La loi EGalim de 2018, renforcée en 2021 puis en 2023, vise à équilibrer les relations commerciales entre le monde agricole et les différents maillons de la chaîne agroalimentaire. Elle ne fixe pas de prix plancher mais un « tunnel de prix » (ou une fourchette) : des bornes minimales et maximales entre lesquelles le prix de vente peut varier, en prenant théoriquement en compte les prix de production. Censée préserver le revenu des agriculteurs, elle nécessite aujourd’hui « un retour d’expérience par filière et par segment de marché car au sein d’une même filière, ces coûts varient fortement selon la taille de l’exploitation, la localisation, le type d’agriculture pratiqué, etc. » estime Rémi Cristoforetti, président de l’ABEA. Quant aux prix planchers annoncés par Emmanuel Macron pour répondre à la crise agricole : « ce n’est pas une bonne idée. On n’y croit pas du tout. Si le prix fixé est trop élevé, il risque d’entraîner une distorsion du marché et des excédents de production. » C’est notamment ce qu’il s’est produit dans le secteur laitier dans les années 1970 avec des de prix garantis supérieurs au niveau mondial. Résultat : la production européenne a rapidement dépassé les besoins de consommation. « Au contraire, si le prix plancher fixé est trop bas, beaucoup d’agriculteurs seront mécontents. »
Inflation sur les MDD premiers prix
L’ABEA relève aussi dans sa dernière note de conjoncture combien l’inflation impacte les volumes. « Nous constatons ici que la seule catégorie de produits qui bénéficie d’une hausse de volumes sont les marques de distributeurs (MDD) Premiers Prix. Il faut corréler ce point avec la hausse des importations, les matières premières importées étant largement constituantes des produits MDD. Dans les négociations commerciales qui se jouent en ce moment on observe un déférencement des marques nationales et des PME au profit des MDD en provenance d’Europe. » . Et Remi Cristoforettei de conclure : « Souhaitons nous voir disparaître progressivement les produits français et locaux de nos rayons au profit des produits d’importation, aux standards environnementaux et sociétaux potentiellement inférieurs ? Notre modèle alimentaire, et avec lui la souveraineté alimentaire, mérite mieux. »