Quanteo (22) accélère son expansion avec la fusion des données

Dans cinq ans, Christophe Milon sortira du capital de Quanteo et laissera le soin à son équipe de continuer l’aventure, en toute autonomie. En 25 ans, le groupe, basé à Lannion, est devenu l’un des tous premiers acteurs mondiaux du comptage des personnes, via deux sociétés. D'un côté, la structure Eco-Compteur, représentant environ 80% de l’activité et de l'autre, Quantaflow. Le groupe Quanteo, qui vient de franchir le seuil des 200 salariés, table sur un chiffre d’affaires de près de 28 millions d’euros en 2023 dont 68% à l’international. Sa recette pour continuer à prospérer : un management collaboratif et le déploiement accéléré de la data fusion.  

« On connaît une croissance annuelle ininterrompue d’au moins 10% depuis la création du groupe en 1998. Il en sera de même en 2023, après avoir enregistré une activité exceptionnelle en 2022 : + 18% versus 2021. Cette dynamique nous amène à franchir cette année la barre symbolique des 200 salariés. », rapporte Christophe Milon fondateur et CEO de Quanteo à Lannion. Le groupe est constitué de deux filiales. Eco-compteur, présente dans 50 pays, aujourd’hui leader mondial dans le comptage des piétons et des cyclistes, propose des solutions d’analyse de flux en ville et sur les sites touristiques. Quantaflow, dont le siège est à Issy-les-Moulineaux (92) est experte dans l’analyse des flux de visiteurs des centres commerciaux et des établissements recevant du public. « Nous équipons plus de la moitié des centres commerciaux en France, soit environ 450 points de ventes. A 11h, le jour de l’ouverture des soldes, nous sommes par exemple en mesure de donner la tendance de ce qui se passe en France. »

6 000 sites équipés dans le monde

Le chiffre d’affaires consolidé du groupe s’élevait en 2022 à 24,7 millions d’euros. Il s’approchera des 28 millions en 2023, dont 80% pour Eco-Compteur qui profite pleinement de l’essor du vélo tant pour les déplacements urbains que ceux liés aux activités touristiques. « Au global, toutes activités confondues, nous équipons près de 6 000 sites dans le monde dont un tiers en France. Par exemple, en 2023, nous avons décroché le marché de la ville de Montpellier. » Ça se traduit pour l’entreprise par l’installation de huit afficheurs en temps réel du nombre de passages de vélos, trottinettes et piétons.

Parmi les autres sites équipés, citons le Mont Saint-Michel, l’itinéraire de la Loire en vélo, la Métropole de Lille pour leur Réseau Express Vélo, les villes de New-York et Sydney, les parcs naturels de l’Alberta au Canada, ceux autour de Rio ou encore la ville de Vejle au Danemark à l’occasion du départ du tour de France. « Sur les cinq zones monde où nous sommes présents, la croissance est dans l’ensemble homogène, même si l’Amérique du Nord pousse fort. » Etats-Unis, Allemagne et France restent les trois plus gros marchés d’Eco-Compteur. L’entreprise travaille notamment avec 47 des 50 premières villes américaines.

Le tourisme à pied ou à vélo, une tendance lourde

De plus en plus de vacanciers optent pour le voyage itinérant à vélo et les pistes cyclables et autres voies vertes se développent fortement. « Elles entraînent dans leur sillage le développement de nouveaux services, notamment en termes d’hébergement et restauration, avec des retombées économiques pour les territoires .» Il y a aussi un enjeu d’ordre écologique et environnemental lié au sur-tourisme. « La pression touristique sur certains sites est telle que les collectivités sont de plus en plus enclines à mesurer le flux des visiteurs. Il s’agit de préserver les espaces naturels et touristiques et éviter qu’ils ne soient fortement dégradés sous l’effet de l’érosion. » A l’image du sentier des douaniers à Perros-Guirec où l’entreprise a installé ses premiers compteurs. « Ils sont disposés dans des parties rétrécies du sentier afin de faciliter le comptage. En 2023, le nombre de passages se rapproche du million. »

La data fusion et l’IA, enjeux majeurs

L’entreprise lannionaise est de plus en plus investie dans la combinaison et l’analyse des données quantitatives et qualitatives à travers différents partenariats. « Au-delà du simple comptage, nous analysons le volume, l’origine et la destination des touristes français et étrangers, les nuitées réalisées, la fréquentation d’événements et les flux de mobilités entre les zones grâce aux données issues des opérateurs téléphoniques ou des applis.» Ce nouveau saut technologique est le fruit de partenariats technologiques comme celui mené avec Orange Flux Vision. La plateforme combine les données mobiles obtenues par géolocalisation et les données quantitatives enregistrées par Eco-Compteur sur chaque territoire. « On agrège des données émanant de sources différentes pour affiner nos indicateurs. Notre avenir passe par des complémentarités de business et de technologies. » C’est en s’appuyant sur ces outils que l’entreprise fournit à la Commission des Monuments américains de bataille (ABMC en anglais), le nombre et l’origine des visiteurs pour chacun de ses cimetières et monuments commémoratifs en France, soit une dizaine de sites.
« Grâce à nos caméras qui embarquent de l’intelligence artificielle, nous pourrons aussi distinguer parmi les cyclistes, les sportifs des familles avec enfants. Nous identifions également les zones de danger pour les cyclistes en calculant le nombre d’accidents évités par un freinage d’urgence par exemple ».

Transmission partielle aux salariés

Avec 200 salariés dont 120 employés à Lannion, Christophe Milon entend bien continuer à se réinventer et inscrire son entreprise dans le très long terme. Lui qui s’est tourné dès 2016 vers l’holacratie, un mode de management où l’autorité et la prise de décision échoient aux salariés, achève une opération de transmission partielle du capital de Quanteo à 23 des cadres dirigeants et aux salariés. « Nous avons également créé un FCPE en France et son équivalent à l’international pour que chaque salarié qui le souhaite puisse devenir actionnaire. Cette opération est accompagnée par deux fonds tricolores, Siparex Entrepreneurs et Bpifrance. Il y aura également un fonds de dotation abondé par moi-même, pour aider managers et salariés à obtenir la majorité. J’aurais alors 63 ans. J’ai monté et fait grandir cette entreprise avec eux. Je veux leur laisser l’autonomie de continuer cette histoire. Leur plus grand défi sera de choisir les bons partenaires pour accompagner les prochaines étapes de croissance du groupe », conclut-il.

 

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