Ce matin-là, le camion de livraison ne démarre pas. Qu’à cela ne tienne, Stéphane Labbé, directeur général de l’entreprise Lorflam, donne son accord pour en louer un afin d’honorer l’ordre de mission du jour : récupérer les palettes qui ont servi à la livraison des poêles et inserts de chauffage que l’entreprise lorientaise vend à son réseau de distributeurs. Elles seront réemployées en interne. « Ce service est nouveau et inscrit au planning de l’équipe commerciale et logistique », souligne Stéphane Labbé, engagé dans une politique RSE à 360°.
Mobilisé sur la performance de combustion des appareils que son entreprise élabore, dessine, améliore, le dirigeant a souhaité élargir cette maîtrise de l’impact à tous les services. « Depuis 2008 et plusieurs renforcements du laboratoire R&D par Fabien Balay directeur technique, Lorflam conçoit des produits neutres en émission de gaz à effet de serre. On avait envie d’aller plus loin et d’améliorer l’ensemble de nos process et de nos interactions, qu’elles concernent la qualité de vie au travail, la mobilité, la gestion des ressources, le cycle de vie des produits », explique l’ingénieur-manager de formation.
Un parcours RSE conseillé par la CCI
En février 2023, Stéphane Labbé sollicite la CCI du Morbihan pour réaliser un audit RSE. « Plusieurs rencontres avec le dirigeant et des personnes ressources de l’entreprise ont permis de dresser un diagnostic général qui couvre la gouvernance, les conditions de travail, les pratiques économiques, la gestion des ressources, le flux des déchets…« , détaille Laura Piveteau, conseillère entreprise RSE à la CCI du Morbihan. Le plan d’actions élaboré, conjugué à la forte volonté du codir d’inscrire la RSE dans la stratégie de l’entreprise, conduit à la création d’un poste « chargé de mission RSE » au sein de la PME. Formé au management de la transition écologique et solidaire, Tanguy Georget est embauché, en contrat d’alternance, depuis septembre 2023. « Mon rôle est d’identifier, d’initier et de coordonner diverses actions qui toutes convergent vers la diminution de l’impact de l’entreprise et l’amélioration de la qualité de vie au travail« , explique la recrue, enthousiasmé par cette reconversion professionnelle. « L’arrivée de Tanguy nous a permis de nous mettre en action de façon structurée« , enchérit Stéphane Labbé.
Premier chantier abordé : l’audit déchets. « Au-delà du tri, nous avons mis en place de nouveaux flux centrés sur la réduction et le réemploi. » C’est ainsi qu’est née l’idée de récupérer les palettes bois afin de les réutiliser pour de futures livraisons, de transformer les emballages carton en parois de protection lors du chargement des produits, etc. Autant de changements de pratiques qu’il a fallu accompagner. Depuis son arrivée, Tanguy s’est également attelé au plan mobilité, favorisant le covoiturage, les transports en commun et le vélo. « L’entreprise a acquis des vélos électriques de fonction. » Six collaborateurs ont d’ores et déjà adhéré à l’initiative. Le bilan carbone de l’entreprise est également en cours d’élaboration.
Le choix de la combustion avec accumulation
« Cette mobilisation collective autour d’actions durables booste l’implication et la motivation des collaborateurs« , souligne Stéphane Labbé, directeur général depuis 2014. « Nos data RSE guident la stratégie ; demain, elles pourront orienter le choix de nos produits et donc notre voie de développement. »
Pilote d’un groupe de travail élargi sur la normalisation européenne des appareils de chauffage, Stéphane Labbé est passionné par la combinaison matériaux/performance/impact. « Nous avons toujours cherché à optimiser la combustion des appareils de chauffage que nous concevons. C’est à la fois notre obsession et notre différenciation », rappelle le dirigeant de Lorflam, propriétaire de plusieurs brevets en la matière. Ainsi, l’atelier lorientais accentue la production et la vente de poêles dits semi-masse ou à accumulation de chaleur. « Leurs technologies combinées à l’habillage de pierres d’accumulation permettent d’allonger la durée de restitution de la chaleur. C’est l’avenir et la solution pour une meilleure gestion de la ressource bois et un moindre impact sur l’environnement. »
Elargir l’écosystème
En 2023, Lorflam a vendu 9 000 poêles et inserts en France, pour un chiffre d’affaires record de 16,5 millions d’euros. La PME connait une croissance constante depuis 2020. « Depuis trois ans, on assiste à un véritable engouement pour la bûche en France, jusqu’à devenir un enjeu pour la gestion des forêts. Nous avons un contrat moral : continuer à améliorer nos produits pour diminuer leur impact », est convaincu Stéphane Labbé, également engagé au sein du syndicat national des énergies renouvelables et intéressé pour partager ses questionnements avec les élus de la CCI du Morbihan. « La RSE, c’est aussi élargir son écosystème et nourrir l’intelligence collective afin d’accélérer les transitions. »