Les algues bretonnes, Pi Nyvall-Collen les connaît par cœur. Originaire de Suède, celle qui est aujourd’hui directrice scientifique d’Olmix Group est arrivée en Bretagne en 2001 comme post-doctorante. Elle a alors travaillé une dizaine d’années sur des projets autour des algues à la Station biologique de Roscoff, “l’un des centres européens de recherche les plus connus”, souligne la scientifique. Elle est naturellement arrivée chez Olmix, dans le cadre du projet Ulvans qui, en 2012, visait à créer une filière de valorisation des algues vertes. Ce projet faisait suite à l’innovation majeure qui a porté la croissance d’Olmix : la découverte, en 2004, de l’Amadéite. Ce nouveau biomatériau hybride (association de polysaccharides d’algues et d’argile), breveté, a marqué une véritable rupture technologique dans le monde de la chimie verte.
Jusqu’à 10 000 tonnes d’algues collectées
“Le projet Ulvans, très novateur, a permis de mettre en place une station de prétraitement des algues à Plouénan et une bioraffinerie à Bréhan pour, à partir des algues vertes, développer différents produits et valoriser totalement la biomasse”.
Ce sont ainsi entre 5 000 et 10 000 tonnes d’algues (vertes l’été, rouges l’hiver) qui sont ramassées en Bretagne et sur les côtes vendéennes. Dans les 48 heures après leur collecte, les algues sont traitées à la bioraffinerie de Bréhan et permettent d’obtenir des produits semi-finis à partir desquels sont élaborées les gammes de produits Animal Care et Plant Care.
réduire l’usage des antibiotiques dans les élevages
“Les algues ainsi transformées permettent d’améliorer la nutrition et par conséquent la santé animale et végétale”, résume Pi Nyvall-Collen. En effet, les produits Animal Care ont démontré leurs bénéfices : administrés en prévention ou pour stimuler le système immunitaire des bêtes, ils ont aussi des effets pour améliorer la digestion des lipides chez certaines espèces. “On remarque aussi que les élevages qui utilisent nos programmes “Merci les algues !” et que nous accompagnons (avec des audits et des préconisations) ont moins recours aux anti- biotiques. Ainsi, en élevage conventionnel de dinde, là où avant on avait 20 % des animaux qui ne recevaient pas d’antibiotiques, on arrive à seulement 5 % d’animaux qu’il est nécessaire de traiter avec les antibiotiques.” Après le projet qui, en 2017, a permis de démarrer la production sans antibiotique de dinde, en partenariat avec la Trinitaise, des programmes similaires voient le jour sur d’autres types de volaille mais aussi le porc et les œufs identifiables grâce à la marque “Merci les algues”.
De la fourche à la fourchette
Pour la partie végétale, avec les produits Plant Care, de nombreuses expérimentations ont également été lancées, notamment auprès de la filière blé en incluant les agriculteurs mais aussi les minotiers. Les premiers résultats démontrent la possibilité de produire de la farine issue de blé cultivé sans recours aux insecticides et fongicides. Au bout de la chaîne, se trouvent les consommateurs à qui doivent profiter toutes ces avancées permises par les algues. En effet, dans la vision d’Hervé Balusson, fondateur d’Olmix, il s’agit, grâce au travail sur les algues, “matière première au potentiel insoupçonné”, de “contribuer à nourrir durablement neuf milliards d’humains à l’horizon 2050”. “Le moteur d’Olmix, c’est bien lui. Il travaille beaucoup dans la démonstration”, apprécie la scientifique. Et ces démonstrations ne se font pas que dans les labos ! Ainsi le Groupe a-t-il ouvert une boucherie “Merci les algues !” à Pontivy et un restaurant “Merci les algues !” à Bréhan pour démontrer aux consommateurs finaux les bienfaits des algues dans leur alimentation.