Eclo a vu le jour en 2021 à Rennes sous l’impulsion de Priscille Charton, experte de la cosmétique, qui a officié 12 ans au sein du groupe Coty, Julien Callède l’un des co-fondateurs du site Made.com et Marin Susac précédemment directeur de marques et RSE chez le groupe Bel. Ensemble, ils ont lancé la première marque de maquillage qui conjugue naturalité, innovation et développement durable.
En finir avec le statu quo
Chez Priscille Charton, l’envie de trouver des solutions alternatives à la cosmétique conventionnelle remonte à 2014, après une boucle de quelques mois dans l’Atlantique avec mari et enfants. « Sur les plages ou en plein milieu de l’océan, on croisait en permanence des morceaux de plastique. J’ai pris conscience des risques pour l’environnement mais aussi la santé. Ce voyage a été fondateur. » C’est en 2020, alors qu’elle travaille à Londres, que la quadra franchit le pas. « Entre le Covid et le Brexit, l’envie de changer les choses pour laisser une planète vivable à mes enfants a pris tout son sens. J’ai imaginé Eclo, une marque plus verte, plus propre, plus saine, pour soi-même et pour la nature. J’ai voulu aller plus loin que les autres en matière de développement durable, proposer des produits très qualitatifs, difficiles à mettre en œuvre sans faire un peu de compromis avec la sensualité. » Pour mettre toutes les chances de son côté, la dirigeante est allée chercher Julien Callède, un serial entrepreneur. « Il a trouvé mon idée géniale et m’a proposé de devenir son associé. » En parallèle, la Bretonne s’inscrit à l’Université de Cambridge, au sein de l’institut à impact où elle se forme à la gestion de la durabilité dans le business. « J’ai appris beaucoup de choses, notamment que le statut quo n’était plus possible. »
Une gamme de 30 produits 100 % naturels
En 2021, Priscille Charton s’installe à Rennes, sa ville natale. Le lancement d’Eclo a lieu, un an plus tard, en juillet 2022, après une campagne sur Ullule et le soutien financier de partenaires comme l’Occitane et la French Tech via le Poool et Bpifrance. « J’ai beaucoup reçu du territoire *», reconnait-elle. La marque se décline à ses débuts en 11 références de produits de maquillage certifiés Cosmos Organic par Ecocert Greenlife. « Le marché du maquillage bio et naturel est un marché peu adressé, entre autres parce qu’il est très technique et encore en attente sur l’efficacité des produits. La pétrochimie et le plastique sont encore omniprésents. » Rouges-à-lèvres, blushs et fards à paupières, les produits d’Eclo sont à base d’huiles « avec beaucoup de fleurs » et de cires végétales et sont fabriqués à Dinard, en Ille-et-Vilaine. Semi-solides, ils s’appliquent avec le doigt : « l’approche est plus intuitive et permet une meilleure reconnexion avec soi-même. » Pour sélectionner ces ingrédients, l’équipe travaille notamment aux côtés de l’association « Pour une Agriculture du Vivant » qui œuvre à l’émergence d’un nouveau modèle agricole et alimentaire et une agriculture régénérative. « Certains ingrédients sont aussi sourcés en circuit court, comme le chanvre bio ou les algues brunes bretonnes, reconnus pour leurs bienfaits sur la peau, mais aussi pour leur capacité à régénérer les sols et les fonds marins. » Côté contenants, Eclo a opté pour des pots conçus à partir de bois et de végétaux donc entièrement compostables, sans plastique et sans résidu chimique.
Une levée de fonds pour financer sa croissance
Fin 2024, le chiffre d’affaires d’Eclo affichait une progression de 40% versus 2023 t l’équipe, une petite dizaine de personnes. La moitié de l’activité est générée via Internet, l’autre moitié au travers d’un réseau de 150 revendeurs installés en France et dans une dizaine de pays, des « beauty stores » mais aussi quelques pharmacies. « On a mis beaucoup d’énergie dans la désirabilité de nos produits. Notre cœur de cible ce sont les femmes de 30,40 et 50 ans, une clientèle plutôt urbaine et CSP + ».
Désormais, Eclo se décline en une trentaine de produits. Fonds de teint, crayons, et sérums soin en baume sont venus enrichir l’ancienne gamme. Sa dernière innovation, un mascara à base d’huile de noisettes bio est un succès. « Les stocks se sont écoulés en 4 mois contre 12 initialement prévus. Il nous faut relancer la production. On prend le chemin du million d’euros de chiffre d’affaires , fin 2025. Aujourd’hui, notre plus gros challenge est de réussir à financer notre croissance ». Pour relever ce défi, l’équipe est en train de clôturer une levée de fonds. « La période est compliquée. Depuis trois ans, je n’ai jamais ressenti autant de frilosité chez les business Angels », conclut Priscille Charton qui copilote une petite dizaine de collaborateurs.
*Parmi les nombreux soutiens issus du territoire figure notamment l’accompagnement reçu dans le cadre de Crisalide Eco-Activités, un dispositif d’aide au développement de projets innovants de la transition écologique et énergétique, piloté par Bretagne Compétitivité.