« Je suis heureux d’arriver dans une région à forte identité et même à fort caractère. Le modèle économique breton, souvent mis en avant, oblige plus qu’ailleurs les représentants de l’Etat, à comprendre comment les hommes résonnent. J’avoue ne pas bien connaître la Bretagne, sans pour autant oublier qu’il y a 40 ans, j’ai été élève au lycée naval de Brest, pendant trois ans, avant d’obtenir mon bac dans l’Académie de Rennes », raconte Franck Robine, nouveau préfet de la région Bretagne. Il remplace Amaury de Saint-Quentin, nommé en Alsace et qui ne sera resté qu’un an en Bretagne.
Sorti de l’ENA en 1991, Franck Robine est affecté en 1997 à la Commission européenne pour contribuer à la mise en place pratique des euros. En 2002, aux tout débuts de la seconde mandature présidentielle de Jacques Chirac, il rejoint le cabinet du ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard. Puis, il côtoie, en 2006, le ministre de la Fonction publique Christian Jacob et, en 2007, le Premier ministre François Fillon, ce jusqu’en 2011. En 2017, il est nommé préfet de Martinique puis en 2020, préfet de Corse. Ce dernier poste ne durera que quelques mois puisque très vite, il rejoint Matignon pour conseiller Jean Castex. « En mars 2022, j’étais à Rennes avec Jean Castex pour la signature du Contrat de Plan État-Région (CPER) », précise-t-il. Enfin, de 2022 à 2024, il devient préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, avant de rejoindre, en septembre 2024, Bruno Retailleau, au ministère de l’intérieur.
Priorité à la lutte contre le narcotrafic
Franck Robine a pris ses fonctions de préfet de région de Bretagne, ce lundi 8 juillet, à la suite d’un week-end marqué par des multiples tirs et le décès d’un homme, à Rennes (le 3e en 2025) sur fond de narcotrafic. « Ces gens sont des violents absolus. Cependant, le combat contre la drogue n’est pas perdu. » Depuis le début de l’année, à Rennes, 600 personnes ont été arrêtées dont 425 mises en examen. « La présence policière est un des facteurs de réussite pour mais elle n’est qu’une partie de la réponse. J’ai une expertise en sécurité. » Franck Robine a ainsi dévoilé quelques priorités à mettre, en œuvre. « Il m’appartient avant tout de décliner le plus rapidement et avec le plus de force possible les apports de la récente loi de lutte contre le narcotrafic, votée au mois de juin dernier. Elle met le trafic de drogue au même niveau que le terrorisme », explique-t-il.
Plus concrètement, le préfet estime qu’il faut « prononcer davantage encore d’interdictions de paraître de trafiquants sur les points de deal fermer des commerces qui participent au blanchiment. » Le consommateur est également dans le collimateur du préfet : « le consommateur a du sang sur les mains ; il n’y a pas de déconnexion entre celui qui fournit la drogue et celui qui la consomme. C’est une même chaîne. » 1 900 amendes forfaitaires délictuelles ont été prononcées depuis le début de l’année 2025 : « Je veux encore augmenter ce nombre », insiste-t-il.
Soutenir le modèle agricole breton tout en préservant l’environnement
Parmi les autres priorités du préfet, figure le développement du modèle agricole breton : « Il nourrit les Français. La Bretagne a déjà fait beaucoup d’effort pour la qualité de l’eau. » Franck Robine, reconnait également « qu’il y a de fortes attentes environnementales et sociétales ». Il devrait aborder prochainement ces dossiers, notamment avec la Région Bretagne et lors du vote du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Vilaine , « le plus grand de France, un modèle. Nous saurons trouver des compromis pour protéger la qualité de l’eau et plus largement préserver l’environnement. » Pour conclure, le nouveau préfet de région a souligné qu’il avait été à deux reprises directeur de collectivités locales, « d’un département et d’une région ». « J’ai un grand respect pour les élus et plus largement pour les associations. Pour appliquer les lois, il faut parfois les faire sans concession, mais toujours avec écoute. »



