Soutenu par France 2030, Oxxius entend garder le leadership mondial en microscopie de super résolution

Son domaine de prédilection, c’est la photonique, à savoir tout ce qui a trait aux sciences et aux technologies de la lumière. Thierry Georges, patron d’Oxxius à Lannion, a mis une dizaine d’années à maitriser la miniaturisation des lasers en remplaçant les gaz par des cristaux. Aujourd’hui, à la tête d’une équipe de 65 personnes, il réalise 8 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 70% à l’export. Seule société française à maîtriser ce savoir -faire, Oxxius a bénéficié en 2022 d’un financement d’1 million d’euros de France 2030 dans le cadre du projet LaCio. Objectif : garder le leadership mondial en microscopie de super résolution, tripler la capacité de production et conquérir de nouveaux clients.

« J’ai toujours cru dans la photonique, même après l’éclatement de la bulle télécom. On n’est qu’au début de l’aventure. La photonique est déjà transversale à beaucoup de domaines, je vous garantis que dans 20 ou 30 ans elle sera partout », confie Thierry Georges, tout à la fois CEO d’Oxxius et président de Photonics France*. Il a démarré en 2002 à Lannion sur une idée qui était de développer des lasers à cristaux pour remplacer les lasers à gaz très utilisés dans l’instrumentation optique. « Ceux-ci sont encombrants, à durée de vie limitée et ils consomment beaucoup d’énergie. Nous voulions mettre au point une technologie de lasers à cristaux plus efficace, plus durable, plus compacte, et qui permette la portabilité. » Ce sera chose faite en 2012.

2 000 lasers fabriqués en 2023

Assemblés d’un seul bloc, les modules lasers d’Oxxius sont aujourd’hui produits en série. « Ils comprennent des miroirs déposés directement sur des cristaux. Nous sommes les seuls à savoir faire ces assemblages. » En 2023, la PME aura ainsi fabriqué 2 000 lasers. En croissance annuelle de 20%, son chiffre d’affaires avoisinera les 8 millions d’euros dont 70% à l’export. « Nos lasers haut de gamme sont capables de focaliser sur de minuscules zones.», poursuit le scientifique entrepreneur.  Ses clients sont des fabricants d’instruments d’analyse ou de mesure qui fonctionnent à base de lasers. « Dans les biotechs, par exemple, ils servent à la compréhension du vivant : pourquoi un virus rentre dans telle cellule ? Pourquoi un anticancéreux ne fonctionne pas ? etc. Un microscope à super-résolution qui permet de voir en détail l’intérieur d’une cellule fonctionne grâce à des lasers. » Ce marché des sciences de la vie représente 65% de l’activité d’Oxxius. Son autre grand domaine d’application est la spectrométrie Raman. « Elle offre des avantages tels que la haute précision, la productivité et la flexibilité dans les applications de traitement industriel. La demande est croissante en robotique. » 

 

Aujourd’hui les lasers ont  une source de lumière qui délivre des impulsions ultra brèves, à l’échelle des nanomètres. « Demain, parce que ça existe déjà, il s’agira d’attosecondes, à savoir un milliardième de milliardième de seconde. », poursuit le scientifique entrepreneur.

Bientôt, de nouveaux débouchés

Demain, Thierry Georges imagine des applications dans le numérique avec pourquoi pas les GAFA pour clients : « La tendance croissante à la miniaturisation des appareils électroniques et les progrès technologiques dans les chirurgies dans le secteur médical présentent un réel potentiel. Prenez les smartphones. Ils ont tous une fonction appareil photo. Potentiellement, on peut inclure une optique de 2 à 3 mm de diaphragme qui aura une précision cent fois meilleure qu’un zoom et avec un rendu de même qualité. »  Si le marché mondial de la technologie laser est estimé à 20 milliards d’euros, celui d’Oxxius approche le demi-milliard d’euros.  « L’américain Cohérent est le N°1 dans notre secteur. Après, vous trouvez des acteurs de notre taille. Nous sommes 10 dans le monde à faire ce que nous faisons. » C’est pour garder le leadership mondial en microscopie de super résolution, trouver de nouveaux clients et ne pas voir la technologie s’envoler en Asie, du fait d’une main d’œuvre trop chère, que Thierry Georges s’est lancé en 2021 dans le projet LaCio  (Lasers et Combineurs pour l’Instrumentation Optique).

LaCio un projet à 2 millions d’euros

Oxxius a développé un robot de fabrication qui permet d’assembler un certain nombre d’optiques. « Il dépose, au micron près, les éléments sur la plaque. Un homme n’est pas capable de le faire. On gagne en qualité, en flexibilité, en coût et en volume. Je n’oublierai jamais que les télécoms se sont développées en Occident, notamment à Lannion et qu’avec la bulle internet, de nombreuses étoiles françaises du secteur sont parties en Asie. On ne va pas se faire avoir deux fois ! Avec ce robot, on garde la chaine de valeur en Bretagne et on reste compétitif. » Le projet d’un montant global de 2 millions d’euros a été validé en 2021. Il a bénéficié d’une subvention d’un million d’euros de l’Etat dans le cadre de France 2030, financé par Bpifrance. « C’est une aide précieuse. En industrialisant la production, notre objectif est de tripler notre marché d’ici 5 à 6 ans et recruter. Il y va de la souveraineté nationale des technologies laser. » Une V2 de ce robot est déjà sur les rails.

France 2030 : 18 projets soutenus dans les Côtes d’Armor

L’autre défi pour Oxxius est de trouver un investisseur. Après avoir levé 11,4 millions d’euros en 10 ans, auprès de deux générations d’investisseurs, il lui faut opérer une troisième levée de fonds pour continuer à se développer. « J’avais trouvé un investisseur belge mais en août dernier, le projet a capoté. Bercy a refusé qu’un investisseur étranger entre dans le capital. C’est un an de perdu. D’un côté l’Etat nous aide, mais de l’autre, il nous freine dans notre développement. Ça fait sourire nos concurrents européens », analyse Thierry Georges, qui reconnaît cependant tout le bénéfice de France 2030

Au 31 août dernier, le bilan de France 2030 dans les Côtes d’Armor faisait état de 18 projets financés pour un montant total de 24 millions d’euros dont 19, 8 millions d’euros de subvention. Les montants d’aide s’échelonnent de 51 000 euros à 7 millions d‘euros, et 6 projets ont fait l’objet d’une aide supérieure à 1 million d’euros.

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*Avant de présider Photonics France , Thierry Georges a longtemps présidé la structure bretonne, Photonics Bretagne. Avec plus de 115 adhérents (industriels, organismes de formation et de recherche, et structures d’accompagnement), ce cluster anime et fédère la filière photonique bretonne.

 

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