Usinage de précision : en pleine expansion, Coraxes (22) appréhende de devoir cesser son activité en cas de rupture de la chaîne logistique

Rodolphe Henry a repris le 10 février dernier Coraxes, une PME costarmoricaine spécialisée dans l’usinage de haute précision. A la tête d’une équipe de 22 salariés, il s’adapte autant que possible, à la situation de crise sanitaire que nous subissons. Bien que son carnet de commandes soit plein pour les trois à quatre mois à venir, de nombreuses interrogations demeurent, en particulier celles liées à une rupture éventuelle de la chaine logistique, qui compromettrait la poursuite de son activité. Autres question : comment assurer la sécurité sanitaire de ses salariés ?

Située à Plancoët dans les Côtes d’Armor, l’entreprise Coraxes est en pleine croissance, ou du moins l’était jusqu’à aujourd’hui. Spécialisée dans l’usinage de précision, l’entreprise de vingt-deux salariés fournit des pièces pour de grands industriels du Grand Ouest dans des domaines de pointe (défense, aéronautique, spatial, médical, automobile). « Nous transformons des métaux en pièces fortement ouvragées pour des industriels du Grand Ouest. Dans notre domaine, les demandes sont très pointues et complexes. Par exemple, certaines de nos pièces se retrouvent sur des satellites », explique le nouveau dirigeant, Rodolphe Henry. J’avais anticipé cette crise depuis 10 jours au vue des évènements en Italie et en Allemagne ».

 

Quid de la sécurité sanitaire des salariés ?

Depuis, tous les matins, Rodolphe Henry réunit son équipe pour tenir informer les uns et les autres des nouvelles mesures prises par le gouvernement. « Masques de travail, gants de travail, tout le mondes est équipé. Par contre impossible de leur fournir du gel hydroalcoolique, les commerces ont été dévalisés ». Les pauses cafés ou les pauses déjeuner se font en solo, loin des collègues. « Depuis l’intervention du Président de la République, hier soir, c’est un peu le flou artistique. En dehors de la comptable pour qui nous allons organiser le télétravail, chacun reste en poste sur sa machine numérique. Or nous n’avons reçu aucun process, aucune précision sur comment devait s’organiser ce travail sur site. Certains salariés se demandent ce qu’ils font là, alors que le reste de leur famille est confinée. » Avec un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, Coraxes, fondée en 1974, est en pleine expansion. La PME travaille avec une cinquantaine de grands donneurs d’ordre et réalise 60% de son activité dans l’aéronautique et le spatial. Elle dispose de plus de 2 000 références, des petites pièces très techniques, orientées solutions, utilisées par exemple dans des robots, « de l’orfèvrerie », souligne Rodolphe Henry.

 

Baisse d’activité depuis début mars

« J’ai repris l’entreprise, le 10 février, juste avant la crise.  Nous avons commencé à sentir la baisse d’activité début mars. Jusque-là, le chiffre d’affaires était équivalent à celui enregistré un an auparavant.  Nous avons un million d’euros de commandes en cours mais les perspectives sur le second semestre sont beaucoup moins bien orientées que l’année dernière à la même époque. Nos clients annulent un par un leurs rendez-vous commerciaux. Deux donneurs d’ordre, dont un dans l’automobile et qui rentre dans notre top 5, viennent de cesser leur activité. On s’attend nous-aussi à un effondrement de notre activité en cas de rupture d’approvisionnements.  Beaucoup de bruits circulent sur l’arrêt par les transporteurs de la prise en charge des produits autres qu’alimentaires. Dans ces conditions, on avise au jour le jour ».

 

Un million d’euros d’investissement sur trois ans

L’ancien dirigeant Bernard Departout est heureusement encore présent dans l’entreprise pour soutenir Rodolphe Henry dans une situation aussi exceptionnelle.  « Ensemble, nous avons bâti notre business plan pour les 5 ans à venir » Celui-ci prévoit 1 million d’euros d’investissement sur trois ans dans de nouvelles machines et le recrutement d’une dizaine de salariés. « Je cherche des techniciens. Le métier d’usineur a énormément évolué et requiert une bonne capacité de réflexion. La personne est responsable de A à Z de sa machine numérique : programmation, réglage, ajustement, usinage. Qui plus est ici chez Coraxes, avec 1 200 références, les pièces à usiner changent constamment », confie Rodolphe Henry. Lauréat du réseau Entreprendre Bretagne, le dirigeant a bénéficié d’un prêt d’honneur de 55 000 euros (y compris l’aide de la plateforme Initiative). « C’est une chance unique pour moi d’intégrer un réseau régional et bénéficier des conseils de dirigeant bien implantés en local ».  Le coronavirus n’a semble-t-il pas encore entamer le moral de ce chef d’entreprise qui se dit prêt à travailler jusqu’à 70 ans.

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