Nanovia (22). La petite boîte bretonne qui fait impression avec son plastique virucide

Nanovia : ce nom ne vous dit rien ? Nichée à Louargat dans les Côtes d’Armor, cette petite entreprise est pourtant pionnière dans l’impression 3 D. Depuis 2014, elle fabrique des consommables pour ce marché en croissance de 20% par an. Japon, Etats-Unis, Australie…Nanovia vend ses matériaux, sous forme de filaments mais aussi de granulés plastiques aux quatre coins du monde. Son équipe de R&D vient de mettre au point un matériau qui détruit les virus en 2 heures. Certifiée et brevetée, cette invention intéresse de nombreux secteurs de l’industrie et du paramédical. Rencontre avec Jacques Pelleter, créateur et dirigeant de Nanovia.

Chimiste de formation, Jacques Pelleter a démarré sa carrière dans le secteur pharmaceutique, au centre de recherche d’AstraZeneca à Reims. Dans les années 2010, le Groupe ferme un grand nombre de sites français et licencie dans la foulée quelque 6 000 salariés. « A 42 ans, plusieurs options s’offraient à moi. J’ai décidé de reprendre une entreprise. Le hasard a fait que je suis tombé sur Capivia, à Paimpol, une petite unité de fabrication de produits d’hygiène et de nettoyage (détergents, produits biocides, désinfectants…) qui comptait à l’époque 2 personnes ». Convaincu du potentiel de l’entreprise, il la rachète en 2011. C’est également un retour aux sources, ou presque, pour ce dirigeant, originaire de Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère.

 

Précurseur dans l’impression 3D

Désormais à la tête de Capivia, il démarre en parallèle des travaux de recherche sur les différents plastiques nécessaires à la fabrication additive, plus connue sous le nom d’impression 3D. « Nous avons été parmi les premiers en France à nous lancer dans cette activité. Aujourd’hui, elle est en pleine expansion. Nous avons travaillé sur des charges de carbone et en quelques mois nous avons réussi à mettre au point des formulations adaptées à l’impression 3 D. C’était parti ! » Nanovia voit le jour en 2012 et commence avec deux plastiques standards couramment utilisés en impression 3D (PLA et ABS). Aujourd’hui, sa gamme compte 35 références différentes composés de deux à cinq ingrédients, comme de la poudre de coquilles d’huîtres. « Nous avons pu nous développer et mettre au point tous ces matériaux grâce à notre collaboration avec le Laboratoire d’ingénierie des matériaux installé au sein de l’Université de Bretagne Sud (UBS). Nous n’aurions pas pu faire toute cette R&D sans le soutien d’Yves Grohens son directeur, et fournir de grandes marques comme PSA, Rossignol, Thales, Safran, Naval group, etc… »  

 

Des formulations développées en interne 

Installée à Louargat, entre Saint-Brieuc et Morlaix, dans un site de 1 200 m² entièrement sécurisé, Nanovia réalise un chiffre d’affaires de plus d’1 million d’euros dont 30 % à l’export. « Aujourd’hui, nous sommes présents partout dans le monde : France et Europe, mais aussi Australie, Japon, États-Unis, Finlande… ». L’entreprise emploie une dizaine de salariés dont Erwan Leneveu, un ancien élève de l’UBS, devenu le responsable de la recherche et développement.  « Le grand public n’en a pas forcément conscience, mais, dans l’industrie et les PME, l’impression 3D est une technique de fabrication totalement rentrée dans les mœurs. C’est un bon moyen de construire rapidement des pièces techniques, et moins chères ». 

Aéronautisme, orthopédie, industrie navale, défense, sports et loisirs… Les filaments imaginés et produits par la PME sont utilisés par de nombreux secteurs industriels. Ils sont constitués de plastiques renforcés par des fibres de carbone, par des fibres de lin ou garantis sans perturbateurs endocriniens : « des recettes mises au point en interne, qui nécessitent énormément de développement », précise le dirigeant. « Notre secret, c’est la formulation et la maîtrise du process. Il y a dix ans, les techniques que nous utilisons aujourd’hui n’existaient pas. Il faut toujours innover»

 

Les filaments sont livrés sur des bobines allant de 500 g à 50 kg, pouvant représenter près de 20 km de filaments. « Aujourd’hui, nous fabriquons sur nos trois lignes de production un peu plus de 60 kg de filaments par jour, soit 20 tonnes par an. On produit aussi des matériaux sous forme de granulés destinés à l’injection et au thermoformage. »

 

Un plastique qui détruit les virus en moins de 2 heures

Fin 2020, Nanovia a mis au point un matériau virucide qui élimine toute charge virale en moins de deux heures après le contact de sa surface. Le tout sans nettoyage. Sa particularité ? Il est certifié virucide selon la norme Iso 21702 sur le virus humain H1N1 dont la structure est similaire à celle de la Covid-19. « Nous l’avons développé en deux mois, grâce au concours de la Région Bretagne. Ce sont des complexes de sels métalliques incorporés dans les matériaux qui détruisent les virus.  Lors de nos tests, au bout de deux heures, 98,7 % de la charge virale avait disparu et 99,9 % au bout de quatre heures. Nous sommes les seuls en France à proposer un produit testé selon cette norme Iso. »  Les applications qui en dérivent sont phénoménales. Ce nouveau matériau peut être utilisé pour protéger du matériel médical, des poignées de porte, des terminaux de paiement ou encore des coques de téléphone. « Nous souhaitons désormais obtenir les certifications bactéricide et fongicide », souligne Jacques pelleter qui pense, dans un premier temps, produire 5 tonnes par an de son nouveau filament. « Il sera également fabriqué sous forme de granulés pour des grandes séries», précise Jacques Pelleter.

De nouveaux matériaux pour l’impression 3D sont dans les tuyaux, chargés en métaux et en céramique, avec à la clé de nouveaux brevets. Rien ne semble arrêter Nanovia qui par ailleurs vient de faire son entrée au sein du cluster Eden (European Defense Economic Network). L’occasion pour Jacques Pelleter de se rapprocher un peu plus des grand donneurs d’ordre issus du secteur de la défense et dont le Vice-président, n’est autre que Robert Glémot, installé lui aussi dans le Trégor à Lannion.

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