Si le siège de l’entreprise est basé au Zoopôle de Saint-Brieuc, essentiellement tourné vers la santé animale, c’est en en matière de nutrition humaine, et plus précisément de nutrition-santé, que Nutraveris a bâti son expertise. Chaque année, elle développe une trentaine de produits pour les laboratoires pharmaceutiques, cosmétiques ou les entreprises agroalimentaires. « Nous répondons à leurs attentes, d’abord sur un plan scientifique en créant une formule spécifique, puis sur un plan réglementaire en s’assurant que le produit sera autorisé dans les pays de distribution », résume Cédric Bourges. La dernière née : une ligne innovante pour le laboratoire Darégal Santé, leader des herbes aromatiques surgelées. L’idée : puiser dans ses cultures des principes actifs ayant des applications en termes de digestion, détente, beauté, minceur et vitalité. Un processus très long, puisqu’il a duré plus de 3 ans ! « Avant de créer nos propres formules, nous avons recherché dans leurs herbes les meilleures plantes et les meilleurs actifs soutenant des activités scientifiquement prouvées. Le concept étant d’utiliser leur technologie, la surgélation, afin de garantir l’intégrité de ces principes actifs, plutôt que de sortir des ampoules ou des comprimés ». A base de guarana, safran, pissenlit ou autres, les produits sont soumis à 3 conditions : ils doivent être efficaces sans poser de problèmes de sécurité, répondre à la réglementation des différents pays, s’adapter en termes de développement industriel et de prix. « Dans le cas présent, nous voulions faire une boisson surgelée dans un berlingot. Il nous fallait donc des ingrédients solubles dans l’eau avec une belle couleur, une bonne odeur, etc. Par ailleurs, nous visions un circuit sélectif non concerné par ce type de produits jusqu’à présent, l’enseigne Picard », explique Cédric Bourges. Menées en parallèles, les parties réglementaires et scientifiques sont gérées par une équipe de 15 personnes (expert juridique, pharmacien, docteur en physiologie, ingénieurs, etc.). La difficulté du projet : démontrer la qualité des actifs une fois surgelés. Pendant près de 9 mois, des tests ont été effectués à différentes températures et taux d’humidité, suivis d’analyses hebdomadaires. Du temps, mais aussi de l’argent, sachant que chaque point d’analyse coûte 200 euros par actif. Puis vient le temps de l’industrialisation qui réserve souvent, pour ne pas dire toujours, des surprises sur la chaîne de production : manque de fluidité, berlingot de travers, couleur trop soutenue… « C’est une phase cruciale et très lourde car ce n’est jamais gagné d’avance ; avec le risque de ne pas réussir ou de sortir trop tard par rapport aux concurrents ».
De sérieuses promesses
Depuis février dernier, la gamme est enfin à disposition des consommateurs. Le dossier scientifique validant les études a été approuvé par l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, et les allégations santé ont été autorisées. « Depuis 2007, le nouveau règlement européen sur les allégations est à la fois une menace pour les entreprises et une opportunité sérieuse sur le marché, indique Cédric Bourges. Les promesses autour des produits doivent désormais être prouvées scientifiquement. On ne peut plus revendiquer la vitalité ou l’amaigrissement sans avoir réalisé une étude validée par l’EFSA ». Ainsi, sur 1,6 million de chiffre d’affaires réalisé en 2009, 40% correspondent à des études cliniques pour des dossiers d’allégation, 40% à des dossiers réglementaires pour enregistrement dans différents pays et 20% à des process complets de formulation et de mise sur le marché. « En nombre, nos clients sont de loin l’industrie pharmaceutique habituée à ces produits, relève Cédric Bourges. L’industrie agroalimentaire est beaucoup plus frileuse, car les marques ne veulent pas courir de risques sur l’image de leurs produits. Elles réalisent donc de très fortes analyses marché, quantitative, qualitative… avant de lancer un concept. Mais en termes de chiffre d’affaires elles sont importantes car leurs projets sont plus longs et plus complexes. Par ailleurs, si nos clients comme Danone ou Nestlé disposent de leurs propres laboratoires, ils savent que nous travaillerons plus vite car notre structure est plus légère et réactive ». En France comme à l’international (20% de son CA), peu d’acteurs à l’envergure suffisante existent sur ce marché. Une réelle opportunité que Nutraveris compte bien saisir.
Véronique Rolland
_ N° 201 juin juillet 2010