Apprentie depuis l’âge de 15 ans, Sophie Thomas est aujourd’hui propriétaire de sa seconde boutique de fleurs à Lannion. Tout en enchaînant 70 heures de travail, elle participe activement à valoriser et dynamiser les commerces du centre de SA ville.
« A chaque étape de la vie, de la naissance à l’enterrement en passant par les mariages et les anniversaires, je partage toutes les émotions de mes clients. Fleuriste est un métier de passion mais quand en plus vous l’exercez depuis bientôt 30 ans au sein de la même ville, vous avez tendance à mettre de l’affect partout et le busines passe au second plan, expose Sophie Thomas.
Il y trois ans, à 42 ans, elle a quitté sa précédente affaire, redémarré à zéro en rachetant la Pergola, enseigne située à l’entrée du centre-ville de Lannion.
Membre du conseil d’administration de « Lannion Cœur de Ville »
Quatre fleuristes se partagent le marché, mais la seule concurrence que la fleuriste redoute vraiment est celle d’Internet. « Ici, au centre de Lannion, nous nous en sortons plutôt bien puisque la vacance des locaux commerciaux atteint 9 % contre 32 % à Saint-Brieuc. Je crois beaucoup au travail en harmonie avec tous les commerçants pour peser dans les décisions, agir pour le mieux de tous et défendre des intérêts communs. C’est en nous organisant solidairement que nous pourrons mieux lutter contre la désertification du centre-ville. »
Cette conviction, elle la partage avec une centaine d’autres commerçants engagés comme elle dans « Lannion Cœur de Ville », l’association de l’Union des commerçants. Leurs actions pour garder vivant le petit commerce passent par des évènementiels comme « La nuit des soldes », des défilés de mode, l’implantation d’un terrain de tennis en plein centre ou encore un entrainement sportif tous les dimanches matins au départ du centre-ville. Dernièrement, une campagne de communication mettant en avant la jeune génération a été lancée pour valoriser les cellules commerciales vides. Mais l’action dont elle est la plus fière a été l’obtention auprès de la mairie de la gratuité des parkings dès 16h30 tous les jours.
2014, acquisition de la Pergola
Originaire de Ploubezre à 5 km de Lannion, elle aime à souligner qu’elle n’a jamais bougé et qu’elle ne quittera jamais la capitale du Trégor. «J’ai grandi ici, je connais tout le monde, c’est comme si je travaillais en famille». Si la chaussure a été sa première voie, très vite, à 16 ans, elle entre en apprentissage chez une fleuriste. Elle découvre ce métier qu’elle définit comme « créatif et technique », pour lequel elle se passionne rapidement, en précisant bien: « Je suis artisan avant d’être commerçante ».
Au bout de 18 ans de salariat, elle achète sa première affaire qu’elle garde 10 ans. En 2014, l’opportunité de racheter la Pergola, le plus ancien commerce de fleurs de la ville se présente. « C’était MA chance pour rebondir et me constituer un patrimoine, mais avec comme contreparties, de lourds sacrifices financiers et plus encore familiaux. M’engageant pour 20 ans, je n’ai pris ma décision qu’après le feu vert de mes enfants. Aujourd’hui, je déborde d’énergie ! »
A la voir préparer ses roses en vue de la prochaine fête des mères, on la croit sur parole. «C’est la spécialité de la maison, en période de fête, je peux en écouler jusqu’à 3 000 contre 800 en moyenne/semaine sur l’année ».
Investie dans de nombreux réseaux
Epaulée par deux salariés et bientôt une apprentie, elle enchaîne 70 heures de travail hebdomadaire n’hésitant pas à livrer ses clientes les plus fidèles ou à entretenir les tombes de leurs parents. «J’en connais certaines depuis 30 ans alors, impossible de faire autrement ! Sans compter que le service ne cesse de se personnalise».
A 19 h, le rideau baissé, elle s’en va souvent participer à une des réunions des associations au sein desquelles elle est engagée : Lannion Cœur de Ville mais aussi Les Vitrines du Trégor qui a mis en place des chéquiers cadeaux à dépenser chez les commerçants du centre-ville ou encore le club des entreprises de Lannion. « C’est essentiel pour faire vivre le centre-ville et développer le commerce. Les comités d’entreprise sont par ailleurs des clients potentiels avec qui je souhaite travailler. Je dois donc aussi m’investir dans de tels réseaux, conclut Sophie Thomas, convaincue qu’il faut aller chercher le client pour continuer à exister et agir collectivement.