, qui s’engage sur un contrat de 15 ans minimum avec Guyot énergies. « En répondant aux enjeux environnementaux, qui nous préoccupent tous, ce projet sécurise aussi notre approvisionnement en énergie. Ce qui vaut cher aujourd’hui, c’est la visibilité. Tout est devenu tellement volatile que l’assurance d’avoir une énergie stable sur du long terme représente une réelle valeur », souligne Christian Griner, directeur général d’Even.
Programmé au cours du premier semestre 2024, le chantier de construction de cette première chaufferie devrait être livré 18 mois plus tard, pour une mise en service prévue en juin 2025.
D’autres projets d’envergure à suivre
D’autres projets similaires sont dans les cartons de Guyot énergie : la construction d’une chaudière biomasse (à partir de déchets ultimes) de 20 méga watts sur le port de Brest, puis « deux autres projets à suivre avec des industriels du Grand ouest« , annonce Erwan Guyot qui inaugurera dans quelques mois, une nouvelle usine de valorisation et transformation des déchets à Morlaix. Un outil à 27 millions d’euros investis par le groupe, pour compléter la chaine de production de ce nouveau filon.
