Pour sa première saison en Bretagne-sud, la compagnie Sailcoop a opéré 320 traversées entre Concarneau et Les Glénan, et transporté quelque 8 000 passagers sur Isabelle, leur première navette décarbonée, et certainement pas la dernière ! Car la flotte Sailcoop a vocation à se développer pour représenter cette compagnie maritime d’un nouveau genre : le transport de passagers à la voile. « Cela paraissait utopique, c’est désormais une réalité », sourient ces trois représentants du jour, Arthur Le Vaillant, skipper et fondateur, Yann Royer, directeur opérationnel et Grégoire Thery, directeur de la stratégie.
Fondée en 2021 à Vannes, Sailcoop est une société coopérative à objectif unique : offrir une alternative bas-carbone au transport maritime de passagers, mais aux actions multiples : 1/devenir un acteur de navettes côtières, notamment en Bretagne, 2/proposer des traversées de moyenne distance entre le continent et les îles, et 3/commercialiser des voyages transatlantiques à bord de cargos à voile.
Acteur avéré de la transition écologique
Après deux années de pleine activité, Sailcoop aborde déjà deux de ses objectifs. Depuis l’été 2022, la coopérative opère entre le continent et la Corse à bord d’un monocoque de 15 mètres, un voilier privé dont elle a la gestion.
Et depuis cette année, elle a « attaqué le marché des navettes » en insérant une rotation régulière en Bretagne-sud, entre Concarneau et Les Glénan exactement, à bord d’un catamaran de 61 mètres dessiné et construit pour l’occasion. « Nous avons financé et fait construire une première navette à voile d’une capacité de 80 passagers », précise Yann Royer, directeur opérationnel au sein de l’équipe Sailcoop. L’appel aux souscriptions (2500 sociétaires alimentent le capital) suivi de deux levées de fonds (plus d’un million d’euros collectés) lesquelles furent complétées par une dette bancaire, ont permis de réunir le million et demi nécessaire à la mise à l’eau de ce bateau.
Résultats : la coopérative Sailcoop a créé 5 emplois à temps plein, embauché 24 skippers, transporté 11 000 passagers en 2024 et réalisé 500 000 euros de chiffre d’affaires. Mais pas que ! Au tableau des performances extra-financières, l’activité de Sailcoop a permis de marquer une réduction de presque 90% de son empreinte carbone, soit 218 tonnes de CO2 évitées.
A ce rythme, la coopérative maritime pense atteindre son point d’équilibre dès 2025 (avec une prévision de chiffre d’affaires à un million d’euros), et un impact régénératif quasi immédiat. « Nous avons déjà démontré que le transport de passagers à la voile est possible, souhaitable écologiquement et viable économiquement », souligne Grégoire Théry, directeur Stratégie et Développement.
Un nouvel appel à souscriptions pour de nouvelles ambitions
Fort de ces résultats, Sailcoop élargit son horizon et projette d’ores et déjà des étapes significatives à son développement. Après une année de consolidation du modèle (en 2025), Sailcoop va lancer la construction d’une seconde navette à voile en vue d’opérer, dès 2026, une nouvelle liaison courte distance. « Le potentiel de passagers à transporter est énorme en Bretagne, et nous souhaitons devenir un acteur incontournable de l’offre maritime, jusqu’à obtenir une délégation de service public« , déploie Grégoire Théry, convaincu de la compatibilité renforcée (et prouvée) entre le modèle économique de Sailcoop et l’urgence écologique.
En parallèle, l’équipe va également étoffer son offre en ouvrant la commercialisation des traversées de l’Atlantique sur des voiliers-cargos partenaires. « Nous allons pour cela ouvrir un site dédié, baptisé Voilà Sailcoop. Cette plateforme numérique réunira l’ensemble de nos prestations et ambitions d’armateur de navettes à voile, promoteur de voyages bas-carbone et Bureau d’études et de conseil sur la décarbonation« , résume le responsable Stratégie et Développement.
Pour financer ce plan d’actions et changer d’échelle, Sailcoop anime une nouvelle campagne de souscriptions, ouverte à tous nouveaux sociétaires. « Après avoir démontré que le transport de passagers à voile est viable, nous souhaiterions lancer dès que possible des études pour concevoir les premiers “paquebots à voile” de grande capacité », projettent les capitaines de Sailcoop, ce laboratoire d’idées mobilisé pour consolider le sillage des possibles.