Journée d’effervescence dans les allées de la pépinière Roué. Les plantes et compositions florales sont préparées pour être embarquées et conduites sur le port de plaisance de Roscoff Bloscon, où est installé le village d’animation de la Solitaire du Figaro Paprec, course au large qui fera escale pendant quatre jours en baie de Morlaix. A la manœuvre de cet événement, la CCI du Finistère a réuni plusieurs entreprises partenaires, dont Roué Pépinière qui fleurit chaque organisation d’escale finistérienne de cette course à la voile mythique.
Cette année encore, les pépiniéristes sont sur le pont pour embellir l’évènement et le village qui sera inauguré ce mercredi 10 septembre. « Nous sommes des partenaires historiques, présents depuis la première édition », rappelle Thomas Roué, co-dirigeant avec son frère Olivier de l’entreprise familiale, créée en 1973 par leurs parents et un couple d’amis, les Cadiou. Les frangins l’ont reprise en 2003 en poursuivant les sillons tracés par leurs aînés : indépendance, innovation et convivialité.
Plus d’1 million de plantes par an
En plus de cinquante ans d’existence, Roué Pépinières nourrit une renommée qui rayonne en Europe et au-delà, grâce notamment à sa collection de camélias dont l’entreprise est devenue une fine connaisseuse et vendeuse. « C’est notre spécialité qui réunit des passionnés issus de toute l’Europe », explique Thomas qui ne manque jamais un voyage, en Chine en l’occurrence, pour élargir cette collection de plantes cultivées dans le berceau de l’entreprise familiale, à Plouigneau près de Morlaix.
Au total, plus de 2000 variétés sont bichonnées sur les quinze hectares qu’entretient la pépinière finistérienne, laquelle produit chaque année plus d’un million de plantes d’ornement. Cette année comme l’an passé, l’entreprise indépendante boucle un chiffre d’affaires de 4.6 millions d’euros. La clientèle professionnelle reste le principal marché (+85%) : Roué Pépinières travaille avec plus de 500 jardineries et point de vente en France, « de Brest à Strasbourg et de Lille à Nice« , pointe Thomas Roué sur l’Hexagone.
Le pari réussi de la vente en ligne
La vente en ligne complète les canaux de distribution. Balbutiante jusqu’en 2020, elle décolle avec la crise sanitaire et ne cesse de se renforcer (10% des ventes). L’entreprise familiale a même dû boucler une levée de fonds pour financer un nouveau site internet, une boutique en ligne performante, la logistique inhérente et la pérennisation d’un emploi de communication. Résultats : l’e-commerce croît de 30 à 40% par an et touche des clients en Belgique, Allemagne, Portugal, Italie, etc.
En veille sur le développement des marchés, Roué Pépinière inaugure un nouvel axe de vente : celui des marchés publics et des paysagistes urbains. « La tendance favorisant la (re)végétalisation des bourgs, centres-villes, cours d’école et autres espaces publics, nous répondons à de plus en plus d’appels d’offres en ce sens », souligne Thomas Roué qui voit là un effet corollaire au réchauffement climatique. Lequel leur joue sinon des mauvais tours entre les fortes tempêtes à l’instar de Ciaran qui a détruit 20% de leur outil de travail il y a deux ans, et les épisodes de canicule qui font chuter les ventes en été. « Passionnés par nos métiers, nous restons agiles. Avec l’innovation comme moteur, nous travaillons à la création de nouvelles variétés, adaptées aux nouvelles conditions.« Depuis plusieurs années, Roué Pépinières est aussi obtenteur, c’est-à-dire à la recherche et l’origine de nouveaux plants favorisés par l’hybridation. A date, la pépinière finistérienne est titulaire de deux brevets attestant la création de deux variétés, dont la bruyère d’hiver Eva Gold.
Ancrée dans son territoire, largement connue et reconnue, la pépinière familiale Roué, qui emploie une trentaine de salariés, continue de tirer des bords pour gagner la course de la passion et l’innovation sur l’océan de la végétalisation ornementale.